Lali

13 septembre 2009

En vos mots 127

Filed under: Couleurs et textures,En vos mots — Lali @ 8:00

blood-kami.jpg

Les sirènes sauraient lire? C’est ce que peut laisser entendre la toile de ce dimanche, une aquarelle de l’artiste Kami Blood. Et d’ailleurs, pourquoi ne sauraient-elles pas lire? Là est la question, comme dirait l’autre.

À vous maintenant de nous parler des sirènes, en vers ou pas, à vous de nous raconter l’histoire de celle-ci. À vous de nous parler de ce livre qu’elle tient entre les mains qui promet de lui expliquer « comment attraper un marin ». À vous de vous laisser porter par les vagues de l’imagination et de nous livrer en vos mots votre perception. Unique. Parce que c’est la vôtre.

4 commentaires »

  1. Le goût salé de la mer provient de toutes ses larmes. Toutes les larmes versées par Morgan, sirène en mal d’amour. Ces larmes qu’elle ne peut retenir, jour après jour, seule sur son rocher blanc. Pauvre fille des mers, qui n’ose pas, qui ne sait plus et qui pleure, tendue vers la plage ou la haute mer, tendue vers un impossible rêve. Une sirène timide et mal dans ses écailles, parole de Néréide, on n’a jamais vu ça ! De longs cheveux ornés de coquillages, des mains si fines, et des reflets irisés… une peau si douce, une voix divine, des yeux d’azur … Ondine peut être fière : sa fille est si reine ! Mais, une ombre au tableau enchanteur : aucun naufrage, pas la plus petite séduction, pas le plus petit marin dans son sillage. Morgan, désespérément dépourvue de talent sirénien ! Morgan qui accroche la lumière des matins sur ses écailles, qui ouvre les bras et fait pâlir les soleils, qui sourit et fait s’incliner les vagues et dont les larmes ruissellent en longues algues dorées … Et puis un matin, au milieu de bois flottés, une caisse éventrée, et un immense sourire sur ses lèvres : elle vient de découvrir, intact, un livre à la rude couverture de cuir sombre, un livre-trésor, un livre-prodige … « Comment attraper un marin »

    Comment by Hespérie — 16 septembre 2009 @ 11:12

  2. Dans l’écume blanche de la mer, quelques rêves encore inachevés amusaient l’enfant que j’étais. J’avais l’après-midi devant moi et le récit du départ du dernier navire vers Ceylan trainait encore dans mon sourire. J’entendais dans ma tête les derniers cris lancés du port, de plus en plus forts, à mesure que le bateau s’éloignait. Quelques marins faisaient des signes. Pour personne en particulier, je crois. Il ne s’est pas fallu longtemps pour qu’ils se fondent dans l’horizon, pour ne plus faire partie que de cette toile bleu qui émerveillait mes yeux…

    L’éclatement de la vague à mes pieds est venue interrompre mon rêve. J’ai regardé l’horizon pour être sûr que le bateau avait bien disparu.

    Soudain je me suis aperçu que le monde manquait de magie. Elle s’était envolée avec les derniers marins que la plume fantaisiste d’un raconteur d’époque avait anoblie. Comme les derniers héros d’un monde dont on ignorait tout. Même leur existence.

    J’ai regardé autour de moi et peu à peu le bruit de la plage m’est revenu. Une dame parlait à sa voisine du coût des produits de première nécessité. Un vieux monsieur laissait son regard se perdre dans les pages d’un journal sportif tandis qu’un gamin partageait sa glace avec un chien. Et cela m’a semblé être suffisant pour que les deux soient heureux.

    Quelques personnes ayant perdu tous leurs rêves nageaient au bord de l’eau, avec l’insouciance de ceux qui ont oublié qu’un jour les bateaux…

    Mon regard s’est perdu dans la mer à nouveau… Au loin, une nouvelle écume blanche grandissait et approchait, comme un message de ceux qui sont partis. Je crois que j’étais le seul à la voir. Je voyais distinctement le regard jeune et inquiet d’un marin qui semblait dévorer le quai. Qui regardait-il?… Sans doute un regard blond qui lui lancerait un baiser pour qu’il le garde précieusement dans son cœur. Sa seule richesse désormais. Sa seule raison de revenir d’un voyage qui sera long et incertain. Au delà de nos yeux tout est à naître ou à renaître. Qui sait. Un nouveau monde…

    Et je suis resté là. Encore un peu. À regarder la mer, comme si j’attendais le retour du bateau. Et j’ai pensé à cette la fille que le marin a laissée à quai et qui est devenue sirène pour oublier la convoitise des autres hommes. Et que le retour de son baiser fera redevenir une femme…

    Comment by Armando — 16 septembre 2009 @ 19:19

  3. Les rêves au bord des yeux, la fantaisie sur l’écume des vagues . Ah quand tu mets les pieds dans l’eau Armando , ça éclabousse joliment les coeurs !
    Bravo .

    Comment by Hespérie — 20 septembre 2009 @ 11:20

  4. Bravo Hespérie et Armando pour vos très jolis textes. Que c’est bon de vous lire!

    Comment by Denise — 21 septembre 2009 @ 14:51

Flux RSS des commentaires de cet article. TrackBack URI

Laisser un commentaire