En vos mots 299
Alors que je viens tout juste de valider les commentaires sur la toile de la semaine dernière, il est temps d’accrocher à votre intention la dernière toile de l’année. Celle sur laquelle vous aurez envie de dessiner quelques mors, celle qui vous inspirera quelque poème, celle qui suscitera votre imagination et vos souvenirs.
Et pour terminer l’année avec un peu d’humour, il me plait d’offrir à vos mots cette scène à la fois livresque et amusante de l’illustratrice finlandaise Inge Löök.
Puisse-t-elle susciter de nombreux textes! Nous les lirons l’an prochain!

Voici la plus merveilleuse façon de terminer l’année! Comme deux petites filles qui rient aux larmes tout en s’empiffrant de chocolat…il est bon de se garder une petite planque de temps en temps à l’abri des curieux!
Bonne et belle année a tous les amoureux des mots.!!
Commentaire by Zoé — 31 décembre 2012 @ 19:56
Le petit village de mes vacances d’enfant avait vu naitre la seule grand-mère que j’ai connue. Elle s’appelait Rose. Ses cheveux étaient blancs comme les nuages d’été, elle sentait bon la lavande et son rire était insouciant et chaleureux. Comme un soleil brûlant au cœur du mois d’aout.
Elle avait un tout petit magasin de livres tout au bout de la rue principale du village. À l’opposé de l’église, où elle n’entrait jamais. Même pas les jours de deuil. Préférant rester à l’extérieur pour faire ses adieux à ceux qui faisaient partie de l’histoire de sa vie.
Enfant, j’ai longtemps cru qu’elle avait lu tous les livres de la terre tellement elle connaissait d’histoires qu’elle aimait tant raconter en changeant de voix et de mimique selon les personnages. Son amie Marguerite venait parfois lui prêter main-forte. Elles se cachaient sous la table et improvisaient, avec une joie enfantine, une quelconque histoire sortie de leurs imaginaires tendrement fertiles, où les fleurs se donnaient rendez-vous chaque printemps, pour entendre chanter les oiseaux et la rivière.
Je ne me souviens pas d’avoir jamais été aussi heureux que lorsque j’étais en leur compagnie.
Puis, un jour elle a disparu. Elle s’en est allée rejoindre Marc, son tendre époux, mort de chagrin lorsque Paul est mort à la guerre, et sa sœur qu’une maladie inconnue avait emportée. Et ses parents qui lui manquaient tant.
Pour les gens austères du petit village, elle était quelqu’un qu’on disait bizarre. Une originale. Une sorte de sorte vieille folle. Il faut dire que les gens n’ont jamais rien compris grand-chose à la tendresse.
Commentaire by Armando — 1 janvier 2013 @ 7:36
Enlève tes chaussettes, tu es mon invitée,
Glisse toi sous ma table, on va prendre le thé.
J’ai tellement de livres qui prennent toute la place!
Veux-tu un chocolat, un gâteau, une glace?
Te rappelles-tu le temps de notre prime jeunesse
Où on se construisait des châteaux de princesse
Avec des couvertures et des coussins brodés?
Que de beaux souvenirs! À la tienne Aglaé!
Commentaire by Flairjoy — 5 janvier 2013 @ 8:04
Hortense n’eut même pas besoin de sonner à la porte, Marguerite la guettait et lui ouvrit bien largement la porte dès qu’elle entendit le déclic de l’ascenseur.
– Entre vite, lui chuchota-t-elle. Agathe est à la salle de bains, elle en a au moins pour une heure, on sera bien tranquilles.
Hortense la suivit dans le salon. Elle fut étonnée de voir que la table et les chaises étaient surchargées de livres et ne sut où déposer son bouquet de tulipes et ses boîtes de gâteaux et de chocolats.
D’une main preste, Marguerite souleva un pan de la lourde nappe rose festonnée qui traînait jusque sur la moquette.
– Qu’en penses-tu? fit-elle à Hortense avec une excitation toute juvénile dans la voix.
C’est ainsi qu’elles prirent le thé, en étouffant leurs rires pour ne pas alerter Agathe, qui n’aurait pas vu d’un bon oeil que sa mère et sa tante s’empiffrent de toutes ces sucreries formellement interdites par leur médecin.
– On n’a pas tous les jours quatre-vingts ans, conclut Hortense en chantonnant.
http://www.youtube.com/watch?v=BsKTLQdMl24
Commentaire by Adrienne — 5 janvier 2013 @ 9:00
— Alors, ce week-end à Paris ? Ça s’est bien passé ?
— Bah, Françoise, j’ai laissé ma coiffe après moi,
Là-bas, mais j’ai pas été écrasée avec les voitures… 🙂
— Et votre grand fils, ma Marie, venir nous voir, lui, il ne fait plus…
— Gasp ! Ça non. Il fait toujours tout autour de son travail.
Avant il venait même moitié trop,
Avec sa petite famille,
Souventes fois
Quand ils partaient sur les chemins, quand ils partaient de bon matin,
Avec sa grosse Traction-Avant noire,
La croix de Lorraine bien plantée au devant du capot…
— Je m’en rappelle…
Une fois le temps, un jour, ils reviendront au cœur de la Bretagne.
Ils arriveront l’après-midi,
Fatigués, mais heureux de se retrouver en plein désert.
— Oui, et alors ils retrouveront les chemins creux
Pleins de primevères,
Le petit pont de bois qui passe la rivière,
Qui court sur les galets.
L’eau froide si fraîche.
Et notre village ardoise et pierre…
— Au milieu de tout, le soir, enfin,
Tu auras ton grand fils à manger.
Tu auras sa petite famille…
— Chut, chut, la Françoise,
On va arrêter par-là de se rabattre de la goule. 😉
Oui, je serai bien rendue à casser des grosses branches sur mes genoux,
Et à les jeter dans la cheminée.
Bien sûr, l’odeur de la terre battue,
Des poutres moisies, des pierres mouillées,
De la fumée du bois vert
Sera à les prendre à la gorge…
— Et Mamgoz Marie, à la fin du repas,
Tu ne seras pas avec ton dessert
À faire quelque chose ?
— Oh, oui, bien, bien… Allez, venez les enfants.
Dans ma boîte en fer, là…
Drelin… Drelin !
J’ai pour vous des friandises bien croustillantes.
Et oui ! Ma Doue beniget !
Avec mon dentier, je ne peux plus les croquer, les dragées,
Alors je les suce bien,
Et je les garde pour vous, les amandes… 🙂 »
Ffup de Bretagne
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Bretonnismes et mots bretons :
Avoir qqun à manger : manger avec qqun
Au milieu de tout : tout à coup
Autour : après, auprès de
Avec les voitures : par les voitures
Battre de la goule : papoter
Etre à faire qquechose : en train de faire qquechose
Gasp : mince
Laisser qquechose après moi : oublier qquechose
Ma Doue beniguet : Dieu béni
Mamgoz : grand-mère
Moitié trop : deux fois trop (!)
On va arrêter par la : on va s’arrêter maintenant
Rendu à : être à l’étape de, en train de
Une fois le temps : de temps en temps
Commentaire by Ffup de Bretagne — 6 janvier 2013 @ 5:18