Lali

15 août 2012

Entre New York et Haïti

Filed under: À livres ouverts — Lali @ 19:28

Détour par First Avenue, affirme son éditeur, « est un thriller politique à la sauce haïtienne. » Or, définir ainsi le premier roman de Myrtelle Devilmé est le réduire à sa plus simple expression, alors qu’il est aussi un roman de mœurs et un panorama des coulisses du pouvoir en même temps qu’un thriller politique et un roman sentimental.

Richard Lecarré, le nouveau représentant d’Haïti à l’ONU, n’est pas un habitué des magouilles. Il a accepté ce poste par amitié pour le nouveau président d’un pays qu’il a quitté depuis longtemps, mais aussi parce qu’il croit en celui-ci et qu’il espère un jour voir son pays natal sortir de la corruption et s’assainir afin que chacun de ses habitants ait droit à l’éducation et aux soins de santé, peu importe d’où il est issu.

Or, à l’heure où Édouard Desrochelles, le nouveau président, a l’appui de la population et ce, même s’il a implanté une police qui ne fait pas l’affaire de tout le monde, le fils de l’ambassadeur des États-Unis trouve la mort à la suite d’un vol à main armée. Ce qui va déchaîner une tempête, entraîner une enquête et impliquer l’ONU dans le déroulement des opérations menant à une explication qui ne fera pas le bonheur de tous. Le gentil fils de l’ambassadeur est loin d’être blanc comme neige : il a commis une série de larcins au fil des ans.

Dès que les États-Unis se trouvent au cœur d’une situation, qu’un des citoyens de ce pays se trouve aux prises avec le système judiciaire de façon directe ou indirecte, on peut être certain que tout sera mis à profit pour épargner les siens. Dans les médias comme devant l’ONU. C’est ce que raconte, avec sa connaissance de cet organisme puisqu’elle y a travaillé, l’Haïtienne Myrtelle Devilmé, qui vit maintenant à Montréal. En prenant soin d’étoffer les personnages qui gravitent autour de Richard, notamment des femmes, dont l’une incarne le pouvoir et l’autre son idéal féminin.

Détour par First Avenue est aussi un vibrant hommage à l’amitié, à la droiture, aux valeurs morales et à la fidélité sans que cela devienne moralisateur, alors que l’auteure aurait pu facilement adopter un ton qui ne laisserait aucune place à la liberté.

Myrtelle Devilmé peut être fière de son premier roman auquel elle a choisi de donner une fin ouverte. Elle a su mener rondement avec un regard de l’intérieur un roman qui se déploie à plusieurs niveaux et où se mêlent l’Histoire, la politique et l’amour, sans se perdre dans les dédales du « trop bien faire » et sans idéaliser un pays qu’elle aime et qu’elle a quitté.

Détour par First Avenue
, un roman qui se déroule au tournant des années 2000, entre New York et Port-au-Prince, se veut aussi une analyse sans compromis du pouvoir des uns et du silence des autres. Malgré le fait que je ne sois en général pas attirée par les romans à saveur politique, j’avoue que j’ai pris grand plaisir à lire cette auteure et que je me réjouis à la pensée de la lire à nouveau, parce qu’elle sait en quelques lignes brosser des personnages solides.

Texte publié dans

Titre pour le Défi Premier Roman

Un commentaire »

  1. Un roman prometteur aux multiples influences !

    Comment by Anne — 16 août 2012 @ 4:31

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