En vos mots 815
Alors que je viens à l’instant de valider les textes que vous avez déposés sur la scène livresque de dimanche dernier, je vous propose cette semaine de faire vivre en vos mots une illustration de l’artiste torontoise Qin Ling, pour laquelle j’ai eu un véritable coup de cœur.
Comme le veut l’habitude, aucun commentaire ne sera validé avant dimanche prochain. Vous avez donc plus que le temps de vous glisser dans la peau de cette jeune lectrice, de discuter avec elle ou même de lui faire la lecture. C’est avec plaisir que nous vous lirons dimanche prochain.
D’ici là, bon début de décembre à tous les envosmotistes et à celles et ceux qui les lisent,.
”Sur la pointe des pieds, en boule, faut que tu oses”
Trop de pensées obscures, inconnues,
Te tétanisent au pied de ce monde épouvantable
Rempli de tombes pétrifiées emmurant des frissons
Dans tes angoisses nocturnes.
Ta raison agonisante faiblit alors sans fin
Dans des successions d’allers-retours paralysantes.
Une peur noire auréolée de croix de pierre
Glace ton sang dans des caveaux sombres sans issue.
Des craquements furtifs de démons méphitiques
Malfaisants
Te traversent et te clouent sous les draps …
Alors, immobile, tu attends qu’ils partent, et c’est long !
Depuis tous jours,
Le jour, de l’extérieur de ton monde clos,
Des voix vomissent de la radio
En noms d’étranges personnages :
Bourguiba … Guy Mollet …
Un soir, comme le manque d’explications rationnelles
S’était fait encore mortel
Et avait décimé une fois de trop l’horizon de ta raison,
L’occasion contingente se métamorphosa en un livre solitaire,
Oublié, perdu, resté au chevet de tes parents,
Alors en un courage décuplé de celle qui sait tout juste lire
Et qui décide d’apprendre seule,
Sans un bruit et sur la pointe des pieds,
Oui, attrapé, emprunté,
Oui, enfin …
Dessin d’un grand serpent fouinant dans les draps,
Mordillant sans vergogne les pieds d’une femme hilare
Qui gronde son mari.
Description monstrueuse d’hommes en noir
Se rassasiant de sang humain.
Et la nuit, quelle horreur, appelle tous ces vampires …
Tu trembles et tu pleures.
Ta mère t’entend :
Mais non, ce ne sont que des histoires,
Un dessin comique et un roman inventé expliqué dans le Reader’s Digest.
Elle tend la main, allume la Lune
En rêves réverbères …
Rassurée, tu t’endormiras facilement pendant plusieurs années …
En boule … les jambes bien remontées …
Commentaire by Cavalier — 7 décembre 2022 @ 12:55
« Sur la pointe des pieds, en un sonnet qui ne résonne ment »
Et si on m’avait dit que naîtrait un sanglot,
Quand dans nos cœurs gisait notre histoire trop vieille,
Mais là, quand tu te glisses entre mes bras … merveille,
C’est l’hiver qui s’enfuit, dévoilant l’angelot.
Et si on t’avait dit, sans un bruit, sans un mot,
Que tes larmes émues me diraient à l’oreille :
« Est-ce que tu sais… toi ? » Et ta bouche vermeille :
« Dis-moi faut aller où, pour être nous, Pierrot ? »
En vers et contre tous, forever, où qu’on aille,
Aux yeux et aux landaus, aux foules en bataille,
Dans nos cœurs d’émotion se tairont nos soucis.
Si on nous dit encor d’enfoncer la muraille,
De faire aller la joie en doux instants exquis,
Sur la pointe des pieds … cueille un je t’aime, dis
Commentaire by Ffup de Bretagne — 7 décembre 2022 @ 13:57
Attraper le plus haut,
Tel est le but
Auquel petite Mahaut
Se trouve en butte.
Il est en hauteur l’appât,
Mais Mahaut rien ne l’arrête.
Elle le veut et elle l’aura,
L’objet précieux de sa quête.
Pourquoi donc ses parents
Rangent-ils si mal les livres?
Elle en veut un pour les grands,
De ceux qui apprennent à vivre.
Cette chaise est trop petite,
Mais elle va y parvenir.
Il faudra pourtant faire vite
Car elle entend maman venir!
Commentaire by anémone — 10 décembre 2022 @ 2:39
Clara semblait trop occupée à raconter des histoires à ses poupées qu’elle ne s’est pas le moins du monde montrée intéressée par mon achat. Alors que moi je savourais d’une manière lente chaque page, tout en disant exprès à mi-voix c’est magnifique ou encore merveilleux.
Rien à faire. Clara se montrait sourde à tous mes mots et toutes mes exclamations de joie plus ou moins sincères. Elle continuait à parler à ses poupées avec le même sérieux que le Sermon de Saint Antoine aux poissons. Toute proportionnalité gardée. Évidemment.
C’est donc dans son indifférence la plus évidente que j’ai rangé à hauteur de regard d’homme mon précieux et magnifique nouvel achat, le livre illustré de Santa Claus (La légende du père Noël) de Michael G. Ploog. Tout en prenant le soin d’adresser à Clara les bonnes recommandations d’usage, auxquelles elle a répondu par un laconique, soupirant et presque indifférent je sais.
J’avoue que, malgré mon heureux sourire, je n’ai pas été étonné de la retrouver le lendemain matin, sur une chaise de fortune, en essayant d’accéder à mon Santa Claus, comme une alpiniste tente désespérément d’arriver au sommet.
Je savais que cela finirait par arriver. Puisque la meilleure manière que je connaisse d’éveiller la curiosité d’un enfant est de lui dire, d’un air sévère de préférence, Tu ne touches pas à ceci. Et si on a la gourmandise doucement pernicieuse d’ajouter Ce n’est pas encore pour ton âge, c’est encore mieux. Beaucoup mieux.
Commentaire by Armando — 10 décembre 2022 @ 23:49
« Ce n’est pas encore pour ton âge …
Mais elle,
Elle en veut un pour les grands,
De ceux qui apprennent à vivre. »
Nous sommes tous comme des alpinistes …
Oui
Merci à vous
Commentaire by Cavalier — 13 décembre 2022 @ 12:44