Lali

21 mai 2008

Livres et cahiers d’écriture

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Il y a des années, en 1984 en fait, le Musée des Beaux-Arts de Montréal avait tenu une exposition dédié au peintre William Bouguereau, laquelle avait suscité un attrait quasi immodéré pour ses anges. Il y en avait partout. Affiches, signets, sacs, tout était cette année-là à l’effigie des anges de l’artiste bordelais. Si bien que je me demande s’il y avait dans les toiles accrochées ces enfants aux livres et aux cahiers d’écriture qui ont tant de charme…

12 avril 2008

Si d’aventure un jour…

Filed under: Couleurs et textures,Images indélébiles — Lali @ 17:56

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Curieux ces souvenirs qui nous assaillent au détour d’une phrase. Ces images d’une autre époque auxquelles on ne pense jamais et qui existent pourtant. Celles de soirées de poésie dans cette maison en ruines où vivait un peintre. La rumeur disait même qu’il la squattait. Mais personne n’a jamais vraiment su et je crois que personne ne voulait non plus le savoir. Tant que la maison nous accueillait un samedi soir par mois. Tant que le piano ne sonnait pas trop faux. Tant qu’il y avait du café et du vin. Tant qu’il y avait des bougies.

Est-ce parce que j’avais longtemps fréquenté les matches de la LNI que l’idée m’est venue? Est-ce parce qu’à cette époque rien ne m’arrêtait, pas la plus petite idée, si saugrenue pouvait-elle être? L’histoire ne le dit pas et je n’ai que des souvenirs bien vagues du pourquoi et du comment. Je sais seulement qu’un samedi soir de février 1985 je suis arrivée avec un chapeau rempli de bouts de papier sur lesquesls j’avais inscrit des citations, des expressions, des titres.

J’allais faire de l’écriture un jeu. Tirer du chapeau ce qui allait nous faire écrire. En dix minutes ou moins. J’aurais pu lire quelques poèmes, ce que je faisais d’habitude. Mais j’ai eu envie d’autre chose. Et si je pense à tout ça, c’est que j’ai ouvert mon cahier de poèmes et que j’ai retrouvé des traces de ces improvisations. Elles ne valent pas un clou. Mais comme nous nous sommes amusés. Si bien que nous avons répété l’expérience. Quelques fois. Pour freiner la morosité. Pour décrocher des sourires. Pour le partage.

Et tandis que le cahier est ouvert, que je regarde dehors comme le fait la lectrice de Sandra Batoni, je me demande s’il reste encore des gens qui ne se prennent pas au sérieux et qui me suivraient si d’aventure un jour…

30 mars 2008

J’aurais tout fait pour lui plaire

Filed under: Couleurs et textures,Images indélébiles — Lali @ 14:10

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J’aurais tout fait pour lui plaire. J’ai tout fait pour lui plaire. Surtout lire. Parce qu’il aimait les livres. Parce qu’il aimait les enfants à l’âge où ils savaient lire. Pas les bébés à qui on fait guili guili. Et j’ai appris vite. Les lettres, quelques mots. Et comme il était fier.

Et je m’installais avec mes lunettes de plastique qui me venaient de ma trousse de docteur. Le stéthoscope bidon n’était pas loin et je m’en servais de temps en temps entre deux paragraphes. Parce qu’on ne peut pas être sérieux tout le temps.

Aucun mot ne me rebutait. Je les prononçais plus lentement quand je n’étais pas certaine. Un truc que semble avoir adopté la lectrice de Georgios Iakovidis. Et quand j’avais fini l’article du journal, je recevais les plus doux des baisers. Ceux d’un grand-père à qui je plaisais. Je dirais même plus : qui m’aimait.

23 mars 2008

La chanteuse de gospel

Filed under: Couleurs et textures,Images indélébiles — Lali @ 6:55

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Il me semble l’avoir croisée autrefois. Pas un jour de Pâques, mais un jour d’été, à cette époque de l’enfance où nous allions encore à la messe. La lectrice peinte par Henry Lee Battle avait peut-être un chapeau ce jour-là. Je ne m’en souviens pas. Mais je me souviens du geste. De sa bible qu’elle tenait précieusement contre elle, alors que sa voix allait s’élever et se mêler à celle des autres.

J’avais sept ans, peut-être huit. J’allais découvrir le gospel dans une petite chapelle du sud des États-Unis. Et nous allions, à partir de ce jour-là ne fréquenter que ces églises où on chante de tout son souffle, de ton cœur, de toute son âme, à l’unisson et gaiement, quand des vacances nous mèneraient vers le Sud.

19 mars 2008

Le client

Filed under: Couleurs et textures,Images indélébiles — Lali @ 21:48

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Il avait ce petit quelque chose du lecteur peint par Raymond Scholz. Quoi, exactement? Je ne sais pas. Ou alors, une certaine assurance.

