Quand le requin dort
Voilà le troisième roman de Milena Agus que je lis et une fois de plus je me suis laissée prendre au jeu de l’auteure qui sait raconter des choses graves avec un ton badin comme personne d’autre ne sait le faire. Si bien que ces vies défaites, voire malheureuses, qui nous sont ici racontées, ces vies qui sont celle de la narratrice elle-même mais aussi celle de sa mère qui se suicide, celle de son père qui choisit l’exil pour se réaliser, celle de sa tante qui fait fuir les hommes, celle de son frère qui a trouvé refuge dans la musique, ne semblent pas si malheureuses que ça. Parce que Milena Agus fait en sorte de dédramatiser, de relativiser tout ce qui arrive à la narratrice directement ou par la force des choses, quand certains événements impliquent les gens de son entourage.
Une fois de plus, l’action se situe en Sardaigne. Une fois de plus, tous les personnages ont quelque chose de fêlé en eux. Une fois de plus, il est question de la difficulté d’aimer. Et une fois de plus, le requin qui sommeille en chacun des personnages finira par s’éveiller. À son heure.
Un roman réussi, une fois de plus. Jamais lourd malgré les relations étranges qui unissent les personnages entre eux, malgré toutes ces failles en eux qu’on ne pourra jamais colmater. Parce que, tout simplement, c’est Milena Agus qui l’a écrit et que, décidément, elle ne fait pas les choses comme tout le monde.