La marche à l’amour (extrait)
La lectrice de Wyndham Lewis a été complètement emportée par les mots de Gaston Miron. Ceux de La marche à l’amour qu’elle avait un jour entendus lus par Pierre Lebeau à la radio et qu’elle a pu réentendre ici. Ces mots qui disent entre autres ceci :
Tu as les yeux pers des champs de rosées
tu as des yeux d’aventure et d’années-lumière
la douceur du fond des brises au mois de mai
dans les accompagnements de ma vie en friche
avec cette chaleur d’oiseau à ton corps craintif
moi qui suis charpente et beaucoup de fardoches
moi je fonce à vive allure et entêté d’avenir
la tête en bas comme un bison dans son destin
la blancheur des nénuphars s’élève jusqu’à ton cou
pour la conjuration de mes manitous maléfiques
moi qui ai des yeux où ciel et mer s’influencent
pour la réverbération de ta mort lointaine
avec cette tache errante de chevreuil que tu as
tu viendras tout ensoleillée d’existence
la bouche envahie par la fraîcheur des herbes…
