En vos mots 128
À qui donc est destinée cette lettre sur la table? Est-elle si difficile à écrire pour que les sœurs peintes par Sergei Rymoshevsky ne semblent pas l’avoir commencée? À moins que les mots ne viennent pas aussi facilement qu’on le voudrait quand on a quelque chose d’important à écrire?
Toutes ces questions sont à vous, ainsi que la toile qui les accompagne, pour toute une semaine, puisque je ne validerai pas les commentaires avant dimanche, ce qui vous laisse amplement le temps d’apprivoiser la scène et de la raconter en vos mots…
À dimanche prochain pour la suite!
Marjorie assise à la fenêtre ne se sent nullement concernée par la lettre que sa sœur va écrire et elle ne sait même pas de quoi elle va écrire. Marjorie est dans les nuages, elle rêve de devenir une grande musicienne ou pourquoi pas chef d’orchestre. Son rêve est dans son cœur depuis plusieurs années mais…
Quant à Flora, elle voudrait écrire à son étoile. Dans le ciel, un jour, elle a vu une jolie étoile et s’est dit, elle sera ma confidente, elle brille, elle est belle, c’est mon amie et je suis sûre qu’elle saura garder un secret mais…
En ce mercredi, jour de congé, Flora se met deux jolis nœuds dans les cheveux avec une belle robe et son rêve est de devenir ballerine. Pas n’importe quelle ballerine, non ! Elle sera danseuse étoile ou rien. Son souhait est de danser avec le plus grand danseur du moment. Son étoile est dans le secret depuis plusieurs mois déjà.
A la maison, devant un miroir, il n’est pas rare que sa sœur la voit faire des entrechats, des grands écarts, des exercices sur la pointe des orteils, faire la révérence et découvre le mystère de ses pieds en sang. Après ses devoirs d’école, Flora se place tous les jours devant le miroir de la grande armoire de la chambre à coucher de leurs parents. Elle lève les bras, fait des jeux de mains, sourit « au public » et elle sent son cœur s’envoler comme un papillon mais…
Donc ce mercredi, Flora décide d’écrire à son étoile, sa confidente. Elle veut lui expliquer qu’elle veut devenir danseuse, prendre des cours à l’opéra. Elle est prête à exécuter tous les exercices qu’on lui demandera, elle supportera avec courage les douleurs et les pieds en sang dans les chaussons de danse et ses devoirs d’école seront également à jour.
Enfin, Flora est prête à tout pourvu qu’elle puisse évoluer sur une scène, c’est son vœu le plus cher ! Mais…
Oui, il y a un grand mais !
Malgré un petit appartement coquet où leur mère a su donner une âme avec ses doigts de fée,
leurs parents ne roulent pas sur l’or et les fins de mois sont très difficiles. Anna, la maman fait des ménages et de la couture pour des clientes afin d’apporter sa contribution tellement importante pour garder l’appartement et manger. Adrien, le père, est mineur et ne rentre pas souvent à la maison. Son salaire est dérisoire malgré les heures passées sous terre.
Lorsqu’il peut rentrer à la maison pour quelques jours, il a besoin de récupérer et passe des heures à dormir pour retourner de plus belle à la mine.
Les petites savent tout cela et souvent leur cœur pleure de cette situation pour leurs parents chéris.
En croyant à son étoile, Flora s’est dit que si son vœu se réalise, une fois adulte, elle pourra aider financièrement ses parents. Ils pourront se reposer. Elle pourra aussi en faire profiter sa sœur.
Flora se rappelle avoir entendu un jour une chanson de Richard Anthony et a retenu ceci :
Il faut croire aux étoiles
Tes angoisses et tes tourments
Ne sont qu’un grain de sable
Qu’une larme dans l’océan
Chut !! Flora a trouvé l’inspiration pour écrire à son étoile…
Comment by Denise — 25 septembre 2009 @ 15:19
Martine était rêveuse et curieuse comme le sont les enfants de son âge lorsqu’ils s’inventent de secrets que je lui lisais avant qu’elle s’endorme.
Sofie, toujours assise au bord de la fenêtre, guettait mon arrivée. Impatiente.
