En vos mots 77
Elle ne sait pas que vous êtes là. Elle ne sait pas que vous l’examinez. Elle ne sait rien de vous, rien de ce que vous imaginez, rien de ce que vous écrirez. La lectrice peinte par Hans Hilse n’est préoccupée que par son livre, par le bonheur des pages qu’elle tourne en ce dimanche où l’automne s’installe petit à petit.
Elle ignore que dimanche prochain toutes les histoires qu’elle aura suscitées se verront publiées au pays de Lali. Elle ne sait rien de cela. Et probablement ne savez-vous pas encore ce qu’elle a à dire, si vous choisirez des vers ou pas pour la raconter. En vos mots.
Elle ne sait pas que vous êtes là à la fixer. Je suis seule témoin du regard que vous posez sur elle. Elle ne sait pas que vous écrirez et que je suis déjà à attendre vos mots, vos histoires.
Elle ne sait pas. Et je ne lui dirai rien.
À vous maintenant!
Elle ne sait pas et elle s’en moque, et elle a bien raison. D’ailleurs elle ne me donne qu’une envie, aller chercher un coin de soleil d’automne dans ma petite cour, m’y installer et bouquiner un peu…Alors, voilà, je te quitte bien vite lali, et je te remercie pour cette invitation à la lecture!
Commentaire by sylvie — 28 septembre 2008 @ 8:46
Bonjour mon amie, vous allez bien?…
Toutes les lettres de son amie commençaient par cette question, comme si chaque lettre était une nouvelle rencontre et qu’une voix suave et attentive voulait se rassurer que rien ne viendrait perturber leur rencontre.
Faut dire que Térèse a l’impression qu’elle et Maya sont amies depuis qu’elles ont été conçues. L’une dans un quartier pauvre du Missouri où elle a été victime de viol à l’âge de 7 ans et l’autre dans une maison bourgeoise d’Upper East Side, à l’est de Central Park.
Depuis la première fois que leurs regards se sont croisés à la fin des années 50, elles on su que le même sang d’amitié coulait dans leur veines. Son amie chanteuse de cabaret, s’intéressait déjà à l’écriture. D’ailleurs, à l’époque, elle ne s’intéressait qu’à chanter, danser et écrire.
Mais elles ne se sont jamais perdues. Même pas quand Maya est tombée amoureuse de l’ami d’un certain Mandela. Ni quand elle a dû élever seule son enfant, en une mère célibataire. Leur amitié ne s’est jamais fissurée. Elles étaient soudées comme deux sœurs. Comme deux femmes qui disent à un monde sourd depuis toujours que le vrai défi est pour l’humanité puisque les femmes les ont déjà tous relevés.
Elles ne se sont jamais perdues. Même pas quand Maya a cru au rêve de Luther King, de Malcolm X, de James Baldwin et de tant d’autres, et est devenue une militante chevronnée pour la condition de vie de la communauté noire américaine.
Elles ne se sont jamais perdues. Et chaque lettre, épaisse et parfumé, était lue avec les égards qu’on doit aux choses sacrées et uniques.
Et ce jour-là, Maya lui disait, avec son écriture heureuse et chantante « j’ai toujours cru que nous pouvions le faire, que nous pourrions nous rendre jusque là, parce que je sais pourquoi les oiseaux chantent dans leur cage ».
Commentaire by Armando — 28 septembre 2008 @ 8:56
LE CHIEN
Assise sur les marches où grimpent des glycines
Sa maîtresse lit tout haut un livre de médecine.
Il entend tout à coup: « Prenez soin de vos os ».
Ses oreilles se dressent! Que veulent dire ces mots?
Devrais-je les enterrer dans le jardin d’automne,
Ou près du merisier ou du sorbier à fruits?
Mais non! Elle parlait des fragiles os de l’homme
Qui se cassent et s’effritent comme du vieux crépi.
Flairjoy
Commentaire by Flairjoy — 1 octobre 2008 @ 6:17
La journée s’annonce belle, très belle. Florence a ouvert les portes de la maison afin que les odeurs des fleurs parfument l’intérieur. Florence est belle comme un coeur, elle a mis sa belle robe pour accueillir Arnaud, son fiancé. Il ne devrait pas tarder. Aujourd’hui est un grand jour. Il vont faire des projets de mariage tout en se promenant dans le jardin. Il y aura bien sûr la liste des invités à préparer, le choix du restaurant et des fleurs dans la chapelle. Son bonheur fait plaisir à voir, elle est radieuse, c’est un vrai rayon de soleil.
En attendant son fiancé, Florence a retrouvé sur une étagère un cahier où son père écrivait toutes les belles paroles de son chanteur favori, Charles Trenet. Son père lui a toujours dit que c’était pour elle qu’il l’avait fait et qu’un jour, il lui appartiendrait.
Florence feuilleta au hasard les pages et découvrit ce magnifique texte,
La maison du poète
C’est une bien gentille maison
Sans trop d’rimes ni d’raison
La maison du poète
Elle murmure soir et matin
Des musiques des p’tits riens
Qui mettent le cœur en fête
Quand il fait beau tous les oiseaux du ciel
Viennent se poser sur son toit rouge et calme
Quand vient l’hiver son refrain éternel
Évoque alors les golfes clairs les palmes
Et chacun porte dans son cœur
Un écho de son bonheur
Qui rend la vie sur terre
Plus troublante dans ses mystères
Et l’on aime sans façons
Du poète la maison
Où se trouve donc ce logis
Dans quel joli coin de France
Est-ce aux portes du grand Paris
En Bretagne ou en Provence
Ou bien lorsque tombe la nuit
Quand le rideau laissant le soleil
Cette maison vient-elle sans bruit
Du fond du beau pays des rêves
Quand il fait beau tous les oiseaux du ciel
Viennent se poser sur son toit rouge et calme
Quand vient l’hiver son refrain éternel
Évoque alors les golfes clairs les palmes
Mais chacun porte dans son cœur
Un écho de son bonheur
Qui rend la vie sur terre
Plus troublante dans ses mystères
Et l’on aime sans façons
Du poète la maison
Encore émue par ces mots, Florence se dit que le jour de son mariage, elle fera une promesse à son père et lui dira, papa, notre maison, sera la maison du bonheur.
Commentaire by Denise — 4 octobre 2008 @ 13:13