-Je peux vous aider? ai-je fait, alors que je le voyais aller de rayon en rayon, visiblement à la recherche de quelque chose de précis.
-C’est que je ne sais pas le titre du livre… Vous n’auriez pas des photos d’écrivains quelque part? Je le reconnaîtrais tout de suite. Je l’ai vu à la télé.

J’ai dû faire une drôle de tête. Celle-là, on ne me l’avait jamais faite. Et pourtant, en plus de cinq ans de vie de libraire, j’en avais entendu de toutes sortes. Vingt ans de plus de cette vie-là m’en ferait en entendre d’autres. Des pires et des meilleures.

-Vous pouvez me le décrire? ai-je fait.
-Ben, c’est un barbu. De ça, je suis sûr. Et puis, il a une tête de rigolo, mais il écrit des livres sérieux.

Un rigolo qui écrit des livres sérieux? Le petit rigolo, c’était le client…

-Et ça parle de quoi, son livre? C’est un roman?
-Non, non, pas un roman. Je vous ai dit qu’il écrivait des livres sérieux.
-Votre écrivain, vous pouvez me dire si c’est un Québécois ou un Français?
-Bonne question. D’ailleurs, tout le temps qu’il parlait, je me demandais si c’était un Québécois ou pas. Parce que, voyez-vous, il a un drôle d’accent.

Décidément, les choses ne s’arrangeaient pas. Mais Lalibraire ne perdait pas patience.

-Et si vous l’avez vu à la télé, je suppose que son livre est récent?
-Oui! Il vient de sortir. Ça vous aide?

Je ne savais pas si ça m’aidait ou pas. Mais je me disais que peut-être dans les rayons des nouveaux titres, une idée me viendrait… Jean Yanne était barbu. Mais, ce n’était pas Jean Yanne. Soljenitsyne aussi était barbu. Mais il n’avait pas publié récemment. Et Hugo était mort depuis longtemps.

-Et vous pourriez me dire un peu de quoi parlait le livre?
-C’est un peu compliqué. Mamour, tu as retenu quelque chose du livre, toi? a-t-il fait à l’intention de sa moitié.
-Il me semble que ça parlait de fêter, a-t-elle répondu, de façon presque inaudible.
-Oui, c’est ça, Mamour! Ça parlait de faire le party!!

Je sais depuis que j’ai entendu ça que les sourcils sont en mesure de bouger à un point tel qu’ils deviennent des points d’interrogation.

-Vous n’avez pas ça un livre qui vient de sortir et qui est écrit par un barbu sérieux avec un drôle d’accent et qui parle de faire le party?

Et il était sérieux. Vraiment. Comme s’il avait en résumant ainsi les choses donné tous les indices nécessaires pour que je lui trouve le bouquin dont il ne savait pas le titre, ni le sujet et dont le nom de l’auteur lui était inconnu. Il me restait à tenter une autre approche.

-Et vous vous souvenez du nom de la maison d’édition?
-Ah non, moi je suis pas libraire.

C’est à cette minute que j’ai cherché le nom d’un saint qui s’occupe de veiller sur les libraires. Mais il n’y en a pas. J’ai donc adressé une prière à saint Judes, le spécialiste des causes désespérées. Je n’avais pas assez de temps pour une neuvaine.

Comment allais-je m’en sortir?

-Mademoiselle! Mademoiselle! ai-je entendu, alors que je bouleversais l’ordre des tablettes que j’avais pris tellement de soin à ranger le matin même.
-Quelque chose vous est revenu?

J’avais les yeux implorants. Enfin, c’est comme ça que je me rappelle la scène.

-Ça parlait de beuverie dans le titre.

Décidément.

-De beuverie?
-Oui, de se saouler, quoi.

J’étais toujours perplexe. J’ai fait les cent pas. Barbu, sérieux, saouler… Et Eurêka! Le livre était là, tout près. Je l’ai attrapé et j’ai fait voir la photo de l’écrivain à mon client qui jubilait.

-C’est lui! C’est lui!

Puis, il a retourné le livre pour voir le titre.

-Je vous avais bien dit que ça parlait de se saouler la gueule!

Et il est passé à la caisse, ravi. Il allait lire L’heure de s’enivrer d’Hubert Reeves.

17 mars 2008

Si j’avais vécu à une autre époque

Filed under: Couleurs et textures,Images indélébiles — Lali @ 6:40

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Si j’avais vécu à une autre époque, je suis certaine que ma mère se serait inspirée de la lectrice de l’illustratrice de Kate Greenaway pour m’habiller. Elle adorait voir ses filles porter de jolies robes. Il a d’ailleurs fallu que je fasse un sort à deux d’entre elles en grimpant aux arbres et en me glissant sous une clôture pour qu’elle comprenne qu’il était temps que j’aie aussi quelques pantalons pour quand je ne lirais pas sagement.

9 mars 2008

Parce qu’elle ne cessera jamais d’illuminer la vie de ceux qui l’ont connue

Filed under: Couleurs et textures,Images indélébiles — Lali @ 19:46

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C’est aussi à France que je dois la découverte de l’artiste Denis Chiasson qui a peint de nombreuses lectrices, que vous avez croisées ici et . Et que vous croiserez encore.

