Ce que dit Gilbert Choquette de l’automne
Une saison enchanteresse, brillante, secrète, féérique, poétique, rutilante, flamboyante, rêveuse, solennelle, splendide. (Gilbert Choquette)
*toile d’August Macke
Une saison enchanteresse, brillante, secrète, féérique, poétique, rutilante, flamboyante, rêveuse, solennelle, splendide. (Gilbert Choquette)
*toile d’August Macke
Et la lune d’automne
Brillera pour moi ce soir
Et mon cœur de pomme
Rougira d’espoir
Dans l’nord d’la ville
D’une ville du nord
Y a un ti-cul qui cherche encore
Le fil de sa mémoire
Et la lune d’automne
Brillera ce soir
*toile de Mary Hubley
L’automne ressemble à une sonate pour orgue et hautbois. Le premier instrument développe son chant comme une nape de brume qu’il pousse devant lui au bord du fleuve; le second, comme la robe d’une corneille qui brille dans un orme où il ne reste plus une feuille. Ils sont ensemble. (Jean-Pierre Richard, L’an quatre-vingts)
*toile de Karin Jurick
Les soleils de septembre
Sous ces rayons cléments des soleils de septembre
Le ciel est doux, mais pâle, et la terre jaunit.
Dans les forêts la feuille a la couleur de l’ambre;
L’oiseau ne chante plus sur le bord de son nid.
Du toit des laboureurs ont fui les hirondelles;
La faucille a passé sur l’épi d’or des blés;
On n’entend plus dans l’air des frémissements d’ailes :
Le merle siffle seul au fond des bois troublés.
La mousse est sans parfum, les herbes sans mollesse;
Le jonc sur les étangs se penche soucieux;
Le soleil, qui pâlit, d’une tiède tristesse
Emplit au loin la plaine et les monts et les cieux.
Les jours s’abrègent; l’eau qui court dans la vallée
N’a plus ces joyeux bruits qui réjouissaient l’air :
Il semble que la terre, et frileuse et voilée,
Dans ses premiers frissons sente arriver l’hiver.
Ô changeantes saisons! ô lois inexorables!
De quel deuil la nature, hélas! va se couvrir!
Soleils des mois heureux, printemps irréparables,
Adieu! ruisseaux et fleurs vont se taire et mourir.
Mais console-toi, terre! ô Nature! ô Cybèle!
L’hiver est un sommeil et n’est point le trépas :
Les printemps reviendront te faire verte et belle;
L’homme vieillit et meurt, toi, tu ne vieillis pas!
Tu rendras aux ruisseaux, muets par la froidure,
Sous les arceaux feuillus leurs murmures chanteurs;
Aux oiseaux tu rendras leurs nids dans la verdure;
Aux lilas du vallon tu rendras ses senteurs.
Ah! des germes captifs quand tu fondras les chaînes,
Quand, de la sève à flots épanchant la liqueur,
Tu feras refleurir les roses et les chênes,
Ô Nature! avec eux fais refleurir mon cœur!
Rends à mon sein tari les poétiques sèves,
Verse en moi les chaleurs dont l’âme se nourrit,
Fais éclore à mon front les gerbes de mes rêves,
Couvre mes rameaux nus des fleurs de mon esprit.
Sans l’ivresse des chants, ma haute et chère ivresse,
Sans le bonheur d’aimer, que m’importent les jours!
Ô soleils! ô printemps! je ne veux la jeunesse
Que pour toujours chanter, que pour aimer toujours!
(Auguste Lacaussade)
*toile de Donny Finley
Comment raconter l’automne québécois? Comment raconter les roses, les mauves, les bourgognes et les violets qui succèdent aux orangés, aux cuivres, aux ocres et aux ors? Il n’y a que le regard qui puisse lire tout cet enchantement, que le regard qui puisse comprendre l’ironie de cette nature qui resplendit dans son agonie, qui meurt de la phosphorescence de ses couleurs étonnantes. (Janik Tremblay)
*toile de Balvi
Rêve d’automne
Salut! bois couronnés d’un reste de verdure!
Feuillages jaunissants sur les gazons épars!
Salut, derniers beaux jours! le deuil de la nature
Convient à la douleur et plaît à mes regards!
Je suis d’un pas rêveur le sentier solitaire,
J’aime à revoir encore, pour la dernière fois,
Ce soleil pâlissant, dont la faible lumière
Perce à peine à mes pieds l’obscurité des bois!
Oui, dans ces jours d’automne où la nature expire,
A ses regards voilés, je trouve plus d’attraits,
C’est l’adieu d’un ami, c’est le dernier sourire
Des lèvres que la mort va fermer pour jamais!
Ainsi, prêt à quitter l’horizon de la vie,
Pleurant de mes longs jours l’espoir évanoui
Je me retourne encore et d’un regard d’envie
Je contemple ses biens dont je n’ai pas joui!
Peut-être l’avenir me gardait-il encore
Un retour de bonheur dont l’espoir est perdu?
Peut-être dans la foule, une âme que j’ignore
Aurait compris mon âme et m’aurait répondu?…
La fleur tombe en livrant ses parfums au zéphyr;
A la vie, au soleil, ce sont là mes adieux;
Moi, je meurs et mon âme au moment qu’elle expire,
S’exhale comme un son triste et mélodieux.
(Alphonse de Lamartine)
*toile de Dan Beck
Étranges fleurs
L’automne met dans les lilas
D’étranges fleurs que nul ne voit,
Des fleurs aux tons si transparents
Qu’il faut avoir gardé longtemps
Son âme de petit enfant
Pour les voir le long des sentiers
Et pour pouvoir les assembler
En un seul bouquet de clarté
Comme font, à l’aube, les anges
Les mains pleines d’étoiles blanches…
(Maurice Carême)
*toile de Raymond Feuillatte
Automne
L’été se fait tirer l’oreille
Dans l’antichambre de septembre,
Et la forêt déjà s’honore,
D’un long tapis de haute feuille,
Frangé de pourpre
Et tissé d’or,
Pour pas feutrés en corridor.
*toile d’Adam Freed
Automne
Voici venu le froid radieux de septembre :
Le vent voudrait entrer et jouer dans les chambres;
Mais la maison a l’air sévère, ce matin.
Et le laisse dehors qui sanglote au jardin,
Comme toutes les voix de l’été se sont tues!
Pourquoi ne met-on pas de mantes aux statues!
Tout est transi, tout tremble et tout a peur ; je crois
Que la bise grelotte et que l’eau même a froid.
Les feuilles dans le vent courent comme des folles;
Elle voudraient aller où les oiseaux s’envolent,
Mais le vent les reprend et barre leur chemin :
Elles iront mourir sur les étangs, demain.
Le silence est léger et calme; par minute,
Le vent passe au travers comme un joueur de flûte,
Et puis tout redevient encor silencieux,
Et l’Amour, qui jouait sous la bonté des cieux,
S’en revient pour chauffer, devant le feu qui flambe,
Ses mains pleines de froid et frileuses jambes,
Et le vieille maison qu’il va transfigurer,
Tressaille et s’attendrit de le sentir entrer.
(Anna de Noailles)
*toile de Liza Hirst
Les feuilles tombent
Les feuilles tombent peu à peu
Les feuilles sont déjà par terre
En grand silence, en grand mystère
Les feuilles tombent peu à peu.
*toile d’Edward B. Gordon