Ce n’est pas le moment
Les souvenirs sont du vent, ils inventent les nuages.
[ Jules Supervielle ]
L’une lit une lettre, l’autre crochète. La première s’émeut des mots doux de la missive et rêve à haute voix. La seconde fait peut-être part de cette citation de Supervielle à la liseuse de Conrad Pfau. Comme pour préciser que certaines phrases, aussi bien senties au moment où elles ont été écrites, deviennent un jour du vent.
Mais ce n’est pas le moment. La liseuse ne veut pas penser au jour où les souvenirs qu’elle lit s’envoleront pour laisser place aux nuages de la tristesse. Et c’est son droit le plus légitime. Et tant pis si l’autre a tout oublié des lettres d’avant. La liseuse a envie de rêver.