Lali

25 octobre 2009

En vos mots 133

Filed under: Couleurs et textures,En vos mots — Lali @ 8:00

klein-anita-22.jpg

Les personnages peints par l’artiste Anita Klein rêveraient-ils de s’envoler vers ailleurs? A moins qu’ils ne soient tout simplement que de grands enfants amoureux pour qui la planète est un immense terrain de jeu?

C’est ce que nous saurons dans sept jours alors que je validerai en bloc vos poèmes, nouvelles, courtes phrases et citations. Dans sept jours et pas avant puisque tel est le fonctionnement d’En vos mots où chaque dimanche une toile représentant des lecteurs et des lectrices, des scènes livresques ou des personnages en train d’écrire, vous est offerte. Afin que vous la racontiez, à votre manière, en toute simplicité, sans savoir ce que d’autres ont pu écrire.

Que l’inspiration soit au rendez-vous et bonne semaine à tous!

8 commentaires »

  1. -Tu me sembles très heureux, Stéphane?
    -Oh oui, je le suis Cécile! Figure-toi que j’ai passé plusieurs soirées à monter cette maquette et c’est la première d’une grande série. Hier, il m’est venu une idée. Puisque la pièce du premier étage est presque vide, j’ai l’intention de l’aménager joliment pour en faire un espace attrayant. On pourrait placer un divan dans l’angle et suspendre de jolis rideaux. Ce n’est pas tout! Au milieu, je souhaite créer deux pistes d’atterrissage, des hangards, des voitures enfin tout ce que l’on voit sur les pistes. Pour cela, il me faut encore du temps.
    Es-tu d’accord Cécile?
    -Bien entendu chéri! Et je choisirai la couleur des rideaux. Le canapé de ma grand-mère est en bon état, il fera très bien l’affaire. J’y ajouterai aussi une ou deux lampes.
    -J’étais certain que tu m’aiderais…Je suis le plus heureux des maris et des pères.

    Tu sais Cécile, une année passe très vite et ce travail est très minutieux. Il faut que tout soit prêt pour les cinq ans de Lucas. Comme je me réjouis de voir l’émerveillement sur le visage de notre fils. Il te ressemble tant mon amour, comme toi, il est gai comme un pinson. Lorsque je vois vos sourires, j’ai des ailes et le matin, je pars travailler le cœur heureux.

    Nous n’avons pas toujours eu les moyens d’offrir des jouets à Lucas mais maintenant que mon emploi me le permet, nous lui offrirons un très bel anniversaire avec nos familles et ses cousines et cousins.

    Pendant mes congés, je pourrais jouer avec lui. Et pour toi, Cécile, je vais te construire une bibliothèque afin que tu aies des livres aussi au premier étage. Ainsi, tu seras près de nous.

    Cécile écoutait son époux avec beaucoup de tendresse tout en se disant que c’était le plus merveilleux des hommes.

    Comment by Denise — 30 octobre 2009 @ 12:08

  2. Depuis quelques longues minutes qu’Antoine regarde le jouet du petit Philippe, le fils de sa deuxième compagne, perdu dans ses pensées. Le plus inquiétant est que, malgré son regard pensif, voire perdu, on ne pouvait trouver en lui une quelconque émotion. Pas la moindre étincelle qui puisse expliquer son mutisme.

    Certes, Myriam s’était déjà habituée quelque peu à ses longs silences, mais, parfois cela devenait intrigant. Quelquefois gênant. Comme toute la journée où Antoine, après être rentré à midi, avait parlé de façon économe. Comme s’il avait dépassé le nombre de mots qu’il s’était fixé… Elle n’était pas curieuse d’habitude, mais des fois… Il fallait vraiment se faire violence.

    D’ailleurs, les hommes de sa vie l’avaient tant déçue qu’elle avait appris à s’inquiéter très peu de leurs bizarreries comme elle les appelait. Toujours pleins de mystères, suivis d’un « ce n’est rien » désinvolte, chaque fois qu’on s’intéressait de savoir ce qui se passait.

    Avec Antoine c’était différent pourtant. Il était attentionné. Il l’aidait dans la maison, avant de se laisser aller des longues heures à la lecture. Il écrivait parfois quelques lignes qu’il finissait par oublier au fond d’un tiroir, sans jamais l’inviter à les lire. Elle aurait préféré qu’il lui en parle, mais elle se disait que c’était son secret. Une espèce de plaie intime qui un jour ou l’autre finirait bien par saigner. Cette douleur qu’il portait en lui d’être la cause de l’accident de voiture où sa femme avait péri et où sa fille Teresa, tombée à l’eau, n’avait jamais été retrouvée. Voilà deux ans.

