Même si
Ils étaient là chacun de leur côté, sans se savoir, sans savoir que l’autre existait. Sans une seconde penser que l’autre pouvait exister. Même un peu.
La vie les a fait s’asseoir sur le même banc. Puis face à face. Yeux dans les yeux.
Ils se sont reconnus. Comme on reconnaît en l’autre la moitié perdue depuis toujours. Ils se sont reconnus tant et si bien que rien ne pourra séparer les lecteurs de Warren Dennis, même si lui dans un livre et elle pas toujours. Même si presque jamais côte à côte. Même si. Même si elle, fredonnant une chanson qu’il ne connaît pas. Même si. Même si chacun dans une vie qui n’est pas celle de l’autre. Même si.
Ils se sont reconnus. Si bien qu’ils ne s’égareront jamais dans les méandres du mensonge. Ils n’auront que de temps en temps la peur de se perdre l’un l’autre, comme on a peur de se perdre soi-même.




