Lali

3 mars 2007

Grâce à mes parents et à Renoir

Filed under: Couleurs et textures,Images indélébiles — Lali @ 10:13

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Et si mes parents ne m’avaient pas emmenée à une exposition sur la peinture française à Galerie nationale à Ottawa enfant, pourrais-je apprécier autant la peinture ? Et si, régulièrement, ils ne m’avaient pas fait franchir le seuil de galeries pour que je puisse apprécier les artistes contemporains, serais-je passée à côté de cet univers qui me séduit ? Et si ma mère n’avait pas eu un cousin peintre, aurais-je fait des artistes des êtres inatteignables ?

Il me semble avoir toujours connu les toiles de Pierre-Auguste Renoir, qui sont toujours aussi attirantes pour moi. Rien n’a changé au fil du temps, je reviens à lui, comme on revient aux origines. Ou à Van Gogh, parce que ce sont les premiers qui ont été mis sur mon chemin. Le second, parce que je revois maman tenter de copier Les tournesols alors que je devais avoir six ou sept ans et qui n’a plus touché un pinceau depuis.

Oui, sans Renoir, sans Les jeunes filles au piano, toile de départ dont une reproduction occupe un des murs du salon, sans mes parents qui aimaient la peinture et qui la découvraient avec nous, avec la notion de plaisir pour l’œil et non pas celle du critique ou du spécialiste, je crois bien que cette passion serait moins intense.

18 février 2007

Milkie

Filed under: Images indélébiles — Lali @ 12:42

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Il neige encore aujourd’hui. En fait, je devrais peut-être dire il danse de la neige, tans ls flocons valsent avant de se poser au sol. Et curieusement, alors que je pense rarement à elle, c’est à Milkie que je pense aujourd’hui. Je pense à elle comme à un merveilleux souvenir de l’enfance, alors que nous étions allés la chercher au chenil et qu’elle ressemblait à un chaton blanc. Blanc comme du lait, d’où Milkie.

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C’était il y a 35 ans. Elle, l’indomptable, ma chienne samoyède du pays du froid, était désobéissante comme ne l’était aucun des chiens bien dressés du quartier. Ce qui attirait les regards quand une simple promenade devenait une course tant elle tirait sur sa laisse, tant elle aurait aimé être libre. Elle a d’ailleurs fugué quelques fois et une seule fois les gens de la fourrière l’ont ramassée: elle était allée bien trop loin de la maison cette fois. Parce que sinon, le parcours était simple. Course jusqu’au bord de la rivière vers les champs où allaient se bâtir des maisons quelques années plus tard, pour se rouler dans la neige et attendre qu’on vienne l’y chercher. Avec des sucettes: mademoiselle avait le bec sucré.

En fait, elle ne faisait que des bêtises: courir partout, renverser tout sur son passage, éventrer le sofa, partir à l’aventure. Elle n’était pas faite pour la vie qu’elle menait. Pas faite pour la ville, même dans un quartier tranquille, mais plutôt pour la campagne où elle aurait pu courir jusqu’à épuisement.

Elle aimait la liberté, point. Et probablement qu’elle a senti que j’étais de la même fibre qu’elle, car je n’ai jamais attendu d’elle ce qu’elle faisait tous les soirs: qu’elle dorme à mes côtés en prenant toute la place. C’est elle qui a choisi. C’est elle qui m’a choisie.

Hier, en cherchant les enfants que je n’ai pas trouvés, je repensais aux tunnels qu’on avait faits dans la cour autant pour elle que pour nous, ce fameux hiver de la « tempête du siècle ». Il n’y a plus eu d’hiver avec autant de neige depuis, et plus d’hiver avec Milkie par la suite.

7 janvier 2007

Si je pouvais, voilà où je serais

Filed under: Images indélébiles,Mes histoires belges — Lali @ 22:05

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Et si ce soir je pouvais en claquant des doigts me retrouver quelque part, ce serait sûrement à Dinant, un jour de juillet 2005. Pour pouvoir contempler la Meuse à nouveau, cette Meuse qui me manque tant malgré la splendeur du Saint-Laurent. Sans avoir en tête que deux jours plus tard ce serait l’avion Bruxelles-Montréal. Chut. Tellement de moi est resté là, à la citadelle.

Il suffit que Dinant soit évoqué dans une conversation, comme ça a été le cas tout à l’heure, pour que je me mette à rêver. Pour que mes yeux brillent aussi fort que le soleil de ce jour d’été.

