Corps éphémère 2
Suivre le bleu
jusqu’à la plénitude
où
par glissement
l’infini nous rejoint
Denise Borias, Corps éphémère
*choix de la lectrice d’Helen Maria Turner
Suivre le bleu
jusqu’à la plénitude
où
par glissement
l’infini nous rejoint
Denise Borias, Corps éphémère
*choix de la lectrice d’Helen Maria Turner
Dès les premières pages, j’ai eu le sentiment que j’avais fait un mauvais choix en sélectionnant ce livre à la bibliothèque. Car, même si celui-ci se déroule en partie au Café des artistes, ce qui me semblait à prime abord assez sympathique, il se déroule aussi dans le bureau d’un analyste. Pour faire court, le mercredi, Neige s’assoit dans un café (le même depuis longtemps) où elle consigne ce qui se passe autour d’elle en même temps qu’elle parle de sa propre vie, et le vendredi, elle nous faire part de ce qu’elle dit à son psy.
Ajoutez à l’ennui provoqué par ce qui précède l’arrivée d’Apollon dans la vie de cette réceptionniste millionnaire toujours vierge à 28 ans et vous vous trouverez en plein roman à l’eau de rose (Apollon est parfait). En prime, vous aurez droit à une héroïne très conscientisée socialement. En effet, pas question de toucher à l’argent que lui a laissé sa mère autrement que pour une bonne cause, étant donné que celle-ci l’a gagné au détriment de sa propre vie de famille.
Vous en avez déjà assez? Pourtant, ce n’est pas fini!
Salut, la Neige! se déroule supposément sur le Plateau Mont-Royal. En quelle année? L’auteure a fait fi de la date, mais nous pouvons affirmer que c’est sûrement avant mai 2006, puisqu’on ne fume plus dans les cafés et les restaurants de Montréal depuis cette date. Pas plus qu’on y trouve des salles remplies de gens arborant un bracelet blanc en signe de solidarité pour les cancéreux, malgré ce qu’affirme l’auteure, visiblement pas au courant qu’au Québec (et ailleurs, je crois) on parle de personnes atteintes de cancer et non de cancéreux. Pas plus qu’on y croise des gens qui vont diner au restaurant le soir. Chez nous, on dine le midi.
Et si jamais vous croisez un Montréalais qui va se chercher un « kawa » ou qui vous dit : « Alors, comme d’hab, je me retrouve dans la mouise. Chuis pas mytho, pourtant », faites-moi signe. Vous venez de faire une rencontre hors de l’ordinaire, pour ne pas dire hautement invraisemblable.
Décidément, Salut, la Neige! n’a pas fait l’objet d’un travail d’édition en plus d’être pétri de bons sentiments, alors qu’il est connu qu’On ne fait pas de la littérature avec de bons sentiments. André Gide l’a dit. Je le répète.
Un premier roman qui aurait dû demeurer dans les tiroirs de l’auteure jusqu’à la fin des temps.
Titre pour le Défi Premier Roman
Ces couleurs chaudes qui servent de décor à la clinique médicale tout à côté du bureau contribuent sûrement au bien-être des patients!
Pour échapper à la critique, ne rien faire, ne rien dire, n’être rien. (Elbert Hubbard)
*illustration de Robert McGinnis