En vos mots 549
Un concert dans une bibliothèque? C’est ce qui se dégage au premier coup d’œil de la toile d’Antônio Carlos Nicolielo que je vous propose cette semaine.
La suite vous appartient. À vous de donner libre cours à votre imagination et d’écrire quelques lignes en vers ou en prose afin de donner vie à cette scène livresque et musicale à la fois. Nous vous lirons dimanche prochain et pas avant, car aucun commentaire ne sera validé d’ici là. Profitez-en pour lire ce que les envosmotistes ont écrit à partir de l’illustration de dimanche dernier. Ce n’est jamais banal.
D’ici là, bon dimanche et bonne semaine à tous!

Je pense à Tulitu, cette librairie belgo-québecoise de Bruxelles plutôt petite, mais toujours prête à accueillir un sympathique événement. Chapitre XII aussi, le long des étangs d’Ixelles. Ou la Licorne, où je ne me rends pas souvent, car pour moi c’est loin. Je pense à bien d’autres lieux encore, où les livres sont rois, et où sont organisés des concerts, des séances de signatures, des expos. Qui s’y rend? Parfois une foule qui se presse. Parfois une petite poignée de gens. Le nombre ne fait rien à l’affaire. Toujours j’y trouve une chaude ambiance. La valeur n’attend pas le nombre des clients.
Aujourd’hui Noëlle s’est rendue, transportée, dans un de ces lieux si charmants. Peu lui importe d’être seule. Peu lui importe aussi de ne pas l’être. Elle et l’unique, pour qui le musicien joue. Il ne joue que pour elle. Elle est seule, oui. Mais tous ces couples autour d’elle ne sont que la réplique à peu près parfaite de celui qu’elle forme avec lui. Lui juché sur son échelle, et elle d’apparence si anonyme parmi les auditeurs, sont davantage ensemble que n’importe quel autre duo. Car il est capable d’une chose extraordinaire: tandis qu’il joue de son instrument, il lui chuchote en silence les plus doux mots à l’oreille.
Commentaire by Anémone — 18 octobre 2017 @ 14:31
On s’en allait vers nos destins
Boire nos rêves d’une autre vie
Avant de reprendre le lendemain
Celle qu’on n’avait pas choisie
Et on recommençait à se mentir
À faire semblent d’être heureux
On parlait pour ne rien dire
C’était devenu comme un jeu
Paul était toujours ailleurs
Habillé de sourires et de mystères
Une ombre dans le décor
Il ne nous parlait jamais d’hier
C’était un garçon solitaire
Comme on dit « très réservé »
On avait des propos lapidaires
On le trouvait un peu efféminé
Puis un jour comme un aveu
Quelqu’un nous a révélé sa passion
Qu’il était tellement prodigieux
Lorsqu’il jouait du violon
Alors que nous, pauvres d’esprit
On s’en allait à nos doux riens
Boire nos rêves d’une autre vie
Avant de reprendre le lendemain…
Commentaire by Armando — 21 octobre 2017 @ 0:51
Il venait de loin, de son shtettle – là-bas, dans la froide Pologne.
Et pendant que le violon vibrait sur son épaule, que tout son corps, en apparence immobile, était traversé par la musique, il revoyait les palissades entourant Vitebsk… Les poètes… Le rabbin… La synagogue… Les Livres sacrés, si lourds. Les objets du culte, la mesuzah à la porte de sa maison… Et sa mère. Qui lui avait dit « pars mon petit, pars mon gars, ta vie, elle est là-bas! ».
Il était poète, musicien, danseur, un peu peintre aussi, et tout à fait magicien.
Il se sentait bien, dans cet environnement de livres. Là, il y avait des femmes qui riaient. Les accents délicieux de sa langue parvenaient jusqu’à lui par moments. Puis il fermait les yeux et rejouait. Et les baisers claquaient, et les vénérables dames chuchotaient les mariages qu’elles aimeraient conclure. Et elles échangeaient des recettes de cuisine, celles des grands livres aux pages un peu graisseuses…
Et dans chaque duo, attentif à la musique, les mères, attendries, et le musicien, joyeux, voyaient déjà des mariages, le grand dais à l’ombre duquel la mariée rosit, et les rideaux des berceaux, ô Israël, éternel est ton amour ……………… Pensait-il en jouant de plus belle.
Commentaire by Pivoine — 22 octobre 2017 @ 21:01