Les vers de Nelligan 3
Je savais bien que Nelligan plairait. Que ses mots toucheraient chacune des lectrices du soir. Qu’il ne pouvait en être autrement. Que la lectrice d’Edmund Charles Tarbell serait comme les autres touchée, émue. La seule chose que je ne savais pas, c’est qu’elle choisirait ce poème.
LE BERCEAU DE LA MUSE
De mon berceau d’enfant j’ai fait l’autre berceau
Où ma Muse s’endort dans des trilles d’oiseau,
Ma Muse en robe blanche, ô ma toute maîtresse!
Oyez nos baisers d’or aux grands soirs familiers…
Mais chut ! j’entends déjà la mégère Détresse
À notre seuil faisant craquer ses noirs souliers!
