Lali

21 juin 2009

En vos mots 115

Filed under: Couleurs et textures,En vos mots — Lali @ 8:00

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Encore une lectrice qui attend vos histoires pour ne plus être figée sur la toile. Qui attend que vous leur inventiez un passé, un avenir, quelques morceaux de vie. Comme vous le faites dimanche après dimanche, pour notre plus grand plaisir.

Puisse la toile de Sally Matless vous inspirer quelques lignes. Puisse-t-elle vous donner envie de faire parler la lectrice. Puisse-t-elle vous ouvrir les portes de l’imagination…

Ce qu’elle vous aura raconté, nous le saurons dans sept jours et pas avant…

Bonne semaine et bon dimanche à tous!

4 commentaires »

  1. Ma mère disait souvent « Superior people don’t need to be shown the glass Flowers at Harvard ». Quand j’était jeune, je ne savait pas qu’il s’agissait d’une ligne, quelque peu raccoursi, d’une poéme de Marianne Moore. Pour vrai dire, à l’époque, je n’avait aucune idée ce qu’elle voulait dire. Mais je me souvient que, chaque fois qu’on la demandait de « faire comme chez toi », elle ne tardait pas à ouvrir un livre.

    Mon ami Sally est arrivée chez moi il y a trois jours. D’habitude, je ne supporte pas de longues visites (et, pour moi, trois jours est déja longue!) mais elle m’a dit en arrivant « Je n’ai point l’intention de te rendre visite » et je commence a comprendre ce qu’elle volait dire. Hier, elle passait la matinée a lire dan la vielle chaise de Tante Marthe, puis elle est sortit faire les courses (sans rien dire ou demander).

    Comment by Jeff Doyle — 22 juin 2009 @ 13:41

  2. Seule la lecture lui donnait encore goût à la vie. Tout ce dont elle avait besoin. Le bruit des chutes d’eau, l’odeur des rues de Lisbonne, les couleurs frissonnantes de la fin du jour africaine, jusqu’à la musique de Bach qu’elle aimait tant, elle le trouvait dans les livres…

    Chez Gérard, son compagnon, elle ne trouvait plus rien. Ni le charme des premières heures ni le bonheur d’exister. Lui n’avait que peu d’intérêts dans la vie. Son monde se réduisait à ses maquettes de bateaux qui étaient sa seule passion et ses uniques loisirs.

    -Viens voir chérie… Voilà, c’est un bateau de pirates des Caraïbes du 18e siècle… Chouette, non? Maintenant je vais le peinturer avec un peu de brun et puis je lui mets un fil jaune. Ça va être beau, tu verras… Tu en dis quoi?…

    -Si cella te plait à toi, lui répondait toujours Marion, d’un air las et monocorde, en regardant sur la boîte l’indication de l’âge : 14-16… avant de jeter un coup d’œil triste à cette étagère ridicule remplie de bateaux de toutes sortes et sans intérêt.

    La vie avec Gérard était d’un grand vide… Pas un sujet de conversation autour de quelque chose d’autre que ces bateaux. Elle ne voyait pas sa vie comme cela. Avec le poids d’un compagnon qui s’amuse tous les soirs avec des maquettes pour ados. Il lui fallait de l’air. Du grand air. Voir des gens. Parler. Respirer. Rire et pleurer avec eux. Exister.

    Sa décision était prise. Elle avait pensé écrire un mot mais cela serait lâche. Alors, assise, elle lisait tranquillement. Elle attendait Gérard. Pour lui dire qu’elle lui laissait ses bateaux. Elle s’envolerait ce soir. Pour ailleurs. Pour exister…

    Comment by Armando — 25 juin 2009 @ 23:40

  3. Il manque un tableau… moi en train de taper sur le clavier : pas de bouquin ou de plume à la main ! Mais une souris, comme dans les contes ! Eh oui, parce qu’il faut que j’imagine ce qu’écrit la petite jeune en jean et tunique blanche, sur la jolie rousse portant tunique bleue et short noir ! Difficile ! Car ce que vous ne savez pas… c’est que l’une est l’autre !
    Si ! Quelques années après. Difficile alors… que la première parle de la seconde, à moins qu’elle ne fasse un portrait de ce qu’elle sera très exactement douze ans, trois mois, sept jours plus tard.
    Elle a troqué ses cheveux ébouriffés par le vent de mai pour la longue chevelure de la femme de trente ans, qui ose les reflets cuivrés ! Ses rondeurs adolescentes se sont estompées sans régime. Sa silhouette un peu trop effilée fait d’elle une parisienne élégante. Et si les vêtements maintenant griffés ne sont plus ceux du marché, elle continue d’aimer les tenues décontractées. Fini les après-midi dans le champ, derrière la maison de Grand-mère… Elle habite Boulevard Saint-Germain, se love dans les bergères de velours, boit l’eau minérale dans un verre de cristal et écrase vite sa cigarette (une blonde avec une odeur de miel). Elle ne devrait pas fumer. Elle le sait. Mais là, elle est toute seule… Elle n’écrit plus de sa fine écriture arrondie sur les cahiers bleus qui doivent dormir dans une malle du grenier, mais elle lit le dernier livre à la mode pour briller un peu dans les dîners en ville. Même s’ils sont ennuyeux, elle se fait un devoir d’y accompagner Hubert. Il ne comprendrait pas qu’elle refuse : il en va de sa carrière, et après tout, on s’y amuse aussi ! Elle n’a gardé que cette façon un peu sauvageonne de s’asseoir, comme s’il lui manquait encore le talus d’herbe d’autrefois, où elle était si bien calée contre le pied du marronnier qu’elle en oubliait le temps qui passait…
    — Son nom de jeune fille ?
    — Bovary.
    — C’est… ?
    — Ah ! Non ! Son prénom est Orianne ! Et elle, elle a réussi !

    Comment by Reine — 26 juin 2009 @ 12:02

  4. Moment délicieux à vous lire… comme à chaque fois! Merci Reine! Merci Armando!

    Comment by chantal — 1 juillet 2009 @ 4:03

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