Irai-je jusque là-bas en juin ou vais-je conserver intact ce souvenir ?

21 novembre 2006

Mon premier baiser

Filed under: Images indélébiles — Lali @ 23:11

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Est-il possible de raconter un premier baiser? Est-il possible de trouver un quart de siècle plus tard les mots pour le dire? Est-il vraisemblable que l’émotion soit restée inchangée? Peut-on en fermant les yeux retrouver ce moment magique et le capturer en des mots?

Il neigeait une neige blanche et douce comme il en tombe souvent en mars, rue Saint-Denis, alors que nous étions attablés devant un repas. Nos yeux s’étaient touchés mille fois, nos doigts entrelacés quelquefois.

Puis, tandis qu’il nouait mon foulard autour de mon cou, nos bouches se sont trouvées. Apprivoisées. Aimées à la folie. Un vrai baiser de cinéma. Une grande première réussie. Pas étonnant que j’aie pris goût à la chose.

31 octobre 2006

A time for me à défaut d’A time for us

Filed under: Images indélébiles — Lali @ 23:25

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Combien d’heures à caresser les notes, à me battre avec une partition rebelle, en onze ans de leçons de piano ? Combien d’heures à souhaiter la maîtrise d’un prélude de Chopin ou d’une pièce de Bach ? Combien d’heures en gammes et en arpèges pour délier les doigts ? Et combien d’heures à tricher, à chercher les notes d’une mélodie à la radio, à m’attaquer à une chanson de Sanson en chantant, plutôt que d’aller, mesure après mesure, à la conquête d’un Czerny qui n’avait pas toujours l’heur de me plaire ?

Combien d’heures d’amour/haine en compagnie de cet instrument sur lequel je pose toujours les doigts quand je vais chez mes parents ? Il m’aura trahi comme je l’ai trahi, ne tentant pas le meilleur de moi-même à cause d’une trop grande envie de butiner ailleurs que dans le programme imposé. Et si je n’avais pas souvent failli à la tâche des heures de pratique pour rêver sur les mélodies qui m’étaient interdites, aurais-je réussi à tirer le meilleur des pièces ou n’aurais-je jamais franchi que l’étape des balbutiements qui octroie une note correcte afin de passer à de nouvelles obligations ?

Et s’il n’y avait pas eu tous ces examens, ce programme qu’il fallait traverser, mais aussi des pauses pour s’amuser, se détendre, aurais-je vécu avec le piano un amour plus harmonieux ? Je me demande souvent si les méthodes d’aujourd’hui qui allient le ludique à la formation rigoureuse, ne m’auraient pas davantage servie, sans pourtant en connaître la réponse.

Je sais seulement ce désir qui ne m’a pas quitté de caresser les touches, de reprendre cette invention du Bach, ce prélude de Chopin et « A time for us », la chanson-thème de Romeo and Juliet de Zeffirelli composée par Nino Rota. Et je ne sais que ce désir, ce désir d’apprivoiser une fois pour toutes ces mélodies tant de fois entamées mais abandonnées au profit d’autres ou de moments à rêver.

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Joyeux Halloween à mes petits amis

Filed under: Images indélébiles — Lali @ 18:59

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Il y avait une gamine de deux ou trois ans déguisée en licorne dans l’autobus ce matin. Et depuis, plus rien. Pas de monstre, de sorcière ou de fantôme quand je suis sortie du travail. Pas non plus de Superman ou de Harry Potter. Et pourtant, quelques décorations ici et là, des maisons bien éclairées prêtes à accueillir tous ces bouts de choux costumés tendant une citrouille de plastique ou une taie d’oreiller à remplir de friandises.

Halloween est-il moins souligné ? N’y a-t-il plus d’enfants qui partent en bandes avec un ou deux adultes parcourir les rues et qui rentrent épuisés mais ravis ? Ou sont-ils ailleurs, les parents n’aimant pas trop les laisser monter les escaliers des immeubles ?

Je me souviens de quelques-uns de mes costumes, peut-être de tous même, je n’ai pas souvent fait les rues déguisée, préférant rester à la maison accueillir ceux qui se présenteraient. Mais il me semble une année avoir revêtu sombrero et poncho pour jouer à la mexicaine, et m’être glissée sous un vieux couvre-lit pour faire le fantôme l’année suivante.