Quelquefois j’entendais au loin leurs cris semblables à ceux des oiseaux quand ils s’agitent dans les branches des arbres, perdus dans leurs jeux heureux…
Il arrive… Il arrive… et soudain le gris du ciel semblait s’éclaircir comme s’il annonçait un printemps d’avant-saison. Et leurs cris joyeux ne parlaient que de ce bonheur de pouvoir vous retenir encore un peu. Rien que pour elles. Parce qu’elles ne savaient pas encore comment vous dire que vous leur manquez trop. Trop souvent.
Et ce bonheur unique de la rencontre habillé d’un sourire heureux de se retrouver. Et de vous toucher. Et de vous faire des tendresses comme si vous étiez un morceau étoilé de leur ciel.
Puis le temps passe. Les heures, les jours puis les années. Nos espoirs se fanent et dans nos visages se creusent des rivières de silences.
Notre regard a vieilli, mais il frémit encore quand le souvenir vous ramène ces instants fragiles de deux papillons qui tournent autour de vous. Que sont-elles devenues. Je les aimais tellement. Je les aime encore beaucoup. Quelquefois, j’aimerais pouvoir leur dire à mon tour qu’elles me manquent trop. Trop souvent.
Comment by Armando — 25 septembre 2009 @ 23:15
Printemps
Dans la vallée de l’Oussouri, le printemps court dans les deltas. Il fait doux. Et beau. Et le vent charrie les pétales tendrement arrachés aux pommiers. Une douceur qui enveloppe la petite maison sous les peupliers, et parfume la salle à manger… Une douceur qui invite à courir après les papillons, à jouer, à partir dans la forêt à la poursuite du rossignol bleu. Pourtant, Maïa et Ielena ne peuvent pas sortir. Leur mère avant de partir, les a avertit. Elles ne sortiront pas avant d’avoir fini ! Mais comment faire quand on a 12 ans … comment faire quand le vent soulève le voilage et vous appelle ? Comment faire pour retenir son esprit vagabond ? C’est si difficile de trouver les mots, de tourner les phrases, si difficile que Maïa, le menton posé sur la main, se ronge l’ongle du petit doigt. Ielena la presse, les yeux tournés vers le jardin en contrebas, la presse d’écrire, simplement, les quelques mots dont elles ont tant parlés ! Mais sa sœur hésite, cherchant à dire au mieux, tout en économisant les mots, si délicats à aligner. Elle écrit mentalement, puis efface, puis recommence. Mais la feuille reste blanche. Le parfum des tulipes leur dit tout le bonheur à marcher les yeux dans le soleil, le cœur sur les nuages, tout le bonheur à s’asseoir au bord de la rivière, une brindille à mâchonner, les libellules à observer … Il suffirait qu’elles se regardent pour désobéir et abandonner là, l’encre qui sèche, le porte plume et le courrier détesté … Il suffirait …
Comment by Hespérie — 26 septembre 2009 @ 6:13
Regards
Des rires de garçon,
Jouant au verger,
Résonnent incisifs
Sur deux yeux tendus,
En mille pétales de cerisiers.
Pas une miette n’est perdue.
Et deux autres en rêvent,
Les paupières en voiles
Au vent d’artimon,
Bercés par la mer.
Où l’odeur du printemps
Vide l’encrier,
Arrête le temps,
Sèchera la plume,
Aux instants de la tendresse,
À l’ancre des mots.
Oxymore
Comment by Oxymore — 26 septembre 2009 @ 15:32
bondjou Lali
J’avais oublié de vous le souhaiter, en postant mon texte, mande èscuze, mins bén d’amon nos-ôtes…
Bon dimanche
à torat, Oxymore
Comment by Oxymore — 27 septembre 2009 @ 3:52
Merci à tous pour vos mots, vos histoires…
Et bienvenue à Oxymore et son accent wallon!
Comment by Lali — 27 septembre 2009 @ 8:23
Superbe !
Je viens de découvrir ceci :
Sculptures de liseuses réalisées par Véronique Didierlaurent
http://bonheurdelire.over-blog.com/article-36467272.html
Comment by Dsata — 27 septembre 2009 @ 10:10
Merci Dsata,
J’ai justement fait un billet sur Véronique Didierlaurent trois jours avant le billet que vous suggérez.
Vous le trouverez ici :
http://lalitoutsimplement.com/?p=25522
Comment by Lali — 27 septembre 2009 @ 12:04
Venue lire « vos mots » . Emue .
Plus les jours passent et plus j’aime cette « rubrique ».
Merci Lali pour l’espace offert.
Mes bises pour vous tous
Comment by Hespérie — 27 septembre 2009 @ 16:57