En vos mots 747

Va-t-elle écrire une phrase, ou même quelques lignes, lorsqu’elle aura terminé son dessin? À vous de nous dire, en vos mots, ce qu’évoque cette toile de l’artiste espagnole Myriam Arnold Llao.
C’est avec plaisir que nous vous lirons dans une semaine exactement, et pas avant, au moment de la validation des textes. Cela vous laisse donc amplement le temps de lire les commentaires déposés sur la toile de dimanche dernier et d’écrire quelques lignes.
D’ici là, bon début d’août et bonne semaine à tous les envosmotistes et à ceux qui les lisent.
Elle était inspirée
Et sans en avoir l’air
Elle n’écrivait jamais
Sans son crayon Staedtler.
Elle aimait dessiner
Des fleurs dans des parterres,
Des animaux, des fées,
Tout au crayon Staedtler.
Elle avait un tracé
Fin et plein de mystère,
Et de beaux déliés,
Grâce au crayon Staedtler.
Parfois elle gommait
Sa création d’hier
Mais là aussi l’aidait
La gomme du Staedtler.
Un jour on lui offrit
Dans une grande boîte
Des crayons bien jolis
De marque Caran d’Ache.
Elle les adopta
Et remisa un peu
Dans un geste ingrat
L’outil devenu vieux.
Les coloris divers
Paraissaient sans défauts.
Un crayon ordinaire
Lui semblait bien moins beau.
Mais l’attrait du nouveau
Fut assez éphémère.
Et on revit bientôt,
Triomphant, le Staedtler.
Commentaire by anémone — 2 août 2021 @ 16:32
Avec ses airs de laisser le temps faire un peu nonchalant, Monsieur l’ambassadeur prétendait être le fruit juteux des années flower power, comme il aimait si bien me le répéter. « Mon cher Armando, me disait-il avec un sourire fier, si tu as vu Woodstock, tu ne verras jamais mieux. Malheureusement pour toi, tu étais trop jeune. »
Il aimait Bob Dylan et Canned Heat de qui il chantait On the road again chaque fois qu’il devait montrer son sourire creux, au bras charnu de Madame, dans ces soirées où on ne fait que faire connaissance pour mieux s’ignorer dès le lendemain.
Moi, pendant ce temps, je gardais Émilie, qui était aussi jolie que celle du conte de Philippe Chatel, mais qui, selon Monsieur l’ambassadeur devait son nom à une certaine sainte Émilie de Rodat, fondatrice de l’ordre ses Sœurs de la Sainte-Famille. Tiens donc. Rien que ça. Pauvre Émilie.
Toujours est-il qu’entre nous, Émilie et moi avions adopté comme origine de son nom la version Philippe Chatel. Bien plus vivante et joyeuse.
C’est lors d’une soirée où, comme d’habitude, nous avons beaucoup ri, qu’Émilie, à l’heure de se mettre au lit, m’a demandé si elle pouvait me confier un secret. Juste entre elle et moi. « Ce sera notre secret pour toujours. » Amusé, je lui ai répondu par l’affirmative. Et c’est alors qu’elle m’a dit : « Le sais déjà lire. Tu veux voir?… Et sans attendre ma réponse, elle s’est mise à lire ses premiers mots, encore hésitants mais justes.
Heureux, je n’ai pas pu m’empêcher de penser à ce pauvre ambassadeur, sûrement ravi de sa soirée parfumée et mondaine, mais sans intérêt.
Vers une heure du matin, lorsqu’il est rentré, nous avons échangé nos mots creux habituels.
– Alors, mon petit Armando tout s’est bien passé?… Rien de spécial?…
– Oui, Monsieur l’Ambassadeur tout s’est bien passé. Émilie dort paisiblement. Rien à signaler.
Il a alors arboré son légendaire et heureux sourire flower power. Moi, je l’ai quitté en chantonnant Je pars, le vol de nuit s’en va…
Je n’allais quand même pas trahir un si précieux secret.
Commentaire by Armando — 3 août 2021 @ 1:47