Gand… sans jamais y être allée
Vingt-deux après avoir vu ce film, sans occasion de le revoir, je conserve de Benvenuta d’André Delvaux, l’émotion intense des confidences, de la passion et de Gand comme toile de fond.
Jeu de la vérité entre un cinéaste et une romancière, le film va au delà de l’anecdote.
Il y a eu roman, mais jusqu’où le roman colle-t-il à la vie de celle qui l’a écrit ? Où a-t-elle puisé son inspiration ? Quelle part d’elle-même a-t-elle mise dans l’histoire de Benvenuta et de Livio ?
C’est ce que le cinéaste-enquêteur tente de percer, lui qui veut adapter cette histoire.
Tandis que se dévoile l’histoire d’une passion écrite et vécue par la romancière, se tisse aussi entre le cinéaste et la femme de lettres une complicité, voire même un jeu de séduction troublant.
Encore aujourd’hui, j’ai en tête deux images quand je pense à ce film.
Françoise Fabian, qui incarne l’écrivaine, marchant aux côtés de Matthieu Carrière, dans le rôle du cinéaste, dans les rues de Gand.
Et Vittorio Gassman (Livio) débarrassant Benvenuta (Fanny Ardant) de sa jupe avec une dextérité qu’on ne voit sûrement qu’au cinéma.
Me faudrait-il relire le roman de Suzanne Lilar qui a inspiré le film ? Devrais-je revoir Benvenuta pour savoir si les mêmes images s’inscriraient à nouveau, aussi fortes que celles que je conserve ?
Des deux femmes, à laquelle m’identifierais-je davantage aujourd’hui ? Ou si, comme à l’époque, je serais toujours un amalgame des deux ?
Nous faut-il relire certains livres ? Revoir certains films ? Retourner sur des lieux marquants ?
C’est à cela que je pense en ce dimanche matin, le corps à Montréal et la tête à Gand, dans un film.