Lali

2 septembre 2009

Quelle écriture!

Filed under: À livres ouverts — Lali @ 20:03

cherie

Quelle écriture que celle de Maria Judite de Carvalho! À un art de manier les mots de façon économe, ajoutez la capacité de créer des images comme d’autres peignent des personnages, avec juste assez de détails et juste assez de flou, et vous ne pourrez que vous emballer devant celle-ci. Surtout quand celle qui maîtrise cette écriture a un regard à la fois tendre et incisif sur l’être humain, ce qui donne un recueil de nouvelles ponctuées de scènes qui, dans toute leur banalité, ont tellement de force qu’elles vous coupent parfois le souffle.

Chérie? qui donne son titre au recueil et Hors jeu sont de longues nouvelles, puisqu’elles comptent 50 et 60 pages, alors que les suivantes sont toutes de la longueur habituelle d’une nouvelle, c’est-à-dire quelques pages. Chacune met en scène des personnages face à la mort, la leur ou celle des autres. Chacune met en scène le questionnement qui se pose en de telles circonstances. Aucune n’est triste, ni désespérée, ou désespérante. La mort est là où la vie mène.

Il s’agit ici d’un grand recueil, d’un très grand recueil, de ceux qui vous bouleversent. Un recueil dont j’aurais pu choisir toutes les nouvelles pour illustrer le talent de Maria Judite de Carvalho. Le début de La richesse devrait être suffisant pour vous convaincre :

Elle s’usait tout doucement, au rythme implacable des aiguilles du temps. Dans sa jeunesse, elle avait été gaie, vive et belle, les photographies le disaient, elle avait même été riche, tout au moins d’espoir et d’amour de la vie. Des sourires blancs oubliés sur son visage lisse, elle regardait avec une intensité verte les choses (transitoires) qu’elle possédait et les gens (non moins transitoires) qu’elle aimait, plus ou moins, et son regard s’attardait sur eux, comme si elle voulait bien les comprendre, les retenir, les garder en elle pour plus tard. C’étaient du reste les seuls biens qu’elle était capable de conserver. L’argent et les choses de ce genre ne lui disaient rien, ses mains avaient toujours vécu ouvertes et elle n’avait jamais su faire de comptes…

2 commentaires »

  1. Et tes mots à toi Lali, qu’est ce qu’ils donnent envie d’aller lire les nouvelles de Maria Judite de Carvalho !
    Un receuil de plus à inscrire sur mon carnet « à provisions littéraires » .
    Ma petite richesse du matin : une nouvelle découverte au pays de Lali 🙂

    Comment by Hespérie — 3 septembre 2009 @ 5:38

  2. Je fais entière confiance à ma petite libraire préférée, vu ton enthousiasme Lali et cet extrait séduisant.. il est déjà inscrit dans mon carnet!

    Comment by Chantal — 3 septembre 2009 @ 7:31

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