Le centre blanc 1
J’ai laissé la lectrice du peintre Raffaele Faccioli faire à son aise et choisir elle-même le recueil qui allait tenir compagnie aux lectrices du soir pendant quelques jours. Sans lui donner de pistes, sans déposer quelques recueils sur la table. C’est donc elle qui a sélectionné Le centre blanc de Nicole Brossard, un recueil qui réunit des textes publiés entre 1965 et 1975, peut-être même le recueil le plus marquant de cette décennie. Un livre auquel je reviens de temps en temps pour ouvrir le livre au hasard. Un recueil dont certains passages ont quelque chose du Désert mauve, roman paru en 1987, dont la parution avait donné lieu à une entrevue télévisuelle que m’a accordée Nicole Brossard.
Un recueil, donc, dont la lectrice du soir a retenu ces lignes, qui ouvrent le recueil :
Sur le fil de lumière
je suspends la poésie
comme guirlandes
orbite de mes horizons
je gravis ses enceintes
glissant sur l’archipel
de rivières démenties
j’ai la poésie plantée au ventre et au cœur
éboulis qui m’invente des paysages
je m’ouvre comme une huître sous le couteau
de son arc-en-ciel
étang de mes étoiles qui foisonne
le vase de la solitude
bouée de ma réalité
algue de mes abandons
je m’ancre à ton corail