Lali

25 septembre 2008

Les vers de Nelligan 16

Filed under: À livres ouverts,Couleurs et textures — Lali @ 23:59

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Elle a lu quelques pages, puis elle est partie sans un mot. Nelligan venait de bouleverser la lectrice de William Brymner. Le signet est resté là.

LA PASSANTE

Hier, j’ai vu passer, comme une ombre qu’on plaint,
En un grand parc obscur, une femme voilée :
Funèbre et singulière, elle s’en est allée,
Recélant sa fierté sous son masque opalin.

Et rien que d’un regard, par ce soir cristallin,
J’eus deviné bientôt sa douleur refoulée;
Puis elle disparut en quelque noire allée
Propice au deuil profond dont son cœur était plein.

Ma jeunesse est pareille à la pauvre passante :
Beaucoup la croiseront ici-bas dans la sente
Où la vie à la tombe âprement nous conduit;

Tous la verront passer, feuille sèche à la brise
Qui tourbillonne, tombe et se fane en la nuit;
Mais nul ne l’aimera, nul ne l’aura comprise.

Un commentaire »

  1. Très baudelairien !

    Commentaire by Reine — 26 septembre 2008 @ 0:17

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