Ce que mots vous inspirent 44
Le voyage est une espèce de porte par où l’on sort de la réalité comme pour pénétrer dans une réalité inexplorée qui semble un rêve. [Guy de Maupassant]
Elle qui ne rêve que de partir, d’aller au delà de ses rêves, au bout d’elle-même et de ce que la vie recèle de promesses, s’est attardée longuement sur la phrase de Maupassant. Et la lectrice de Malcolm T. Liepke s’est mise à rêver.
La phrase a-t-elle sur vous le même effet? Nous saurons mercredi ce que mots vous inspirent et pas avant. Le temps que chacun de ceux qui auront envie de la commenter puisse le faire sans se presser.
Bon mercredi à tous!

Dans le cœur de Sabine, ses rêves se bousculent. Elle ne les compte plus tant ils sont nombreux.
Son rêve favori est de voyager mais pas n’importe où. Au Japon.
Certains documentaires sur ce pays l’ont toujours fascinée. Elle en rêve depuis ses quinze ans, le jour de son anniversaire où son oncle lui offrit un magnifique livre illustré des plus beaux endroits du Japon. Depuis ce jour, son rêve ne la quitte plus.
Sabine est téléphoniste dans une multinationale, elle gagne bien sa vie et habite dans un coquet appartement, tout confort.
Elle est bien consciente que son travail lui apporte beaucoup de facilité et parlant plusieurs langues, elle peut communiquer avec des clients du monde entier.
Mais voilà ! Elle ne parle pas japonais. Sabine constate que c’est vraiment dommage.
– C’est dans le pays que l’on apprend plus facilement une langue, se dit-elle.
Je vais en parler à mon directeur afin d’obtenir ma mutation.
Justement, dans le livre de mon oncle, on parle d’une jolie ville « Atika » qui a beaucoup d’atouts. J’ai lu également que c’était une ville industrielle, universitaire et surtout très touristique. Elle est connue pour son festival des lanternes chaque année au mois d’août. Ce sera parfait. Le soir, je prendrais des cours à l’Université et lorsque je reviendrais en France, je parlerais couramment le japonais.
Le lendemain, Sabine prend rendez-vous avec son directeur et lui expose son souhait.
– Mademoiselle, je dois soumettre votre demande au Conseil d’Administration et vous aurez votre réponse la semaine prochaine.
Sans connaître la réponse, Sabine est folle de joie d’avoir fait la démarche. Elle répond aux appels téléphoniques en souriant même si les interlocuteurs ne la voient pas et à 18h00, elle se trouve sur le chemin de son logis avec des ailes dans le dos.
Sabine rêve. Elle rêve du Japon, de la ville, elle imagine la vie là-bas. Bien sûr, elle devra apprendre les us et coutumes mais de cela, elle s’en réjouit.
Arrive le jour « J » où son directeur la convoque.
– Mademoiselle, votre mutation est accordée mais il est de mon devoir de vous avertir que la vie au Japon ne sera pas de tout repos. Vous logerez dans un tout petit appartement, 20m2 au plus et vous devrez rendre des services à la propriétaire qui donne quelques signes de fatigue. De plus, le trajet de chez vous au travail sera long.
Etes-vous toujours d’accord ?
– Oh oui, oui ! Il n’y a pas de problème. J’accepte.
– Très bien Mademoiselle. Vous partirez dans deux semaines, ce qui vous laisse largement le temps de préparer vos effets personnels. Veuillez signer au bas de la page. Merci.
Heureuse comme jamais, Sabine rentre chez elle et commence à faire le tri. Elle emportera avec elle ses livres, enfin pas tous car dans 20m2, elle n’aura pas assez de place, des souvenirs dont elle a à cœur et ses vêtements.
Les meubles iront dans un garde-meubles puisque après ses deux ans passés au Japon, Sabine pense retrouver rapidement un nouvel appartement. Enfin, c’est ce qu’elle se dit !
Sabine s’installe à Akita et fait la connaissance de sa propriétaire. Son directeur n’a pas menti. C’est exactement ce qu’il lui a décrit. Le trajet est également très long et ses journées au travail plus les cours du soir l’anéantissent. Tiendra-t-elle deux ans ? Il le faut bien maintenant qu’elle a dit oui et qu’elle a signé.
Petit à petit, la vie de Sabine prend forme. Elle se fait des amis au travail et au cours mais pas question de faire la fête le week-end. Sabine est tellement épuisée qu’elle consacre ces deux jours à se reposer.
Au bout de quelques mois, elle commence à déchanter. Je me demande si j’ai bien fait de venir au Japon. Les illustrations sont une chose mais la réalité en est une autre.
Bon dit-elle, Sabine, tu es forte et jeune. Tu tiendras bon jusqu’au bout. Elle se motive.
Après presque deux ans, Sabine parle et écrit couramment le japonais. Cette jeune est vraiment douée et pourra bientôt rentrer en France. Son stage se termine dans deux mois. Elle se sent soulagée.
Avant son départ pour le Japon, Sabine avait un bon emploi, un bel appartement, une vie de rêve mais elle rêvait d’avoir mieux et elle se remémore cette citation de Guy de Maupassant « Le voyage est une espèce de porte où l’on sort de la réalité comme pour pénétrer dans une réalité inexplorée qui semble un rêve. »
Dorénavant, se dit Sabine, je vais me contenter de ce que j’ai.
Commentaire by Denise — 31 août 2008 @ 15:51
Voyager par le rêve est parfois plus intense en émotion que le voyage lui-même.
Certes dans la réalité le voyage procure des souvenirs, mais le voyage en rêve peut se renouveler à l’infini.
Commentaire by chantal — 2 septembre 2008 @ 8:52