Lumière artésienne 2
La lectrice de Scott Kennedy est entrée sur la pointe des pieds. Comme si silence et lecture de poèmes allaient de pair. Puis, elle a parcouru Lumière artésienne de Daniel Dargis et est repartie, toujours sur la pointe des pieds, en laissant le recueil ouvert sur ce texte :
je manuscris le témoignage d’une vie
déshydratée de ses étoiles
de ses marées
de ses saisons
et de ses amours d’univers
je manuscris des mots seuls le long des rues
des mots approximatifs tant la ville désâme
contre le hasard calqué d’hésitation et nonchalances
ils disent sans se parler le corps oublié
les souvenirs en poste restante sur une carte postale
la page sans conviction
au détour des gestes
infuse sa mort lente
et nous défriche de ses émerveillements
la vie inconsolable longe les murs
ils disent cette semaine cathodique
derrière la comptabilité de leurs dérives
où son les mots qui concassent l’ennui