
Pour Édith Gorren, en son pays du sud-ouest
et à tous ceux dans sa situation, suite aux tempêtes
Un livre serait posé sur le bord de la fenêtre. Les chevalets attendraient que l’artiste ait moins mal face à « ses » arbres foudroyés, écrasés et blessés.
Il y aurait quelques larmes sur les cils de celle qui a quitté Bruxelles pour ce morceau de Gironde devenu son pays d’adoption où elle vieillira.
Il y aurait son silence.
Malgré l’envie de crier, il arrive si souvent d’être muet face à la douleur.
Et puis, il y aurait mes mots qui glisseraient dans la pièce. Mes mots qui lui raconteraient une tempête de verglas tellement importante qu’on l’a appelée la crise du verglas. Je lui parlerais des pylônes qui ont plié sous le poids de la glace, des pannes d’électricité qui ont duré des jours, des militaires qui frappent à chacune des maisons de la ville pour s’assurer que personne n’est laissé dans le froid tandis qu’on installe des abris de fortune.
Et je lui parlerais surtout de ce qui a suivi. D’arbres cassé en deux, de branches qui ont cédé sous le poids de la glace, de sentiers encombrés de branches, d’arbustes et d’arbres déracinés. Je lui raconterais combien j’ai pleuré devant tous ces arbres fauchés par la violence de la nature.
Et puis, je lui dirais que trois ans plus tard, il ne restait pratiquement pas trace de cette tempête, malgré un nombre incalculable d’arbres décimés alors. Je lui dirais que les arbres ont grandi, qu’ils se sont étalés, que de nouveaux ont poussé.
Et puis, je lui dirais que la vie est plus forte que tout. Même si parfois on a peine à y croire.
*toile de Petya Deneva