Les vers de Ronsard 1
Je n’avais pas sorti Ronsard des rayons depuis longtemps. Et puis, je me suis dit : pourquoi pas? Pourquoi pas, en effet, l’offrir aux lectrices du soir pour qu’elles puissent le découvrir? C’est donc ce que j’ai fait. Et la lectrice peinte par Kate Lackman n’a pas tardé à trouver dans Les Amours un sonnet qui l’a ravie.
Sonnet à Marie
Je vous envoie un bouquet, que ma main
Vient de trier de ces fleurs épanouies,
Qui ne les eut à ces vêpres cueillies,
Tombées à terre elles fussent demain.
Cela vous soit un exemple certain,
Que vos beautés, bien qu’elles soient fleuries,
En peu de temps, seront toutes flétries,
Et, comme fleurs, périront tout soudain.
Le temps s’en va, le temps s’en va ma Dame,
Las! le temps non, mais nous nous en allons,
Et tôt serons étendus sous la lame,
Et des amours, desquelles nous parlons
Quand serons morts, n’en sera plus nouvelle :
Donc, aimez-moi, cependant qu’êtes belle.
Plus que les fleurs, quelques mots de ta main
Font ton amante assurément ravie :
Car les fleurs n’ont qu’un bref moment de vie
Et tes écrits, les vastes lendemains.
Ronsard, devant ce triomphe certain,
Tu sais garder ta douce modestie ;
Jamais ta foi n’avance travestie,
Ni ne s’abrite en de grands mots latins,
Mais en chansons qui font rêver les dames,
En madrigaux qui attisent leur flamme,
Sans nul besoin de les faire trop longs.
À celle qui te semble la plus belle,
Tu lui écris quelques strophes nouvelles
Que tu lui lis dans un ombreux vallon.
Comment by Cochonfucius — 4 décembre 2014 @ 9:42