Et pour France, une lectrice avec une chandelle. Parce qu’elle aimait les bougies. Parce qu’elle ne cessera jamais d’illuminer la vie de ceux qui l’ont connue.

Tu brilleras l’éternité

Filed under: États d'âme,Images indélébiles,Signé Lali — Lali @ 12:48

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Je ne savais pas que cette fois ce serait le dernier combat. Je savais seulement ces mots qu’elle m’écrivait le 21 février :

… cette envie de vivre… toute cette beauté autour… tout cet amour, cette amitié… Je suis donc là! Malgré tout… dans cette sérénité, cette harmonie… cette volonté de vivre 1 jour à la fois et de vivre pleinement la journée… Je suis heureuse!

La radiothérapie allait reprendre une fois de plus deux jours plus tard. Exactement comme en 2005. France était confiante. La douleur avait diminué, l’énergie revenait. Nous allions bientôt nous voir.

Je ne savais pas qu’elle se battait pour la dernière fois. Je savais seulement que Lise lui tenait la main dans cette nouvelle épreuve et qu’elle était heureuse. Vraiment.

Ceux qui l’ont connue se rappelleront toujours de la battante qu’elle était. Ceux qui l’ont connue la porteront toujours en eux et vivront et goûteront à la vie commme elle leur a montré à le faire. Ceux qui l’ont connue ne l’oublieront jamais. Même ceux qui auraient souhaité la rencontrer comme Armando.

Elle a semé des mots et des images au pays de Lali qui ne s’effaceront jamais. Pas plus que tous ces moments d’amitié dont je conserverai toujours un souvenir impérissable.

Elle a été une fleur de mon jardin pendant plus de 25 ans. Une fleur épanouie. Une fleur généreuse. Une fleur qui se donne et s’ouvre aux autres. Une fleur exceptionnelle, comme on en croise peu dans sa vie.

France, comme l’a écrit un jour quelqu’un, « tu brilleras l’éternité ».

15 février 2008

Ça sent le chocolat chaud et l’amour

Filed under: Couleurs et textures,Images indélébiles — Lali @ 19:55

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Il y a du bonheur dans la toile de Kwadwo Adae, que du bonheur. Du bonheur qui me ramène à celui de l’adolescence. Aux samedis soirs ou à certains dimanches où nous nous retouvions avec le journal de la fin de semaine, nos livres et nos tasses de chocolat chaud. Ou de thé. En famille. Réunis.

Je crois bien qu’il y avait aussi le canon de Pachelbel qui se faisait entendre en sourdine, ou bien du Chopin. Oui, moments heureux, traces indélébiles. Auxquels je songe en souriant. En me disant que je les ai vécus. En me disant que j’ai eu cette chance. D’être aimée. De l’être encore. Par des parents que d’autres jugeaient sévères, parce qu’il y avait des règles. Mais pas des règles pour qu’il y ait des règles. Des règles parce que nous vivions ensemble, des règles qui nous apprenaient sans coup de massue le respect, le sens des responsabilités, la tolérance, la liberté, l’honnêteté, toutes ces choses esentielles que nombre de parents négligent aujourd’hui. Il ne faut surtout pas brimer la liberté des enfants. Or, je ne compte pas faire ici le procès de quiconque. Je ne fais que le constat. Le triste constat. Et je fermerai la parenthèse.

Et je dirai merci à la vie pour les parents qu’on m’a donnés. Remarquables, aimants et ne voulant que le bonheur de leurs enfants, même si ce bonheur est différent de celui qu’il avait imaginé pour eux.

Et je retourne dans la toile. Et je souris. Ça sent le chocolat chaud et l’amour.

10 février 2008

Souvenirs impérissables

Filed under: Couleurs et textures,Images indélébiles — Lali @ 9:43

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Elles sont si proches l’une de l’autre, si collées, que les lectrices d’Oszkar Nagy ne peuvent qu’être sœurs. Du moins, me plais-je à l’imaginer alors que me reviennent en tête des souvenirs de dimanches de l’enfance où en lisant moi-même les histoires, je tentais de faire aimer les livres à Monique. Je crois que j’ai un peu réussi puisqu’elle a dévoré par la suite tous les livres du Clan des sept. Et qu’elle s’adonne encore à la lecture de romans policiers entre deux séances de magasinage, qui est son plus grand dada…

Et quand je pense à ces moments anciens, je pense surtout au livre Héros de livres merveilleux. Combien de fois ai-je lu et relu les aventures de Gulliver, qui la fascinaient, en ajoutant des épisodes qui n’étaient pas là, juste pour le plaisir d’étirer ces moments de complicité.

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Je ne sais pas ce qu’est devenu le livre. Je croyais pourtant l’avoir conservé, mais j’ai dû un jour, probablement, le donner à ma filleule pour qu’elle puisse elle aussi lire à sa sœur les aventures d’Ali Baba, de Don Quichotte et de Gulliver. Et créer ainsi des souvenirs impérissables.

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