Lali

17 mars 2024

En vos mots 882

Filed under: Couleurs et textures,En vos mots — Lali @ 8:00

Alors que je viens à l’instant de valider les textes déposés sur la scène livresque de dimanche dernier, je vous propose cette semaine de donner vie à cette illustration de Sandra Dieckmann pour laquelle j’ai eu un véritable coup de foudre.

Comme le veut l’habitude, aucun commentaire ne sera visible avant dimanche prochain. Vous avez donc plus que le temps d’écrire quelques lignes. C’est avec plaisir que nous vous lirons.

D’ici là, bon dimanchhe et bonnne semaine à tous les envosmotistes et à celles et ceux qui les lisent!

3 commentaires »

  1. Lisbonne, 24 mars 2024

    Ma chère B.,

    Je me souviens avoir lu quelque part qu’un papillon, c’est une pensée qui vole. J’ai découvert, par la suite, qu’on devrait la paternité de celle-ci à l’auteur du P’tit Bonheur, Monsieur Félix Leclerc.

    Je t’avoue que cette pensée me vient à l’esprit quand il m’arrive de croiser un papillon et que je me demande, amusé, quelle sorte de pensée délicate et heureuse se promène ainsi, avec autant d’insouciance. Parfois, il y a deux, trois et même une multitude de pensées fragiles et multicolores qui dansent, ensorcelantes, comme des notes sorties de la guitare de Jesse Cook.
    Un artiste que j’ai fait découvrir à une amie chère et que j’ai raté, à l’aéroport de Montréal. Les petits événements de nos vies tiennent à si peu de choses. Et pourtant, ils ne font que nous pousser doucement, sans trop qu’on y pense, vers des chemins qui frôlent de quelques secondes des rencontres qu’on devine belles et riches.

    Ma chère B., bientôt s’ouvrira la belle saison des papillons. Je sais déjà que je m’en irai, sourire aux lèvres, admirer les cabrioles des belles pensées fragiles, en me disant qu’elles sont sûrement autant de murmures d’amis absents. Je me laisserai perdre ainsi dans cette ataraxie de prendre les papillons pour des pensées, reconnaissant d’avoir croisé les mots de Félix Leclerc, sans lesquelles il ne me viendrait jamais à l’esprit que les papillons sont des pensées qui volent, même en sachant que pour certains savants pragmatiques je ne suis qu’un pauvre fou. Pour eux, un papillon, ce n’est que la métamorphose lente d’une chenille. Rien d’autre.

    Où que tu sois, ne les écoute jamais. Ne tombe pas dans le piège de leurs mots savants. Laissez-les dire. Notre monde appartient à ceux qui rêvent, jamais à ceux qui prétendent tout savoir.

    La prochaine fois que tu verras un papillon, tu sauras que tous ces papillons qui dansent, par milliers, sont autant de pensées qui dansent autour de toi. Et, sourire aux lèvres, m’entendras-tu chanter : C’était un petit bonheur que j’avais ramassé…

    Je t’embrasse.

    A.

    Comment by Armando — 21 mars 2024 @ 1:57

  2. Elle se souvient des planches réalisées par son grand-père, dont il était si fier. Des centaines de papillons attrapés au filet et patiemment immortalisés, selon une série longue et très minutieuse d’étapes dont la petite-fille n’avait rien voulu savoir. C’était vrai que les couleurs en étaient magnifiquement préservées. Mais pour Grazyna, ces oeuvres puaient la mort. Alors qu’elles étaient censées diffuser la vie.
    Depuis lors, quand elle admire des papillons, c’est pour l’unique plaisir de les voir voler autour d’elle. De sentir leur énergie joyeuse et légère l’environner. Parfois ils se posent sur le sol, ou sur une feuille, lui offrant la grâce de leurs ailes déployées, immobilisées quelques instants pour la plus grande joie de son regard.
    Grazyna aime aussi les livres où sont illustrés des lépidoptères. Tous plus chamarrés et chatoyants les uns que les autres. Souvent elle s’essaye à les reproduire dans son carnet de dessin, à partir du livre, ou bien de ses observations quand elle se poste dans la nature près d’un arbre à papillons. Et malgré toute l’affection qu’elle conserve à son aïeul, c’est une forme de capture qui lui convient bien mieux que celles de son grand-père.

    Comment by anémone — 22 mars 2024 @ 4:56

  3. Dans son sommeil, un homme rêve qu’il est un papillon. Il voltige de fleur en fleur, il butine, ouvre et referme ses ailes. Il a la légèreté du papillon, sa grâce et sa fragilité. Soudain, il se réveille, et s’aperçoit avec étonnement qu’il est u n homme. Mais est-il un homme qui vient de rêver qu’il était un papillon?
    Ou bien est-ce un papillon qui rêve qu’il est un homme?

    (d’après Tchouang-Tseu, sage taoïste chinois – Ivème-IIIème siècle avant notre ère)

    Comment by Tchouang-Tseu — 23 mars 2024 @ 7:04

Flux RSS des commentaires de cet article. TrackBack URI

Laisser un commentaire