Lali

Les sanglots longs des violons de l’automne
blessent mon cœur d’une langueur monotone.

(Paul Verlaine)

*toile de Mark Lague

Elle ne sait pas que vous êtes là. Elle ne sait pas que vous l’examinez. Elle ne sait rien de vous, rien de ce que vous imaginez, rien de ce que vous écrirez. La lectrice peinte par Hans Hilse n’est préoccupée que par son livre, par le bonheur des pages qu’elle tourne en ce dimanche où l’automne s’installe petit à petit.

Elle ignore que dimanche prochain toutes les histoires qu’elle aura suscitées se verront publiées au pays de Lali. Elle ne sait rien de cela. Et probablement ne savez-vous pas encore ce qu’elle a à dire, si vous choisirez des vers ou pas pour la raconter. En vos mots.

Elle ne sait pas que vous êtes là à la fixer. Je suis seule témoin du regard que vous posez sur elle. Elle ne sait pas que vous écrirez et que je suis déjà à attendre vos mots, vos histoires.

Elle ne sait pas. Et je ne lui dirai rien.

À vous maintenant!

L’automne est une demeure d’or et de pluie. [Jacques Chessex]

*toile de Raymond Leech

Ce qu’il y a parfois de beau avec l’automne, c’est lorsque le matin se lève après une semaine de pluie, de vent et brouillard et que tout l’espace, brutalement, semble se gorger de soleil. [Victor-Lévy Beaulieu]

*toile de Kristine Pallas

L’automne est un andante mélancolique et gracieux qui prépare admirablement le solennel adagio de l’hiver. (George Sand)

*toile de Raguz

L’automne fait les bruits froissés
De nos tumultueux baisers…

(Charles Cros)

*toile de L. C. Neill

Marcher dans une forêt entre deux haies de fougères transfigurées par l’automne, c’est cela un triomphe. Que sont à côté suffrages et ovations? (Emil Michel Cioran)

*toile de Frances Walter

Quand, les deux yeux fermés, en un chaud soir d’automne,
Je respire l’odeur de ton sein chaleureux,
Je vois se dérouler des rivages heureux
Qu’éblouissent les feux d’un soleil monotone.

(Charles Baudelaire)

*toile de Nancy Chaboun

J’ai cueilli ce brin de bruyère
L’automne est morte souviens-t’en
Nous ne nous verrons plus sur terre
Odeur du temps brin de bruyère
Et souviens-toi que je t’attends.
Il y a un poème à faire sur l’oiseau qui n’a qu’une aile.

(Guillaume Apollinaire)

*toile de Neil McBride

L’automne sera-t-il doux? Aurons-nous en octobre un été indien comme l’an dernier? Pourrons-nous encore pendant quelques semaines nous asseoir sur les terrasses alors que les feuilles rougiront? La lectrice de Fiona Presland l’espère, tout comme les lectrices et lecteurs assis sur des terrasses qu’elle les a invités au pays de Lali ce dimanche. Pour qu’ils partagent avec nous quelques textes sur l’automne.

Vous venez vous asseoir avec eux? Ils vous parleront des couleurs et des feuilles mortes. Ils vous parleront des ors et des roux. Et de terrasse en terrasse, nous les écouterons.