Lali

BERGÈRE

Aux soirs de bohème champêtre
Vous que j’aimai sous les grands houx,
Bergère, à la mode champêtre,
Où donc maintenant êtes-vous?
-Vous êtes l’ombre à ma fenêtre
Et la tristesse dans les houx.

Elle s’est laissée porter par les mots. La lectrice de Leis Schjelderup n’a pas eu le choix. La poésie de Nelligan avait fait son œuvre : elle était séduite.

La robe rose de la lectrice de Gustav Likan sera la dernière robe rose de cette fin de semaine consacrée à la mode et au fait que je n’y connaisse rien. Dans une heure, changement de jour oblige, les lectrices se revêtiront de blanc. Nous verrons bien quelles bêtises je vais pouvoir raconter sur les robes blanches!!

Ma quête de lectrices à robe rose a été faste. Je ne les savais pas si nombreuses. Si nombreuses qu’il a fallu en mettre de côté. Si nombreuses qu’il a a fallu faire des choix. Pas toujours faciles. Mais pour une plus grande varitété. Pour que chacune apporte quelque chose qu’une autre n’a pas. Comme celle de Valery Krassouline. Endimanchée. Qui attend son amoureux en regardant les oiseaux amoureux. Romantique à souhait, non?

La lectrice d’Amy Koy a un sens du confort qui me sied davantage. Je parierais même qu’on peut s’asseoir de n’importe quelle manière sans froisser la robe ou qu’elle ne devienne inconfortable. Après tout, On ne lit pas toujours assise bien droite. Heureusement. Et heureusement que certaines robes se prêtent à tout.

Aurais-je à une autre époque porté de telles robes ou aurais-je trouvé une façon de contourner la mode pour ne pas m’enfermer dans un vêtement? À moins que fnalement la robe de la lectrice d’Isidor Kaufmann ne soit pas si ajustée qu’elle ne le semble. Vous savez bien que je ne connais rien à la mode…

La lectrice de Mar’yana Ilkiv a peut-être sorti une robe de sa jeunesse, comme j’en possède une aussi. Elle l’a peut-être sortie pour lire une lettre de cette époque où un homme l’inondait de lettres enflammées. Seront-elles plus belles ainsi lues? N’importe quelle autre robe robe aurait-elle fait l’affaire? Ce n’est pas à moi de le dire. Seule elle sait.

Je vous ai dit que je ne connais rien à la mode? Oui? C’est vrai? Ah bon. Si vous le dites. Mais même moi qui ne connais rien à la chose, je puis affirmer que je trouve la robe de la lectrice de George Horn un peu nue, chnue même. Il me semble qu’un foulard l’animerait un peu. Ou une broche. Mais bon, je n’y connais rien. C’est peut-être ainsi qu’elle doit se porter selon son créateur…

La lectrice de Charles S. Hopkinson possède cette robe depuis si longtemps qu’elle est devenue trop juste. Mais pour rien au monde elle ne s’en déferait. C’est LA robe qu’elle aime. LA robe dans laquelle elle a choisi de poser. Elle affirme même qu’un jour ce sera sa fille qui la portera.

Même moi j’ai cru que je ferais une telle chose un jour. La robe n’était pas rose. Et ce n’était pas une robe, au afit, mais un manteau rouge avec des carreaux verts.

Je n’ai pas eu de fille et il se peut que le manteau soit toujours dans l’armoire de cèdre de mes parents pour une petite-fille qu’ils n’auront pas.

Elle a beau avoir une jolie robe : la lectrice de James Hathaway déteste cette robe. Une robe qui rend sage. Qui nous fait nous asseoir bien-comme-il-faut. Avec laquelle on ne court pas. Qu’il ne faut surtout pas tacher ni déchirer. Donc, pas question d’aller au jardin, ni de caresser le chien qui bave, ni de sortir les craies de couleur. Et il faudrait qu’elle fasse un sourire au peintre, en plus?

Il me semble avoir rêvé un jour d’une robe de princesse telle celle de la lectrice de Bernard Bardy. D’être une princesse tout court, même. Dont une momie aurait volé le bébé à qui une fée Carabosse aurait jeté un sort parce qu’elle n’avait pas été la marraine de celui-ci.

J’avais dix ans. Je venais d’écrire ma première pièce de théâtre. J’avais compris deux choses. Au théâtre, il fallait du drame. Et il fallait de jolis costumes…