    Pour ne pas le faire souffrir davantage, Myriam ne posait jamais de question. Ni sur ses grands silences. Ni sur ses matins d’absence, où quelquefois il s’éveillait avec des larmes pendues à son regard, qui faisait peine à voir.

    De son passé il n’avait laissé échapper que quelques feuilles, comme les arbres au début de l’automne, sans jamais se dénuder. Probablement par pudeur. Ou pour ne pas souffrir. De toute manière, Myriam qui avait connu des hommes jusqu’à en avoir des balafres profondes dans son âme, savait qu’Antoine était un homme bon.

    Puis, son petit Philippe l’adorait et c’était l’essentiel. Il n’était pas comme un père pour son fils. La frontière était bien définie. Philippe connaissait bien son père avec qui et de qui il parlait très peu. Par contre, il assaillait Antoine de questions et lui racontait, à chaque retour d’école, toutes ses aventures. Même que quelquefois Myriam se sentait un peu délaissée par son propre fils, tellement la place d’Antoine semblait être si importante.

    Elle remarquait chez Antoine un bonheur indéfinissable quand il parlait avec Philippe. Un souci de jamais changer le ton de sa voix. De ne jamais être ambigu dans ses phrases. De répondre avec douceur à toutes les questions, même celles que Myriam trouvait sottes et pourtant, leurs rapports étaient bien ceux d’un adulte et d’un enfant, heureux d’être chacun à sa place. Jamais Philippe n’avait eu un père aussi avenant. Jamais Myriam n’avait vu Antoine sourire à personne d’autre que Philippe. Même pas à elle et pourtant elle savait qu’il l’aimait comme personne le l’avait jamais aimée. Mais avec Philippe tout semblait si différent. Antoine ne manquait jamais de temps. Ne semblait jamais avoir d’autre chose à faire. Il était là. Pour lui. Avec lui. Apaisé. Même s’il baissait les yeux quand Philippe lui disait de sa voix d’enfant : Je t’aime plus qu’aimer. Pour toujours….

    -On dirait que tu n’as jamais vu d’avion, a fini par murmurer Myriam.

    Le cœur d’Antoine s’est accéléré, comme celui d’un enfant qui veut révéler un lourd secret mais qui a peur. Comme s’il cherchait les mots du commencement de ce qu’il avait besoin de dire. Ces premiers mots souvent si maladroits…

    Myriam, inquiète, lui a caressé la joue.

    -Parle Antoine… tu ne penses pas nous quitter au moins, lui a-t-elle dit les larmes aux yeux.

    Antoine n’est arrivé qu’à faire un signe négatif de la tête. Un fil d’eau s’est mis à tomber de ses yeux. Myriam a soupiré. S’il ne voulait pas les quitter alors là, ça ne pouvait pas être quelque chose de bien grave. Elle pouvait tout entendre. Et c’est vrai que tellement de choses lui ont traversé l’esprit : Peut-être a-t-il des dettes. Ou alors a-t-il perdu son travail. Ou a-t-il eu une faiblesse d’homme avec une autre femme… Mais rien, absolument rien ne lui semblait être insurmontable puisqu’ils s’aimaient.

    -Parle Antoine… Dis quelque chose… Commence… Après, ça viendra tout seul…
    -Teresa… tu sais, elle n’est pas morte dans l’accident…

    Myriam, livide, les larmes aux yeux, n’a eu que la force de lui murmurer : Antoine, par pitié ne t’arrête pas… parle… vas-y parle… Puis elle a déposé sa tête contre son épaule…

    -Teresa a toujours été à l’hôpital des Religieuses de la Mer. Dans le coma. C’est elle que je vais voir tous les dimanches matins… Je n’ai jamais rien dit parce que je ne savais pas comment le dire et puis vous n’avez pas à supporter cette souffrance qui n’était que mienne… uniquement mienne.

    Myriam, en larmes, blottie contre lui, s’est serrée encore un peu.

