Lali

21 mars 2010

Le centre blanc 3

Filed under: À livres ouverts,Couleurs et textures — Lali @ 23:59

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Elle est venue d’un autre siècle. D’une époque qui n’a rien à voir à celle de Nicole Brossard. Et pourtant, la lectrice de Joshua Johnson s’est arrêtée longuement devant ces mots tirés du Centre blanc.

DÉPART

pour bercer le jour à l’écorce de ton regard
il faut le souffle de l’absence
et l’écho des lisses distances

l’aquarelle fragile des gestes étirera
l’éclipse languie de ton départ
et des caravanes d’oiseaux brilleront
des parfums d’ambre jusqu’à ton retour

Les oiseaux du printemps 24

Filed under: Couleurs et textures — Lali @ 23:01

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J’aime ces doux oiseaux…

J’aime ces doux oiseaux, qui promènent dans l’air
Leur vie et leur amour, et plus prompts que l’éclair,
Qui s’envolent ensemble!
J’aime la fleur des champs, que l’on cueille au matin,
Et que le soir, au bal, on pose sur son sein
Qui d’enivrement tremble!

J’aime les tourbillons des danses, des plaisirs,
Les fêtes, la toilette, et les tendres désirs
Qui s’éveillent dans l’âme!
J’aime l’ange gardien qui dirige mes pas,
Qui me presse la main, et me donne tout bas
Pour les maux un dictame!

J’aime du triste saule, au soir muet du jour,
La tête chaude encor, pleine d’ombre et d’amour,
Qui se penche et qui pense!
J’aime la main de Dieu, laissant sur notre cœur
Tomber en souriant cette amoureuse fleur
Qu’on nomme l’espérance!

J’aime le doux orchestre, en larmes, gémissant
Qui verse sur mon âme un langoureux accent,
Une triste harmonie!
J’aime seule écouter le langage des cieux
Qui parlent à la terre, et l’emplissent de feux
De soleil et de vie.

J’aime aux bords de la mer, regardant le ciel bleu,
Qui renferme en son sein la puissance de Dieu,
M’asseoir toute pensive!
J’aime à suivre parfois en des rêves dorés
Mon âme qui va perdre en des flots azurés
Sa pensée inactive!

J’aime l’effort secret du cœur, qui doucement
S’agite, la pensée au doux tressaillement,
Que l’on sent en soi-même!
Mieux que l’arbre, l’oiseau, la fleur qui plaît aux yeux,
Le saule tout en pleurs, l’espérance des Cieux…
J’aime celui qui m’aime.

(Jules Verne)

*toile de Carlo Saraceni

Les oiseaux du printemps 23

Filed under: Couleurs et textures — Lali @ 22:01

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Tous ces oiseaux qui sous la nuit obscure

Tous ces oiseaux qui sous la nuit obscure
D’un triste vol se plaignent lentement
Ne sont témoins du doux commencement
De mon amour sainte, loyale et pure.

Les clairs ruisseaux, les bois et la verdure
Des prés fleuris d’un beau bigarrement
Sont seuls témoins du bien et du tourment
Que pour aimer également j’endure.

La nuit n’eût su dans son sein recéler
Mon feu luisant, qui peut étinceler
Parmi les cieux, aux enfers et sous l’onde.

Mon amour passe au travers de la nuit,
Et plein d’un feu qui bluettant s’enfuit,
Aide au soleil à redorer le monde.

(Flaminio de Birague)

*toile de Rembrandt

Les oiseaux du printemps 22

Filed under: Couleurs et textures — Lali @ 21:01

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L’oiseau

Mais lors voici qu’un oiseau chante,
Dans une pauvre cage en bois,
Mais lors voici qu’un oiseau chante
Sur une ville et tous ses toits,

Et qu’il dit qu’on le voit le monde
Et sur la mer la pluie tomber,
Et des voiles s’en aller rondes,
Sur l’eau si loin qu’on peut aller.

