Un pont 3
L’air du soir détache tout avec précision
même la mort d’un insecte ne passe pas inaperçue
Je rassemble autour de moi les éclats des peines
Le centre se précise parmi quelques voix étouffées
visage redessiné sur les lèvres écho d’un nom
auquel ne répondent pas tous les visages
Tant de gestes s’accompagnent de solitude
j’entends derrière la musique pour piano de Beethoven
le froissement des doigts qui tournent les pages d’un livre
tout ce que je veux prendre avec moi
comme on apprend à mémoriser un poème
peut-être pour ne pas mourir.
Claude Paradis, Un pont au-dessus du vide
*choix de la lectrice de Bernardino Licinio