    -Ce matin, quand j’y suis allé… quand j’y suis allé, Teresa avait les yeux ouverts… Elle m’a souri, et a trouvé la force de dire : papa… Tu comprends, Myriam… Elle m’a dit : papa…

    Comment by Armando — 31 octobre 2009 @ 13:11

  3. Triviale poursuite

    Enfants joyeux, parents tranquilles
    Volent en biplaces, en monoplaces

    Et jouent aux billes

    Que j’aime ton vol à voile
    Dans les nuages, sous les étoiles
    Quand je voltige, tu positives

    Je de palets, monopoly

    Je maîtrise tes gouvernes
    Tu doubles-commandes
    Et mes boucles loupant
    Partent en vrilles
    Rétablissement, renversement
    D’énergie en box

    En cube, en jeu de quilles

    Mes tonneaux en virages
    Pas sages
    Ne prennent pas d’âge
    Éros et ses flèches courbées
    Recourbées, arquées, n’est pas rosse
    Accélération en tune

    Aile et train électrique

    Ta rotation d’aileron
    Esthétique et technique
    A un rendu si dynamique
    Sur ton bout d’Elle
    En bout de Toi

    Bécassine, poupée Barbie

    Que j’aime quand tu titilles
    Mes roulis, mes paliers
    Mon horizon, en accélération
    En arrêts de spin
    De rond et de trait
    D’un trait, laisse donc là ton livre
    Laisse donc là ton nœud de Savoie

    Toi
    Pour un doux scrabble en figures libres

    http://idata.over-blog.com/3/22/13/73/Figure.jpg

    Comment by Oxymore and more — 1 novembre 2009 @ 4:40

  4. C’est un soir « poésie ». Un soir où je lis à voix haute un poème choisi dans ce recueil bilingue de Garcia Lorca … pour la musicalité des mots, pour la gourmandise de les dire, de les entendre rouler dans ma bouche, de les sentir passer sur ma langue … pour le bonheur de le voir sourire quand je trébuche sur un mot « Su luna de pergamino / Preciosa tocando viene / Al verla se ha levantado / El viento que nunca duerme » . Une douceur à partager, les soucis qui tombent peu à peu sur les oreillers, les cœurs qui s’ouvrent, les pieds qui se touchent tendrement sous les draps frais. Et le sourire de mon homme qui savoure mes mots maladroits, me reprend parfois un rire dans la voix, et corrige ma prononciation. Les soirs poésie au lit sont si doux, toujours … Mais ce soir, Juan est ailleurs. Il ne m’écoute pas et malgré son sourire je sais bien qu’il n’est pas là. Ses doigts font tourner les hélices du biplan qu’il vient de retrouver. Un Berguet je crois, j’avoue ne pas avoir compris quand il m’en a parlé. Voici que l’objet découvert dans le grenier retient toute son attention. J’ai beau redire le même passage deux fois, il ne s’en aperçoit pas ! Alors je me tais. Je le regarde. Comme il est beau mon homme avec cet enfant dans le regard … Garcia Lorca attendra ! « Juan ? … tu veux bien me faire voyager avec toi ? Raconte-moi mon ange … »

    Comment by Hespérie — 1 novembre 2009 @ 6:20

  5. J’attends avec un impatience frileuse de lire vos regards et je me languis. Décidément, vous avez des regards surprenants sur les choses… et puis, taquinons Denise avant d’aller faire la sieste. Dis Denise, le gamin de 5 ans est vraiment gai?… si précoce?… [j’ai terriblement honte]

    Merci de vos histoires.

    Comment by Armando — 1 novembre 2009 @ 8:27

  6. Et quand tu fais la sieste Armando, peut être rêves-tu « en vos mots » ?
    Je te trouve bien taquin oui … mais je me demande si tu as vraiment honte … 😉

    Je crois que j’aurais pu écrire ces mots (sourire) l’impatience frileuse à vous lire et découvrir vos regards, oui exactement ça !

    Bravo à vous trois
    J’ai supendu à la corde un petit panier avec des bises dedans … vous fait glisser et vous vous servez ! 😉
    à dimanche prochain !

    Comment by Hespérie — 1 novembre 2009 @ 10:26

  7. J’ai passé un excellent moment à vous lire. L’imagination de chacun est merveilleuse!

    Armando… peux-tu répéter la question? « le gamin de 5 ans est vraiment gai?… si précoce?

    ???????? rire! Tu joues avec les mots, n’est-ce pas?

    Bien sûr qu’un enfant de cinq ans peut être gai et joyeux et jouer avec des avions!!!

    Bonne sieste, Armando

    Bisous taquins de Denise

    Comment by Denise — 1 novembre 2009 @ 11:19

  8. Hespérie, je me suis servie d’une bise dans ton joli panier rose…quelle délicate intention.

    Douce soirée et merci !

    Comment by Denise — 1 novembre 2009 @ 14:06

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