En vos mots 785
Alors que je viens à l’instant de valider les textes que vous avez déposés sur la scène livresque de dimanche dernier, je vous propose comme défi hebdomadaire de vous attaquer cette fois à une illustration de la Québécoise Annick Gaudreault.
Comme le veut l’habitude, aucun commentaire ne sera validé avant dimanche prochain, ce qui vous laisse amplement le temps de fouiner dans cette librairie, de faire connaissance avec la lectrice à la recherche d’un roman qui la ravira et d’écrire quelques lignes que nous lirons avec plaisir dans une semaine.
D’ici là, bon dimanche de la fête des Mères aux mamans du Québec et de la Belgique!
Que les choses soient claires, j’aimais Laura. Je l’aimais pour ses longs silences. Pour ses regards perdus au loin. Pour la manière dont elle racontait les choses. Pour sa bienveillance infinie. Pour tant d’autres choses encore, mais… puisqu’il a toujours un mais, nous n’avons jamais eu d’histoire amoureuse autre que l’amitié qui nous liait.
Je disais quelquefois que c’était parce que je ne voulais pas, ce qui la faisait sourire et hocher de la tête d’un air moqueur, en levant légèrement les yeux, comme toute réponse.
Laura était pour ainsi dire la mémoire de la librairie. Moi, je faisais la compta. Je l’aidais souvent à ranger les livres. En suivant ses instructions pointilleuses et quelquefois provocatrices, comme lorsqu’elle me disait « Rayon philosophie, c’est pour toi. Faut que ce soit rangé par quelqu’un qui aime s’écouter dire des bêtises en prenant un air savant. » Et c’était moi alors qui levais les yeux au plafond en murmurant « ce qu’il ne faut pas entendre ».
Laura, tel un ordinateur dernière génération ,connaissait tous les livres, tous les auteurs, tous les rayons, sans esquisser le moindre doute. Souvent elle se perdait de rayon en étagère à ranger tel ou tel ouvrage, qu’un lecteur de passage avait déposé à côté de sa famille ou loin de son monde. Comme elle aimait le dire.
Je soupçonne certains de venir à la librairie rien que pour lui poser des questions et avoir le bonheur de l’entendre défendre tel livre ou tel auteur, avec respect passion et aussi avec beaucoup d’humour. Un humour froid et sec, qu’il fallait pouvoir saisir, comme cet après-midi où un jeune homme prétentieux, lui lança à mi-voix :
« J’ai oublié le nom du livre de poèmes mais, comme vous connaissez tous, si je vous dis :
Tout ce qui brille, offre à l’âme
Son parfum ou sa couleur;
Si Dieu n’avait fait la femme,
Il n’aurait pas fait la fleur.
… vous devriez être en mesure de trouver de quoi je parle… »
Confronté au regard amusé de Laura, le jeune homme, impatient et heureux de son exploit, a estimé utile d’ajouter en ricanant : C’est du Voltaire!… suivie de : Voltaire… Voltaire… vous connaissez?…
Il y a eu comme un silence curieux et, après m’avoir fait un joli clin d’œil amusé, Laura s’est tourné vers le jeune homme : « Voltaire vous dites?… Oui, je connais, vaguement, mais vous qui avez l’air de le connaître tellement bien, pouvez-vous m’expliquer comment Voltaire a pu plagier Victor Hugo? »
Comment by Armando — 14 mai 2022 @ 7:00
Dans ma librairie
Je traîne souvent,
En quête de vie
Et de doux moments.
Dans ma librairie
Il y a des trésors,
Des oeuvres amies
Qui valent de l’or.
Dans ma librairie
Parmi tous les livres,
Toutes mes envies
Se mettent à vivre.
Comment by anémone — 14 mai 2022 @ 17:12
Cette carte me fait vraiment penser à la Librairie Saint-Henri, que j’ai visité pour la première fois hier! Elle est tout près de Tacos Victor, donc on est passées souvent dans les parages! On ira ensemble la prochaine fois 🙂 C’est très beau et coloré là-bas!
Comment by Ève — 16 mai 2022 @ 9:46