Puis voix dans l’air plus haut montée,
Alors voici que l’oiseau dit
Que tout l’hiver s’en est allé
Et qu’on voit l’herbe qui verdit,

Et sur les chemins la poussière
Déjà, et les bêtes aussi,
Et toits fumant dans la lumière
Que l’on dirait qu’il est midi,

Et puis encore sa voix montée,
Que l’air est d’or et resplendit,
Et puis le bleu du ciel touché
Qu’il est ouvert le paradis.

(Max Elscamp)

*toile de Philip Evergood

Les oiseaux du printemps 21

Filed under: Couleurs et textures — Lali @ 20:01

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Si tu te sers de la liberté en échange d’autre chose, comme l’oiseau, elle s’envolera. [Gao Xingjian]

*toile représentant le compositeur Benedictus Buns par un artiste inconnu

Les oiseaux du printemps 20

Filed under: Couleurs et textures — Lali @ 19:01

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La sérénité est comme l’oiseau : si tu la laisses s’envoler tu auras du mal à la rattraper. (Alexandre Arnoux)

*toile de Maria Philips-Weber

Les oiseaux du printemps 19

Filed under: Couleurs et textures — Lali @ 18:01

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Je vis l’oiseau qui le soleil contemple

Je vis l’oiseau qui le soleil contemple
D’un faible vol au ciel s’aventurer,
Et peu à peu ses ailes assurer,
Suivant encor le maternel exemple.

Je le vis croître, et d’un voler plus ample
Des plus hauts monts la hauteur mesurer,
Percer la nue, et ses ailes tirer
Jusqu’au lieu où des dieux est le temple.

Là se perdit : puis soudain je l’ai vu
Rouant par l’air en tourbillon de feu,
Tout enflammé sur la plaine descendre.

Je vis son corps en poudre tout réduit,
Et vis l’oiseau, qui la lumière fuit,
Comme un vermet renaître de sa cendre.

(Joachim Du Bellay)

*toile de Francis Alleyne

Les oiseaux du printemps 18

Filed under: Couleurs et textures — Lali @ 17:01

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Il est vrai que parfois
Près du soir les oiseaux
Ressemblent aux vagues
Et les vagues aux oiseaux
Et les hommes aux rires
Et les rires aux sanglots.

(Jacques Brel)

*toile de Domenichino

Les oiseaux du printemps 17

Filed under: Couleurs et textures — Lali @ 16:01

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Blotti comme un oiseau

Blotti comme un oiseau frileux au fond du nid,
Les yeux sur ton profil, je songe à l’infini…

Immobile sur les coussins brodés, j’évoque
L’enchantement ancien, la radieuse époque,
Et les rêves au ciel de tes yeux verts baignés!

Et je revis, parmi les objets imprégnés
De ton parfum intime et cher, l’ancienne année
Celle qui flotte encor dans ta robe fanée…

Je t’aime ingénument. Je t’aime pour te voir.
Ta voix me sonne au cœur comme un chant dans le soir.
Et penché sur ton cou, doux comme les calices,
J’épuise goutte à goutte, en amères délices,
Pendant que mon soleil décroît à l’horizon
Le charme douloureux de l’arrière-saison.

(Albert Samain)

*toile d’Erastus Salisbury Field

Les oiseaux du printemps 16

Filed under: Couleurs et textures — Lali @ 15:01

strudwick

Est-ce que les oiseaux se cachent pour mourir?

Le soir, au coin du feu, j’ai pensé bien des fois
À la mort d’un oiseau, quelque part, dans les bois.
Pendant les tristes jours de l’hiver monotone,
Les pauvres nids déserts, les nids qu’on abandonne,
Se balancent au vent sur un ciel gris de fer.
Oh ! comme les oiseaux doivent mourir l’hiver!
Pourtant, lorsque viendra le temps des violettes,
Nous ne trouverons pas leurs délicats squelettes
Dans le gazon d’avril, où nous irons courir.
Est-ce que les oiseaux se cachent pour mourir?

(François Coppée)

*toile de John Melhuish Strudwick

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