Lali

Aucun miracle ne pourra faire que je ressemble un jour à la lectrice de la toile de Julian Barrow. De ça, je suis ABSOLUMENT certaine. Je n’aurai jamais cette élégance des vieilles dames ayant mené une bonne vie. Je n’aurai jamais non plus cet ordre qui est de mise chez ces dames dignes. Mais je sais que j’aurai dans mon entourage deux ou trois de mes amies qui lui ressembleront. Reste à voir si elles me laisseront me promener pieds nus dans leur joli décor quand je serai une vieille frivole de 80 ans…

Je ne suis pas vraiment certaine que ce soit une robe. Ni que ce soit une couverture. Je sais juste que la lectrice de Paul Barton s’est drapée de quelque chose de rose qui lui donne un style. Plutôt joli, même.

La lectrice d’Elena Cabrera n’a pas froid aux yeux ni peur de se faire gronder, c’est bien visible. Ou alors, c’est la première fois qu’elle fait ça et elle saura bien tout à l’heure que l’herbe ça tache. Je le sais. C’est arrivé à une de mes robes roses. Je ne m’étais pas allongée ainsi, mais bon, il arrive que quand on descende des arbres qu’on a escaladés, on ne tombe pas sur ses pieds. Nous ne sommes pas tous des chats.

Peut-être que je suis un tout petit peu un tantinet un rien pratique. Et ça n’a rien à voir avec la mode, je vous l’assure. Chacun fait à son aise. Mais dites-moi, elle fera comment la jolie lectrice de Christina Cena pour courir après le gamin qui aura trouvé une façon d’ouvrir la porte et de dévaler les escaliers? Vous dites? Qu’elle n’est pas seule et que quelqu’un d’autre va courir après lui? Pourquoi n’ai-je pas pensé à cette éventualité, dites-moi…

On dira ce qu’on voudra, une robe rose, ça a du charme. C’est romantique. Non? Rien à voir avec la classique petite robe noire de cocktail passe-partout. La robe rose est faite pour séduire. Quelqu’un va-t-il tomber dans le piège de la lectrice peinte par Hua Chen?

Je peux me tromper. Vous savez que je n’y connais rien, je n’arrête pas de vous rabattre les oreilles avec ce fait évident et incontournable concernant mes connaissances plus que limitées de la mode. Mais ce que je constate est ceci. La lectrice de Dan Gheno a rendez-vous. Enfin, je crois. Et je dirais même qu’elle s’attend à recevoir un collier. Sinon pourquoi une robe qui dégagerait aussi bien son cou, dites-moi?

Les jolies robes ont-elles été inventées pour plaire aux autres ou d’abord à soi? Ou pour que certains hommes quand ils sont en manque de compliments ou qu’ils ne sachent pas comment les tourner, puissent dire tout simplement Tu as une jolie robe? Je crois que je vais aller demander son avis à la lectrice d’Elizabeth Goddard Field.

Je ne connais rien à la mode, je vous l’ai déjà dit. Mais je croirais volontiers que cette robe est tirée de chez les Grecs anciens. Mais je peux me tromper et il y a bien des chances que je me trompe. Je sais juste qu’elle va à ravir à la lectrice de John William Godward.

Au fait, je vous ai déjà dit que je ne repasse rien? Ni les draps, ni les jupes, ni les pulls, rien du tout. La vie est trop courte pour passer du temps à repasser, sauf si bien entendu on aime ça ou si on est repasseuse de métier. Donc, si un jour, ce qui m’étonnerait grandement, on trouvait dans ma penderie une robe semblable à celle que porte la lectrice de Fernand Toussaint, vous pouvez être sûrs d’une chose : elle sera pleine de plis disgracieux.

Voilà exactement le genre de robe qui ferait mon bonheur. J’aime ce rose un peu fauve. J’aime la ligne toute simple, le confort qui s’en dégage. Devrais-je demander à l’artiste Monique de Roux où on peut trouver pareille merveille? De plus, tout à fait indémobable… je crois.