Machine à écrire, clés et boussole

Une jolie composition qui m’a été envoyée de la République tchèque.

Une jolie composition qui m’a été envoyée de la République tchèque.

Je n’ai jamais été capable de travailler de la maison en pyjama. Ça a pourtant été le cas de plusieurs de mes collègues et amis au début de la pandémie, quand nous avons dû déserter les bureaux. Et même par la suite, car certains portent encore du « mou » les jours où ils n’ont pas à se rendre au bureau. En fait, je n’ai jamais songé à passer à une tenue autre que celle que je porte habituellement pour travailler hors de chez moi. Je prends même le temps de maquiller sommairement mes yeux et de mettre du rouge à lèvres. Et je pousse les choses plus loin, puisque je me parfume.
Est-ce si étrange que cela? On m’a en effet laissé entendre que j’étais un drôle de numéro et qu’on ne comprenait pas pourquoi je me donnais cette peine alors que je passe mes journées devant un écran. Et que fait-on du bonheur de choisir un foulard, de sélectionner des boucles d’oreilles et de se brosser les cheveux? Ils sont à mes yeux absolument essentiels pour bien commencer la journée. En fait, ce doit être de famille. Ma sœur fait exactement la même chose.

Elle ne fut jamais plus belle que cet hiver-là. Une photo est là pour le prouver.
Si elle enfilait le chandail rouge de la photo, aurait-elle les yeux aussi brillants qu’elle les avait à 30 ans? Elle y songe.
Mais il n’y a pas d’urgence à remonter le temps. Quand elle aura fini son chapitre. Peut-être.

L’ami Armando, qui connait bien le cap Saint-Vincent, aurait-il une anecdote à partager avec nous?

La vie est un déploiement, et plus nous voyageons plus de vérités nous saurons comprendre. Comprendre les choses qui sont à notre porte est la meilleure préparation pour comprendre celles qui se trouvent au-delà. (Hypatie d’Alexandrie)
*toile d’Azzouzi Lamine

On naît seul, on vit seul, on meurt seul. C’est seulement à travers l’amour et l’amitié que l’on peut créer l’illusion momentanée que nous ne sommes pas seuls. (Orson Welles)
J’avais une idée approximative de cette citation que mon oncle avait un peu trafiquée en conservant l’essentiel de celle-ci quand je suis tombée sur la version intégrale par pur hasard. Et c’est en poursuivant mes recherches que j’ai appris que cette phrase était tirée du film Someone to love dans lequel Welles joue son propre rôle.
Cette citation est-elle vraiment de lui ou du scénariste ou encore des deux?Peu importe. Je veux surtout m’attarder à son sens plus qu’à déterminer qui en est le véritable auteur.
J’ai toujours été convaincue qu’on naît seul et qu’on meurt seul. Mais vit-on vraiment seul en dehors d’une île habitée uniquement par soi-même? Rien n’est moins sûr. On a pour la plupart de la famille, des voisins, des collègues, lesquels font tous partie de notre vie jusqu’à un certain point. Nous ne sommes donc pas seuls, au sens propre du terme. Mais de là à dire que l’amour et l’amitié peuvent créer l’illusion momentanée que nous ne sommes pas seuls, toute une question.
Avoir des amis ne nous rend pas moins seuls. Une relation amoureuse non plus.
Mais l’illusion momentanée que nous ne sommes pas seuls quand nous avons des amis ou sommes amoureux me laisse tout de même un peu perplexe. C’est le genre de question à débattre à plusieurs. Qui se lance?

*illustrations de Maria Loor

Banksy a tellement de fans qu’on finit par ne plus savoir si certaines peintures murales sont les siennes ou pas. C’est le cas de celle-ci, probablement inspirée par sa petite fille au ballon. Résultat : une bien jolie carte postale pour ma collection dédiée à l’art de la rue et aux fresques.

« Encore une fois, il faut qu’ils se rencontrent. Une nouvelle fois. C’est peut-être cela, s’aimer, arriver à se rencontrer, encore, plusieurs fois, dans toute une vie, se perdre et se rencontrer encore, une nouvelle fois. »
Cette seule citation pourrait presque à elle seule résumer Venise interdite, un roman d’Éric Nonn, publié en 1990. Un roman impressionniste, non linéaire, que certains qualifieraient peut-être de décousu, qui transporte les lecteurs d’un lieu à un autre, alors que le narrateur fait le tour de 20 ans d’amour et de non-amour à l’heure d’un certain constat.
Il n’ira jamais à Venise avec elle. Et pourtant, il l’a souhaité. Longtemps, peut-être même toutes ces années. Comme il a désiré aussi ne jamais cesser de la rencontrer.
Mais c’est trop tard. Ils n’en sont plus là. Pourtant, «… il voulait l’aimer jusqu’au delta, jusqu’à l’estuaire, jusqu’à la fin, quand les rives n’ont plus d’importance, quand on ne sait plus où elles se dessinent. »
Mais ils se sont déjà perdus trop de fois. Voyager ne réparera pas ce qui n’est déjà plus.
Venise interdite se lit tranquillement, question de savourer les images, évocatrices d’une histoire unique, mais qui ressemble presque à toutes les autres, à l’heure où tout s’est déjà joué. Encore une fois. Une dernière fois.

À l’occasion du Salon de la carte postale le weekend dernier, j’ai déniché quelques cartes intéressantes, notamment celles-ci, mettant en vedette le kiosque à musique de Chatham, dans le Massachusetts. Une photo et un tableau signé Grace Chapin. Quelle ambiance!
