Lali

28 octobre 2007

En vos mots 29

Filed under: Couleurs et textures,En vos mots — Lali @ 8:00

morelli

La lectrice de Guido Morelli a les yeux fermés. Elle sommeille ou elle rêve. À vous de voir.

Elle est là pour que vous la racontiez. Et rien d’autre.

Le livre est fermé. On ne sait pas s’il est terminé ou pas entamé, ou en cours de lecture. À vous de décider.

La catégorie En vos mots est à vous dimanche après dimanche. Pour l’inspiration. Pour l’amour des mots. Pour vous raconter, pour inventer.

Puisse le calme de cette lectrice apaiser les tourments des uns et faire soupirer de bonheur ceux qui se reconnaîtront en elle. Et inspirer des histoires à lire dimanche prochain.

Tant qu’elle ne bouge pas trop

Filed under: Couleurs et textures — Lali @ 7:17

burman

La vie a bougé autour d’elle. Il y a eu des guerres et des passions. Sûrement. Probablement. La vie est si peu faite de calme.

Mais personne n’a vu que la lectrice de Sakti Burman a changé de pose. Personne n’a remarqué qu’elle s’est absentée quelque temps. Que celle qui tient le livre n’est plus celle qui était là il y a quelques semaines. Oui, bien sûr, ça ne paraît pas. Elle a toujours le même sourire pour tous quand elle lève les yeux. Elle a toujours ce regard rêveur qu’elle avait à quinze ans. Elle est toujours là, quelque part, livre à la main. À tourner des pages, inlassablement.

Et peut-être qu’il en sera toujours ainsi. Qu’on ne verra jamais les changements en elle. Tant qu’elle ne bouge pas trop.

La substance du temps

Filed under: États d'âme,Couleurs et textures — Lali @ 6:53

illisible

Voici l’aube que j’ai tant attendue
Le jour initial entier et pur
Où nous émergeons de la nuit et du silence
Et libres nous habitons la substance du temps

(Sophia de Mello Breyner)

Sans savoir de quoi sera fait ce temps. Sans savoir rien de ce qui nous attend. Sans savoir quelle teinte aura le ciel du jour. Pas plus pour la lectrice d’un peintre qui a laissé une signature illisible au bas du tableau que pour moi.

Nous savons seulement l’une comme l’autre que le jour se lève sur un jour qui ne ressemble à aucun autre.

En écoutant le vent

Filed under: Couleurs et textures — Lali @ 1:51

butler 3

La lectrice de Theodore Earl Butler écrit-elle en écoutant le vent comme je le fais? Ce souffle lointain et puissant qui fait dire il fait un vent à écorner les bœufs? Peut-être. Et peut-être se dit-elle que depuis qu’elle sait la source de cette expression, celle-ci est encore plus précise? Quoi de plus imagé que ce vent si fort qu’il fera en sorte qu’il n’y aura pas de mouches dans l’air, nuisant à la cicatrisation des plaies des bœufs écornés?

Oui, elle se dit tout cela. Sûrement. Et elle se dit que la langue est belle, parce que vivante.

Le curé

Filed under: Couleurs et textures — Lali @ 0:35

voiriot

La sérénité ne peut être atteinte que par un esprit désespéré et, pour être désespéré, il faut avoir beaucoup vécu et aimer encore le monde. [Blaise Cendrars]

Il va encore avoir l’évêque sur le dos. Tout ça parce qu’il aura choisi une phrase hors de la Bible pour son homélie du dimanche.

Mais le curé de Guillaume Voiriot n’en a cure. Il préfère se faire taper sur les doigts que de ne pas utiliser une citation non biblique quand celle-ci se prête à ce qu’il veut exprimer à une grappe de paroissiens venus entendre leur curé si érudit et bien plus philosophe que religieux. Ceux-ci dont la détresse est visible alors qu’ils cherchent les uns comme les autres la sérénité.

Le curé sait le pouvoir de certaines phrases. Il sait aussi à quel moment dans son sermon en faire usage. Son but est de toucher. Faire réfléchir. Apaiser.

