En vos mots 27
Pour marquer le coup de six mois de création, de six mois d’En vos mots, voilà des heures que je traîne dans ma galerie, examinant un tableau et puis l’autre, les scrutant. Tout en sachant que l’un écarté pour le moment, des centaines sont là à attendre que je décide de leur sort.
J’ai longtemps, longuement hésité. Tout ça pour en arriver à me dire pourquoi pas… Pourquoi pas, en effet, un tableau archi connu d’un grand maître? Pourquoi ne pourriez-vous pas le raconter à votre manière, avec ce qu’il vous inspire, même s’il a maintes et maintes fois été analysé sous toutes les coutures?
Le voilà donc à vous. Ou plutôt, LA voilà à vous pour sept jours. La femme en bleu lisant une lettre de Johannes Vermeer.
Puisse-t-elle se raconter un peu. Puisse-t-elle se dire en vos mots. En toute simplicité.

LA LISTE
Bon! Et bien je crois que ma liste est complète:
-Ceinture de Sainte Marguerite
-Talismans
-Roses de Jéricho
-Sachet contenant des agates et des racines de mandragore
-Huile d’amande douce et sucre candi
-Jaunes d’oeufs sucrés
-Bouillon de chapon
-Vin pour la « bonne mère »
-Linges, toiles,vieux chiffons
-Eau
-Bassins
-Paillasse près de l’âtre
-Bois pour le feu
-Tire-botte à trois branches
-Leviers
-Forceps
Je pense que tout est prêt. Pourtant je ne sais pas pourquoi, mais… plus je la vérifie et plus j’ai peur…
Flairjoy
Commentaire by Flairjoy — 14 octobre 2007 @ 14:31
Comme il est loin le temps où je t’ai embrassé la dernière fois, tu étais blottie dans mes bras. Je t’avais dit, prends bien soin de toi et du petit, ne fais pas d’efforts. Tu n’as pas oublié mes paroles ? non ! bien sûr que non !
Ma chérie, je reviendrai le plus vite possible, avant la naissance du petit. Je te le promets mais auparavant, je dois terminer ma mission qui me retient loin de toi.
Voilà le début de la lettre que lit la femme en bleu.
Son coeur palpitait et ses doigts serraient cette lettre en se disant « pourvu que mon amour arrive à temps ».
Nous serons enfin réunis tous le trois et les rires ou pleurs de notre bébé nous rempliront de joie.
Commentaire by Denise Rossetti — 14 octobre 2007 @ 14:57
Je me demande souvent à quoi tient votre notoriété. Vous n’êtes pas très belle même si une certaine grâce féminine — devrais-je dire maternelle ? — émane de votre silhouette arrondie. La quiétude d’un intérieur bourgeois, la lumière qui dessine vos formes et vous accorde quelque sensualité, la lettre que vous tenez serrée dans vos mains ne justifient en rien votre célébrité. L’arrière-plan est assez banal même si on peut commenter l’harmonie des tons, le thème de la correspondance aussi, même si on peut gloser sur le petit carré blanc de la lettre qui attire l’œil, ou sur son contenu que l’on peut imaginer, enfin votre veste ne saurait suffire à faire de vous la «Femme en bleu lisant une lettre » Vous n’avez même pas de nom. Mais alors, à quoi tient votre titre de chef-d’œuvre ?
Vous n’êtes pas là. Vermeer a peint l’absence. Et c’est fascinant.
Plus on vous regarde et plus vous nous échappez ! Vous ne sentez pas l’œil du maître ou du spectateur se poser sur vous. Vous êtes ailleurs, à tel point qu’il vous est indifférent que l’on vous surprenne dans cette lecture intime. A chaque fois que nous vous observons, nous espérons de votre part un moment d’attention à notre égard : signe de la tête ou de la main, sensation que vous percevez notre présence attentive pour créer un lien entre le peintre et son modèle entre le sujet et le spectateur… en vain !
Finalement le personnage principal, ce n’est pas vous mais celui qui vous écrit et auquel vous appartenez au point d’oublier complètement, sans aucun défi ou mépris, ceux qui vous contemplent. Vous êtes ailleurs. Et c’est ce correspondant que nous cherchons à imaginer et dont nous sommes en quête parce qu’il vous arrache à notre présence. Vous êtes la seule à pouvoir nous conduire jusqu’à lui et c’est ce que nous espérons chaque fois que nous venons vous admirer, tout en sachant qu’il est vain de vous demander de laisser un instant votre lettre pour accéder à notre prière.
Vermeer aurait-il accédé à la modernité en montrant ce que l’on ne peut montrer ?
Commentaire by Reine — 19 octobre 2007 @ 16:27
Aimer est croire que tous les amours sont possibles et que tous les rêves sont réalisables.
Il y aura toujours quelque part une lectrice en bleu qui atend que les rêves prennent la forme des mots qu’on écrit. Surtout si ces mots sont décorés de sincérité et de désir. Les seules amours interdites sont ceux qui s’abritent sur le mensonge des sentiments. Pas ceux qui avouent leur faiblesse. Leur raison d’être.
Et elle attend. Elle sait que le temps compte et qu’il a un prix. Une heure, un jour, un instant. Quelle importance? Elle sait que la goutte d’amour qu’il lui versera sur ses lèvres sera pure et unique. Elle sait que ses mains liront son corps comme jamais elles n’ont lu d’autre corps. Elle sait que l’histoire est remplie de ces amants éphémères desquels l’Histoire parle encore.
Il n’y a pas d’amour plus noble que celui de deux amants qui se donnent tout en sachant qu’ils ne feront jamais partie de cet ennui qui transforme l’amour en indifférence. Parfois en haine. Toujours en habitude pesante.
Et elle atend. Malgré les mises en garde. Malgré les larmes qu’on jette sur son bonheur. Elle atend. Dignement. Silencieusement. Accrochée a ces mots que son amoureux lui a adresséa, et que la font frémir. Qui la font sentir femme. Qui la rendent heureuse. Vivante.
Et elle sait déjà qu’ils vont se sourire. Qu’ils vont s’enlacer. Qu’ils iront vivre leur histoire malgré les autres. Tous les autres.
Parce qu’ils s’aiment. Au delà des convenances. Au delà des mots haineux. Au delà de toutes les peurs.
La dame en bleu sera heureuse. Elle écrira sur sa peau des souvenirs éternels. Ineffaçables. Et aura sur ses lèvres le goût de son amour pour lui.
Et ils savent qu’ils s’aimeront pour toujours, même si de temps a temps la dame en bleu relira ses mots éclairés par la lumière du jour. Et versera une larme. Quelquefois un sourire.
Commentaire by Armando — 20 octobre 2007 @ 22:11
J’adore la peinture flamande !
Commentaire by Tietie007 — 24 octobre 2007 @ 16:56