Parlez-vous québécois? 2
Avoir l’air de rien : être discret, voire sournois.
(Benoît Melançon et Pierre Popovic, Dictionnaire québécois instantané)
*illustration de Tulia Masinari
Avoir l’air de rien : être discret, voire sournois.
(Benoît Melançon et Pierre Popovic, Dictionnaire québécois instantané)
*illustration de Tulia Masinari
À l’heure où le Salon de Montréal bat son plein depuis trois jours et où la ville accueille écrivains de partout au monde pour l’occasion, j’ai eu envie de réunir en ce dimanche bibliophiles, amoureux des livres, fous des encyclopédies et des dictionnaires, ceux qui fréquentent les bouquinistes afin de leur proposer d’ouvrir le Dictionnaire québécois instantané de Benoît Melançon et Pierre Popovic.
C’est ainsi que les personnages de l’artiste Willy Benlinfante se sont arrêtés sur cette définition :
Jos Connaissant : célèbre inconnu connu de tous et connaissant tout.
Puisse ce dimanche ponctué par des expressions de chez nous vous plaire autant qu’il m’a été agréable et amusant de le préparer à votre intention!
À Gloria Perron
Une force en moi ne prétend plus à la perfection
l’instinct me rassure
nos rêves ma bien-aimée vagabondent
se gavent du sable des chemins
parmi les arbres
la lumière exécute des figures rupestres
laisse la nuit choir entre les branches
enserrés à l’étage
nous imaginons une tendre neige
tandis que nos bouches inlassables
embrassent le vertige
Normand Génois, Le même souffle
*choix de la lectrice du peintre néerlandais Piet (Pieter) van der Hem
Il y a si peu d’albums sur le sujet que j’aurais voulu aimer Le tricycle de Shinichi. Or, le ton professoral ne m’a pas du tout séduite pas plus que l’entrée en matière. Fallait-il vraiment une visite au Musée de la paix pour qu’un grand-père raconte à ses petits-enfants ce qu’il a vécu à Hiroshima et les enfants que la bombe lui a volés? Ne pouvait-il évoquer cette histoire à l’occasion d’une date anniversaire?
Et pourtant, il y a si peu de livres pour les enfants traitant d’Hiroshima. Si peu qu’on se demande pourquoi cet album fait preuve d’autant de froideur et de distance alors que l’auteur lui-même est un rescapé. Heureusement que la fin nous montre un homme plus attendri qu’au début, malgré le passé simple utilisé qui alourdit un sujet déjà grave.
Avec The road…, Keiko Matsui signe un album à la hauteur de son talent et d’une réputation qui n’est plus à faire. Avec finesse, sens du rythme et musicalité, elle nous offre un album jazzy qui a parfois des couleurs lounge qui rappellent l’époque des clubs de jazz, qu’elle réinterprète à sa manière. Pour notre plus grand plaisir.
Un album qui met en vedette les saxophonistes Jackiem Joynier dans The Road…, et Kirk Whalum dans Awakening et Affirmation. Un album dont j’ai extrait son dynamique, mais néanmoins romantique Bohemian Concerto.

détails ici
Presque rien du décor d’avant n’avait changé. Et nous nous sommes assises aux places d’autrefois. Il y avait du café, des biscuits et des caramels. Nos histoires et l’amour des livres. Notre passion pour les mots. Pour la vie.
Non, presque rien n’avait changé.
On peut se perdre de vue. Mais si l’amitié était là, vraie, sincère, malgré les années et les rides, on ne se perd pas du cœur.
Je crois que Claire et moi l’avons toujours su.
*toile de Barbara Grossman
Elle est là qui attend vos mots. Impatiemment, mais en sachant qu’ils ne seront pas publiés avant demain. Elle est là. Il ne vous reste plus qu’à écrire.
*toile d’Elizabeth Crabtree
Contre le ressac ordinaire que pouvons-nous
le vent du large se lève
balaise la dune
nous léguons notre âme au départ
qui recevra la chaleur de tes bras
après ce sera peut-être dans la neige
Normand Génois, Le même souffle
*choix de la lectrice de Théo Van Rysselberghe
« Est-ce que, comme moi, le temps s’enfonce plus il avance? » demande la narratrice de ce récit, qui est peut-être aussi un journal intime ou alors les pages d’un carnet qu’on traîne avec soi afin de noter ce qui nous vient en tête. Car Petite armoire à coutellerie de Sabica Senez, c’est un peu tout ça. Un melting pot, diraient certains, un fourre-tout, affirmeraient certains autres. Et probablement auraient-ils raison. Et c’est ce qui fait qu’on peut ou pas aimer ces phrases qui vous fouettent au hasard des pages. Des phrases comme celle-ci : « Je me suis installée dans une existence volontairement rapetissée, pour être certaine de ne pas me perdre dedans. »
Mais il n’y a pas que de jolies phrases teintées de poésie dans ce récit où la narratrice tente de se reconstruire après une déception amoureuse. Il y a aussi des phrases proches de la langue parlée et pas toujours bien tournées, lesquelles viennent casser le rythme. Volontairement? Peut-être. Mais je n’en ai pas vu l’utilité. Et j’ai préféré, et de loin, les phrases plus poétiques, plus imagées. Comme celle-ci : « J’étais si fatiguée de me retenir de tomber que ma chute m’a fait du bien. »
Puis, j’ai fermé le livre. Petite armoire à coutellerie va me rester en tête longtemps.
Des photos signées Armando qui nous donnent à voir la beauté de cette saison alors que nous allons tranquillement vers l’hiver.