En vos mots 464
Alors que je viens à l’instant de valider les textes que vous avez déposés sur l’illustration de dimanche dernier, que je vous invite d’ailleurs à lire, je vous propose en ce dimanche une scène à la fois livresque et féline signée Linda Benton pour laisser libre cours à votre imagination.
Vous avez une semaine devant vous pour nous parler de cette grand-mère et de ses douze chats, car aucun commentaire ne sera validé avant dimanche prochain. Vous pouvez donc prendre votre temps et examiner chacun des nombreux détails de cette illustration des plus colorées.
D’ici là, bon dimanche et bonne semaine à tous!

A une certaine époque, ceux qui voulaient taquiner l’Adrienne lui posaient cette question:
– Mais dis-moi, tu as combien de chats?
Comme elle maîtrise très mal l’art du mensonge – sauf peut-être celui par omission – elle rougissait et balbutiait:
– Euh… quatorze… je pense…
Elle ajoutait « je pense » au cas où l’une de ses chattes aurait donné naissance, entre-temps, à une nouvelle nichée.
La réponse – pour une raison inconnue d’elle jusqu’à ce jour – faisait toujours beaucoup rire son auditoire:
– Quatorze chats! hahahahahahaha!
On s’esclaffait, on se tordait, on en avait des larmes aux yeux et des crampes dans les muscles abdominaux…
La seule fois où on n’a pas ri, c’est quand elle a répondu « Vingt! » d’un air de défi. Personne n’a voulu le croire ;-).
C’était pourtant l’exacte vérité: quatre matous castrés et trois chattes lubriques qui avaient chacune une nombreuse progéniture.
La blague n’a pris fin que le jour où l’Adrienne a répondu:
– Des chats? J’en ai deux.
Deux chats, ça ne faisait plus rire personne et tout le monde était très déçu.
C’était pourtant un duo très comique.
Commentaire by Adrienne — 28 février 2016 @ 9:38
Saute-moutons et chats-perchés multicolores en tricycles
La vision chez mon chat
Décline son monde de demi-teintes félines,
Bleutées, jaunes ou grises
Chez moi, au fond de mon œil de vair
S’animent peu de réflexions,
Et cela m’absorbe…
Ma rétine cabotine titille
Des photons polissons,
Mon esprit retourne
Et torture sans arrêt
Des images de spectres
En fantômes iconiques…
Ainsi l’arc-en-ciel extérieur se dévoile
Tel qu’il est,
Fidèle,
Mis à nu.
Et mes rêves les plus fous
En deviennent hystériques, magiques, trichromatiques.
Ma raison alors se campe debout sur ses trois pieds,
Droite sur ses fondations :
Marines ciel et eau,
Verdeurs plantureuses,
Sanguines flamme et forge…
Mais la peinture originelle se dévoile
Et s’expose aujourd’hui
Aux regards d’une chimère animale
En gènes humains troublée…
Ce nouveau chat des villes aura-t-il des songes ?
Méditera-t-il sur lui, sur l’univers ?
Quand son espèce modifiée, impulsée, amplifiée
Par ce tableau dérangé, libèrera
Elle aussi un jour lointain
Cet autre fantasme
Haut en couleurs,
Quantique quant à lui…
Desseins de saute-moutons,
Sur le dos de minuscules nuages d’atomes transis
En condensats de Bose-Einstein
Si joliment nommés,
Par des atomes solitaires,
Petites puces déchaînées,
Émissaires bourlinguant d’un troupeau froid à l’autre,
Portant et transmettant l’information,
Étincelles lumineuses,
Á fournir pour action au cumulus élu,
Échues,
Au dernier qui y est :
C’est toi le chat !
Alors,
La lumière colorée à nouveau par le feu dérobé
Une fois encore…
Au cœur du monde, cherra !
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Commentaire by Cavalier — 2 mars 2016 @ 11:47
Quelle gageure de finir un bouquin
Avec autant de chats pitres.
En compagnie de tels voisins,
Impossible d’aller plus loin
Que le titre.
Qui lit au lit avec des félins
Devrait essayer plutôt le pupitre.
Ou prendre un chien.
Commentaire by Anémone — 3 mars 2016 @ 14:40
Rien ne se passe au troisième
C’est toujours la même chose
En novembre les chrysanthèmes
Viennent écraser les roses
On dit qu’elle est dérangée
Les enfants se moquent parfois
Mais entre ses chats et sa télé
Elle ne les entend pas
L’eau a passé sous les ponts
Et s’en est allée mourir en mer
Mais elle garde toujours le nom
De celui qui a perdu la guerre
Elle l’aimait tellement fort
Qu’elle ne l’a jamais oublié
Pour tous les autres il est mort
Et depuis longtemps enterré
Et lorsque je lui dis bonjour
Elle m’offre son plus beau sourire
Entre l’absence et l’amour
Il n’y que l’espace de le dire…
Il me semble que c’est Chopin
Qu’elle écoute chaque soir
Pour effacer son chagrin
Pour apaiser sa mémoire
Commentaire by Armando — 4 mars 2016 @ 7:09