En vos mots 756

Alors que je viens à l’instant de valider les textes déposés sur la toile de dimanche dernier, que je vous invite à lire, il est temps de vous proposer autre chose.
C’est sur une illustration de l’artiste Wayne Anderson que mon choix s’est arrêté. C’est donc la première fois que vous aurez à imaginer des aventures livresques à un gnome!
Comme le veut l’habitude, vous avez une semaine devant vous pour le faire puisque ce n’est que dans sept jours que les commentaires seront validés et pas avant.
D’ici là, bon dimanche et bonne semaine à chacune et chacun d’entre vous!
Le lutin rouge lisait
Un livre sur les chapeaux
Pour voir comment était fait
Son bonnet pointu bordeaux.
Les champignons l’écoutaient,
Autour de lui tous en rond.
Eux aussi se questionnaient
Sur leurs couvre-chefs gironds.
Dans ce livre on trouvait
Sous toutes les coutures
Les plus intimes secrets
De toutes les coiffures.
A l’issue de la nuit,
On pouvait voir le lutin
Avec un feutre arrondi,
Le regard un peu mutin.
Les champignons quant à eux,
Portant des coiffes effilées,
S’amusaient à qui mieux mieux
De cette folle épopée.
Commentaire by anémone — 21 octobre 2021 @ 17:09
Je me dois de vous dire la vérité que personne n’a jamais voulu croire.
Enfant, la nuit, lorsque je regardais la lune, il y avait un petit bonhomme, très âgé et, comme il convient, très sage, qui me lisait des histoires. J’en ai fait mon ami. Mon seul ami.
Je l’écoutais jusqu’à ce que mes paupières triomphent.
Et le matin, lorsqu’il m’arrivait de vouloir raconter une de ces belles histoires que j’avais entendues la nuit, on me regardait avec mésestime. On soupirait lourdement. On levait les yeux au plafond en murmurant « quelle plaie ». On me disait Pas un mot de plus, sinon… et on faisait alors un geste menaçant en me montrant le dos de la main.
On m’a ainsi appris à avoir peur. Et je me suis dit que pour ne plus avoir peur, le mieux était de me taire. Tout garder au fond de moi. Ne plus jamais rien dire.
Je revenais de l’école. Je ne disais rien. J’allais jouer tout seul. Je ne disais rien. À l’heure du souper, à table, je ne disais rien. Et puis, j’allais au lit sans rien dire. Sans câlin ni prière.
Mais, seul dans le noir, je guettais l’arrivée de mon ami. Je le voyais, assis, à contre-lune, et j’écoutais son histoire. Heureux. Avant que les paupières…
Puis, un jour, sans que je m’en aperçoive réellement, le bonhomme s’en est allé en emportant avec lui toutes mes rêveries d’enfance. Et je suis resté seul. Terriblement seul. Et silencieux.
Mais je me dois de vous dire la vérité que personne n’a jamais voulu croire.
Commentaire by Armando Ribeiro — 24 octobre 2021 @ 4:01