En vos mots 860
Qui dit dimanche au pays de Lali dit un nouvel En vos mots auquel donner vie grâce à vos courts textes en prose ou à vos poèmes.
Cette semaine, pas de lectrice ni de lecteur, mais un livre ouvert, une théière et une tasse de thé, une gravure sur bois de l’artiste Mary Azarian.
Comme aucun commentaire ne sera validé avant dimanche prochain, vous avez plus que le temps de lire les textes déposés sur la scène livresque de dimanche dernier et de faire vivre celle-ci. C’est avec plaisir que nous vous lirons.
D’ici là, bon dimanche et bonne semaine à tous les envosmotistes et à celles et ceux qui les lisent.
On aurait dit que son parfum remplissait tout l’espace. Ici et là quelques bouquins en désordre. Enfin, si je ne tiens pas compte de son ordre assez particulier.
Avec patience, elle m’avait expliqué. Ici, les bouquins que j’ai reçus pour critique et dont je n’ai que faire; dans cette pille les bouquins que je dois absolument lire; ici, tout près de ma table de chevet, les livres prioritaires qu’il me tarde de lire; sur le bureau, tous ceux que je suis en train de lire. Surtout il ne faut pas y toucher, sinon ce sera la catastrophe et je ne m’y retrouverai jamais.
Puis là, ce sont mes notes. Si aucune d’elles ne t’est explicitement adressée, tu ne dois jamais la lire. Ce serait du viol de la pensée privée. Et ce serait impardonnable. Alors, s’il t’arrive d’avoir la faiblesse de trahir ma confiance, surtout ne m’en parle jamais. Honte à toi. Garde cela pour toi, jusqu’à la fin de tes jours. Parce moi je te le pardonnerais jamais.
Je l’écoutais à peine. Sous son peignoir, je devinais des paradis où j’avais tant rêvé de me perdre. Et elle le savait. Bien avant que mon cœur ne le lui dise.
Dans la petite pièce où dormaient tant de nuits sans sommeil, il me semblait entendre un air de Chopin. Un de ces airs doux et tellement entendus que j’avais tellement du mal à nommer.
« C’est le Nocturne pour piano, No 8 », m’a-t-elle murmuré. Avant l’ivresse.
Comment by Armando — 16 octobre 2023 @ 5:02
De Stendhal à Cohen, elle a dévoré tous les classiques de l’amour littéraire. Elle s’est quelquefois laissée entraîner dans les rêveries des Caprices de Marianne ou d’Anna Karénine, avant de revenir à sa presque solitude. Sereine et silencieuse.
Parfois, elle lève les yeux de ses lectures et me sourit. Un sourire sans mots. D’autres fois, elle vient, nue, s’abandonner contre ma peau. Et je deviens le tendre esclave de ses lèvres. Puis, elle s’en va. En esquissant un sourire gourmand. Sans mots. À croire que les mots sont inutiles à son bonheur. Même des Je t’aime semblent superflus. Puisque…
Du livre imaginaire de nos vies, elle m’a dit avoir arraché la dernière page. Non, parce qu’elle n’aime pas la fin. Mais parce qu’elle ne voudrait pas que la mémoire du temps se pose un jour sur nous.
Et je lui souris. D’un sourire amoureux. Sans Je t’aime.
Comment by A. — 16 octobre 2023 @ 6:43
Ce soir j’irai planter mes carottes.
Mais là bien tranquille je bois mon thé.
Le jardin, une de mes marottes,
Peut atteindre la fin de mon goûter.
Demain je m’en irai semer mes pois,
Mais d’abord je vais lire mon livre.
Le potager a bien ses propres lois,
Mais ne me dicte pas comment vivre.
Bientôt je repiquerai mes laitues,
Une passionnante aventure.
Mais bien que pour elles je m’évertue,
Je préfère de loin la lecture!
Comment by anémone — 18 octobre 2023 @ 15:59