Je me souviens du parcours bien davantage, des maisons où on se faisait un must d’arrêter, celle de mes voisins polonais en particulier, où on recevait un sac de chips. Il y avait aussi celle des Italiens avant le croissant où on avait des tablettes de chocolat. Ailleurs, il y avait de la tire Sainte-Catherine, des toffees, de la gomme à mâcher et des Smarties. Des trésors qu’on pouvait conserver alors que les bonbons non emballés et les pommes prenaient le chemin des poubelles, tout ça parce qu’une année un fou avait fait de cette fête une soirée cauchemardesque en introduisant des lames de rasoir dans des pommes.

Je préfère penser à l’année où j’étais habillée en princesse, comme 80 % des gamines de 8 ans, avec une belle robe, rose il va sans dire, et avec une couronne, bien entendu. Et au sourire que je devais avoir en plus des yeux brillants. Et je me dis qu’il doit bien y avoir quelques princesses à sillonner les rues de Montréal. Je leur souhaite de s’amuser comme je m’amusais autrefois.

25 avril 2006

Le pesto de Denis

Filed under: Images indélébiles — Lali @ 13:52

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Quand Denis m’a initié aux rudiments de l’art du pesto, de la cueillette du basilic dans son jardin jusqu’aux pignons du marché Jean-Talon, il savait déjà qu’il n’y aurait pas de seconde chance. Que ce souper serait le dernier et non pas celui des au revoir, le temps de son exil pour aller écrire à la campagne, dont il n’est jamais revenu.

Et chaque fois que je mange du pesto, c’est à lui que je pense. Au temps qu’il a passé avec chacun d’entre nous alors qu’il se savait condamné. Je pense à ses yeux dans les miens, inquiets, quand il avalait ses capsules d’AZT qui n’ont pas su l’épargner. Les siens souriaient, comme pour contrer ce qui se passait en moi de tempêtes.

Cet ultime soir, nous l’avons consacré à sa passion pour l’Italie, où il avait vécu. Pesto, valpolicella, promenade dans la Petite Italie et arrêt obligatoire pour le capuccino chez le Sicilien du coin. Des airs d’opéra, aussi, si je me souviens bien.

Denis Bélanger m’a fait un immense cadeau ce soir-là.
Il a fait que jamais je ne posséderai d’image triste de lui, mais toujours celle d’un amoureux de la vie et de ses plaisirs. Il s’est éteint en avril 1992, laissant des romans que je relirai peut-être un jour. Sa présence n’est pas dans ses mots, mais dans chaque bouchée de pâtes au pesto.

Il était peut-être un professeur de bonheur.

31 mars 2006

Cary Grant… incomparable

Filed under: Images indélébiles — Lali @ 19:52

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Il a traversé les États-Unis aux côtés d’Eva Marie Saint dans North by northwest, a séduit Ingrid Bergman dans Notorious puis Deborah Kerr dans An affair to remember, a joué avec le cœur de Grace Kelly dans To catch a thief, a fait craquer Sophia Loren dans Houseboat, séduit Doris Day dans That touch of mink et sauvé Audrey Hepburn dans Charade. Mais il a surtout fait tourner en bourrique Katharine Hepburn dans Philadelphia story et Bringing up baby.

Cary Grant, peut-être le plus classique de tous les acteurs britannique ayant fait carrière aux États-Unis, n’a jamais gagné l’Oscar du meilleur acteur. Il a pourtant marqué le cinéma, tant par ses rôles dramatiques que par les comédies dont il a été le protagoniste. Le neveu ahuri de découvrir en ses vieilles tantes des meurtières dans Arsenic and old lace ne pouvait trouver meilleur interprète que Cary Grant. Impossible d’imaginer autre que lui quand on a vu ses mimiques dans ce film.

Il avait un charme bien à lui. Pas étonnant qu’on se soit servi de ce charme pour lui attribuer comme partenaires les actrices les plus en vue de l’époque. Et chaque fois, cela a donné de la magie. Pas toujours de grands films, bien souvent juste de jolies comédies. Mais il n’est jamais, ou rarement, tombé dans la facilité.

C’est toujours avec un bonheur inégalé que je m’installe devant un des nombreux films de Grant que je possède. Car je sais que je vais passer un bon moment, que je ne m’ennuierai pas une minute, que je verrai des scènes que je n’avais pas remarquées, que j’entendrai à nouveau des répliques que j’aime. Car, avouons-le, un élément qu’on retrouve dans presque tous les films qu’il a tournés, c’est bel et bien la quitessence des répliques, parfois désarçonnantes, souvent carrément loufoques.