Mais je sais aussi que ce curé est un mirage.

La nuit la plus longue de l’année

Filed under: Couleurs et textures — Lali @ 0:20

caillebotte 5

C’est de toutes les nuits de l’année celle que l’écrivain de Gustave Caillebotte préfère. Parce que c’est la plus longue. Parce qu’elle lui offre une heure de plus pour écrire, une heure de plus avec lui-même, avec ses mots, avec tout ce qu’il a à dire qui le fait noircir nuit après nuit des pages. Des pages qu’il ne relit pas, qu’il accumule, qu’il envoie, qu’il jette, sans en conserver une seule. Comme si les mots écrits, ils s’effaçaient de lui. Comme si les mots écrits, il s’effaçait, tout court.

27 octobre 2007

En catimini

Filed under: Couleurs et textures — Lali @ 22:03

durer

Quel livre est-il allé lire ainsi loin de tous, en catimini, loin du regard d’autrui? Un livre dans lequel il a peut-être tracé des mots autrefois, il y a si longtemps, que ces mots ne lui semblent plus siens? Peut-être. On ne saura jamais fort probablement ce que lit ainsi le lecteur d’Albrecht Dürer. Et au fond, ça ne regarde que lui.

Jamais tout à fait

Filed under: Couleurs et textures — Lali @ 19:48

zarraga

Elle était dans l’ombre, muette, silencieuse, blessée, avec pour tout univers des livres, du papier, des notes de musique, des couleurs, tout ce qui pouvait la faire rêver un peu, la faire se sentir en vie quand on revient de loin, quand le chemin parcouru ne peut mener qu’à soi, parce qu’on a tout perdu en route. Mais même sans lumière braquée sur elle, il a remarqué la lectrice d’Angel Zarraga. Il l’a si bien remarquée qu’elle est sortie de l’ombre, qu’elle a rayonné. Tellement rayonné qu’il a été éblouie par la métamorphose. Et alors que petit à petit l’ombre à nouveau se glisse, elle a cette conscience propre à certains êtres, cette conscience de savoir que sans son regard sur elle, elle n’y parviendra jamais tout à fait. Presque, mais jamais tout à fait.

Les bras chargés

Filed under: États d'âme,Couleurs et textures — Lali @ 10:04

akob

Et aujourd’hui, je ressemblerai à la lectrice d’Adam K. Orla-Bukowski. Les bras chargés de livres, de musiques à écouter, de diaporamas à visionner, de courriels auxquels répondre. Parce que j’ai laissé traîner un peu. Parce que j’ai rêvé et suis allée me promener, ce qui est une bonne chose en soi, mais qui rend le retour sur terre plus difficile, parce qu’il y a accumulation. Mais je ferai ça lentement, à mon rythme, simplement, sans urgence. Pour bien profiter de chaque mot d’un courriel à lire et à écrire, de chaque phrase des livres que j’ouvrirai, de chacune des notes de toutes ces chansons envoyées par Armando et Denis, de tous ces diaporamas que m’envoient généreusement Carine et Aimé. Et je ne me rendrai peut-être pas compte qu’il pleut. Ou si peu. Et si oui, j’irai dans ma galerie de toiles à venir me gaver de couleurs pour l’oublier.

Je suis là

Filed under: Couleurs et textures — Lali @ 6:27

am

Le jour s’apprête à faire son entrée. Elle a ouvert un livre. Mais elle ne lit pas. Les mots dansent et virevoltent. Trop en tête. Elle pense à cet ami qui s’exile pour quelque temps afin de se refaire une santé. À un autre qui a le cœur en charpie. À une qui vit des heures difficiles auprès de sa mère. À une autre qui vient d’en vivre elle aussi. À celle qui se bat pour marcher. Et la lectrice d’Alison McCauley se dira qu’elle est en santé, qu’elle aime, même si loin de celui dont elle est aimée, et que la vie sera belle pour tous ceux-là dans quelques semaines. Et peut-être trouvera-t-elle au hasard des pages la phrase à leur dire à tous. Ou alors dira-t-elle seulement Je suis là.

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