En vos mots 709
Alors que je viens tout juste de valider les textes déposés sur la toile de dimanche dernier, que je vous invite d’ailleurs à lire, je vous propose de vous attaquer à ce tableau d’Albrecht Dürer et de le raconter en vos mots, comme vous le faites semaine après semaine depuis plus de treize ans.
Aucun texte ne sera validé avant dimanche prochain, ce qui vous laisse amplement le temps d’imaginer une histoire autour de cette scène livresque ou de la faire vivre au moyen d’un poème.
D’ici là, bonne semaine à tous et profitez bien des journées douces qui nous sont offertes en ce moment et qui sont tout à fait exceptionnelles.
Ils complotaient tous deux, volant le saint Livre,
Dont les secrets étaient leur principal tourment.
Cet acte était du genre qui enivre,
Tout en leur provoquant un vif transissement.
L’inquiétude de l’un le rendait volubile,
L’autre craignait plutôt que quelqu’un les surprit.
Il jetait à la ronde des regards fébriles,
Redoutant plus que tout de se voir être pris.
Nul ne saura jamais ce qu’il advint pour eux,
S’ils furent arrêtés, punis de leur péché,
Ou s’ils purent se sauver de ce jeu dangereux,
Ni s’ils purent trouver ce qu’ils avaient cherché.
Leur larcin, immortalisé par le peintre,
Ne nous fournit aucun indice pour savoir
Si leur obscure intention fut atteinte,
Ni quel instigateur fomenta quel traquenard.
Comment by anémone — 12 novembre 2020 @ 12:15
Il poussa la porte déclenchant le carillon. La boutique sentait bon la lavande. Le barbier chantonnait derrière sa barbe parfaitement taillé mettant en valeur ses mâchoires carrées.
Monsieur, bonjour, pourriez-vous me tailler ma barbe ? Je n’ai pas pris de rendez-vous mais je dois reprendre la route et je n’ai pas eu le temps de vous appeler pour en fixer un. Et si vous égalisiez les cheveux, je vous en serais reconnaissant.
D’un geste large, le barbier lui indiqua le fauteuil. Une musique d’ambiance, douce, feutrée, le détendit. La capeline sur les épaules, le ciseau commença son oeuvre.
Ses paupières se mirent à cligner, la tension de son cou se relâcha, Il se sentait si bien.
La peau de ses joues picotant, il sortit de sa torpeur. La mèche cachant sa calvitie avait repris le sens de son implantation, révélant, au monde, cet aspect de sa personne que seul, dans son intimité, il pouvait apercevoir en sortant de la douche.
Mémorable sa colère, les murs de la boutique s’en souviennent encore !
Comment by LOU — 14 novembre 2020 @ 15:20
Je sais que les regards soupçonneux se nourrissent de mots légers. Et que seuls le châtiment et la prière peuvent laver une âme impure. La repentance.
Il me vient en tête en voyant ces regards soupçonneux l’image de Gabriel Malagrida. C’était un jour à Lisbonne. Sue le parvis de l’église de São Domingos, à un jet de regard du Rossio. Au cœur de la ville.
Théâtre macabre de la folie des hommes au nom d’un Dieu immobile presque aussi puissant que ceux qui disent agir en son nom.
Habillé de sa tunique honteuse, réservé à ceux qui allaient périr par le feu, Gabriel Malagrida sera le dernier condamné par l’autodafé. Son crime?… Prétendre que le tremblement de terre de 1755 aurait été un châtiment divin. Blasphème. Dieu ne punit jamais ceux qui œuvrent en son nom.
Il faisait beau ce jour-là en 1766. La populace criait sa joie. Une joie aussi bête que stupide. Inhumaine.
Heureusement que l’indifférence ou encore l’ignorance, on finit par effacer leurs noms de nos mémoires.
Lisbonne 2020. Un jeune couple amoureux et sans Dieu s’embrasse sur le parvis de l’église de São Domingos. Ils sont aussi jeunes que beaux. Insouciants et heureux. Ils n’ont sans doute aucune idée de ce que blasphème veut dire.
J’observe leur impudeur et je souris à la liberté du temps qui passe, malgré les regards soupçonneux de ceux qui se nourrissent de mots légers.
Comment by Armando — 15 novembre 2020 @ 0:41
Fais pas ta mauvaise tête, Paul!
Mais oui je vais le lire, ton bouquin…
Je te promets de te faire une bonne critique sur Babelio…
Promis juré!
Et file-moi cette épée, avant que tu ne commettes encore un malheur!
Comment by Adrienne — 15 novembre 2020 @ 7:01