Lali

Je les regarde, l’une après l’autre. Chacune des lectrices du soir a son visage transformé quand elle laisse le recueil de Nelligan pour la suivante. Celle de Pierre-Auguste Renoir, comme toutes les autres. Déjà, alors qu’elle lisait et que je l’examinais, ses traits se modifiaient. Elle venait de lire ceci :

DEVANT LE FEU

J’aperçois défiler, dans un album de flamme,
Ma jeunesse qui va, comme un soldat passant,
Au champ noir de la vie, arme au poing, toute en sang!

Et tous ces mots qu’on voulait écrire, ces bouts de phrases qu’on voulait accoler avec passion, ces pensées qui sont venues et qu’on voulait développer, et tout ça qu’on ne fera pas, même si toute la journée on a attendu ce moment où on pourrait caresser ses propres mots. Parce que je suis rentrée bien trop tard, retenue par des documents à réviser de toute urgence. Parce que je suis rentrée fatiguée. Avec certaines idées envolées, avec des bouts de phrases qui ne veulent pas s’unir. Et je ragerai que ce soit ainsi.

Je laisserai là tous ces morceaux pour demain. Ou après-demain. Ou je les oublierai.

*sur une toile d’Eva Reichl

Alors qu’Armando rentrait pour Bruxelles et qu’il tuait le temps dans une des salles d’attente de l’aéroport de Lisbonne, il lisait pas très loin tandis qu’elle remplissait les cases d’un sudoku. Ont-ils eu avant de partir une dernière pensée pour le Tage?

Guess Who a une tendresse particulière pour cette photo qu’il a mise chez lui et qu’il offre aux lecteurs et lectrices du pays de Lali. Je ne peux que l’en remercier. D’autant plus que cette photo me fait rêver. Peut-être qu’un jour moi aussi je lirai assise au bord du Tage…

Ce n’est pas la belle vie, ça? Que quelqu’un ose dire le contraire! Moi, je me glisserais bien hors de mon bureau pour aller lire ainsi dans l’herbe… Je n’aurais sûrement pas le charme de cette lectrice photographiée par Armando, mais je nagerais en plein bonheur!

Les poissons sauraient lire? C’est ce que laisse supposer celui qu’a croisé Guess Who à Monaco, dans un café. Il a bien voulu connaître le nom de l’artiste qui l’avait réalisé, mais personne n’a pu le renseigner, hélas. En tout les cas, moi il me plaît beaucoup!

Est-ce la pause pour la lectrice photographiée par Armando? Attend-elle quelqu’un? Est-ce une touriste? À vous de me le dire…

Quel lieu fantastique! Si j’ai bien compris l’explication de Reine, les livres soutiennent les murs de cette librairie de Saint-Malo… Moi, je m’y perdrais des heures et des heures… de bonheur!

Et que peut bien lire celle-ci, place Camöes à Lisbonne, croquée à toute vitesse par Guess Who? Un roman d’amour? Je me propose d’aller lui demander. Un jour…

Mais que peut bien lire le lecteur croqué par Armando? Ce qui est certain, c’est qu’il est tellement absorbé par sa lecture qu’il n’a rien remarqué du manège du photographe…