On n’entend que les pages qui tournent
Elle peut rester ainsi des heures. On n’entend que les pages qui tournent. Et encore, il faut bien tendre l’oreille, car elle le fait avec une telle délicatesse que c’est plus une caresse qu’un geste décidé. Comme si quitter une page pour aller vers la suivante la laissait chaque fois songeuse, voire un peu triste.
Celui qui pose un œil sur elle, là-bas, à l’autre bout de la pièce, est heureux. Heureux d’un bonheur qu’il n’osait espérer. Il peut écrire, non loin d’elle, complice, tandis que la lectrice de John Hubbard Rich lit sous son regard attendri, elle qui n’aimait pas qu’on la regarde et qui ne voulait plus aimer et encore moins se laisser aimer.
