Les sonnets de Shakespeare 4
Sonnet LXXIV
Mais ne t’inquiète pas, quand ce cruel arrêt
sans espoir de caution au loin m’emportera
ma vie aura dans cette ligne un intérêt
qui pour mémorial constamment te restera
tu vas revoir, en passant ceci en revue
quelle part justement fut consacrée à toi
la terre n’a que la terre qui lui soit due
tiens mon esprit, c’est la meilleure part de moi
aussi n’auras-tu rien perdu sauf cette bourbe
de la vie, dévorée par les vers, mon corps mort
victime inconsistante du couteau d’un fourbe
trop vil pour que jamais tu te le remémores
la valeur de cela est cela qu’il contient
et cela est ceci, et ceci reste tien.
William Shakespeare, Sonnets (traduction de Bertrand Degott)
*choix de la lectrice de Cosmo Alexander