
La lectrice de Michael Mao a une fois de plus cédé à la fatigue et s’est enveloppée de sommeil, livre à la main. Comme ça lui arrive presque tous les soirs. Et comme chaque fois, il la réveillera par un baiser et elle dira « Je me suis encore endormie »? Et il sourira.
Et cette scène qui lui est si familière fait monter ce soir les mots d’une chanson à ses lèvres, les mots d’Aragon chantés par Ferrat venus de très loin, dont il ne se rappelle que le début :
Que serais-je sans toi qui vins à ma rencontre
Que serais-je sans toi qu’un cœur au bois dormant
Que cette heure arrêtée au cadran de la montre
Que serais-je sans toi que ce balbutiement
J’ai tout appris de toi sur les choses humaines
Et j’ai vu désormais le monde à ta façon
J’ai tout appris de toi comme on boit aux fontaines
Comme on lit dans le ciel les étoiles lointaines
Comme au passant qui chante on reprend sa chanson
J’ai tout appris de toi jusqu’au sens du frisson
Et il a envie de la laisser encore un peu dans ses rêves.