Je ne me lasse pas. Et c’est ainsi depuis plus de vingt ans. Et je crois, pour encore au moins les vingt prochaines années à venir. Il est « mon » classique à lui seul, ou presque.

28 mars 2006

Du Bach et du thé

Filed under: Images indélébiles — Lali @ 12:35

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Il est des souvenirs qui restent. Des moments de bonheur qui nous suivent toute la vie.
Ainsi, ce 28 mars 1988 où autour d’une pâtisserie, au Daphné, salon de thé que je fréquentais à l’époque, j’avais réuni des amis qui fêtaient ce jour-là leur anniversaire. Pascal, le seul ami qu’il me reste de mes années d’université et Annemarieke, mon amie néerlandaise en vacances au Québec.

Bien sûr, nous étions quelques-uns pour fêter les jubilaires, car de tout temps, j’ai aimé mêler mes amis venus de tous les horizons et de toutes les époques de ma vie.

Belle image que cette soirée. Il y avait sûrement du Bach en musique de fond. Mais surtout des gâteaux, du thé et nous tous, qui devisions tantôt en français, tantôt en anglais. Il était question de voyages, de musique, de livres, de la vie, sûrement.

Je n’ai qu’un très vague souvenir de ce qui s’est dit ce soir-là. L’image qui me reste par contre est très précise. Il y a là des gens réunis qui ne se connaissaient pas tous et moi qui les regarde. Et ce bonheur d’avoir été le lien entre eux.

Il m’arrive souvent d’être à même une scène, mais de m’en extraire, comme pour profiter de ce qui passe, pour capter tous les détails. Bien souvent. Comme s’il me fallait quelques secondes ou quelques minutes prendre du recul et voir le résultat de ce moment que j’ai créé.

Tous les 28 mars me vient en tête cette image de 1988. Mais aussi celle de 1985, alors que j’étais à Haarlem, pour l’anniversaire d’Annemarieke. Là encore, il y avait du Bach, un piano, un violoncelle et un violon. Et du thé. Et aussi, des gens qui ne se connaissaient pas nécessairement entre eux pour souligner ce jour.

J’ignore si Pascal et Annemarieke se souviennent avec autant d’émotion de ces moments.
Mais en ce qui me concerne, ils sont inscrits comme d’intenses moments de bonheur.

18 février 2006

Il y a trente ans…

Filed under: Images indélébiles,Mon Montréal — Lali @ 12:38

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Il y a trente ans, Montréal se préparaît à accueillir les jeux olympiques d’été.
Il y avait eu des grèves, des matériaux volés, et des pots-de-vin. Et le stade ne serait pas prêt pour l’ouverture des jeux, bien évidemment, nous le savions. Il n’aurait pas de toit et le mât serait incomplet.

Mais nous étions allés voir les travaux, les chantiers. Une partie du quartier de l’enfance de mon père avait été balayée pour les installations olympiques et il nous racontait. Là, c’était tel truc; ici, il y avait; c’est là qu’habitait… Et tout cela n’était plus. Il n’y avait que des trous, des grues et du béton.

Aujourd’hui, Montréal a son stade qui coûte une fortune à entretenir, et qui n’est plus utilisé depuis que la ville a perdu son équipe de baseball. Mais il trône, quelque part dans l’est de la ville, vestige de l’été 1976.

Et en cet après-midi ensoleillé de février, ce n’est pas à ce stade horrible que je veux penser, mais plutôt aux jeux. Parce que j’ai été rivée devant la télévision pendant deux semaines. Parce que ces jeux, ce sont ceux de Nadia Comaneci. Parce que ces jeux se sont déroulés dans ma ville. Parce que, même si le stade n’était pas prêt, même si les contribuables paient encore, il y a eu la magie, il y a eu une ouverture au monde avec ces jeux.

Et c’est de cela dont je veux me souvenir. Des drapeaux, des compétitions, de l’univers qui venait nous visiter. Et de mon goût de voir le monde et d’apprendre qui s’est encore davantage développé à ce moment-là. L’été 1976 a été marquant. Et d’y penser me donne envie de sortir mon livre sur les jeux et d’y plonger, comme Gred Louganis l’a fait du tremplin cet été-là.

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