Le visage retrouvé
Il ne suffit pas de trouver un sujet pour que le reste aille tout seul et que le roman soit bon. La lecture du roman signé Érik Poulet-Reney, Le visage retrouvé, constitue la preuve de ce que j’avance. Et ce n’est pas parce qu’on s’adresse à de jeunes lecteurs qu’on doit en faire moins.
L’auteur, dont l’idée lui est venue de la brocante de Mézilles, dans l’Yonne, comme il le raconte ici, avait pourtant de quoi faire un bon roman s’il n’avait fait les coins ronds, pressé qu’on arrive à la fin. C’est du moins l’impression que j’ai eue. Pourtant, j’ai tout de suite aimé la complicité unissant grand-mère et petite-fille, comme cette idée d’un portrait que l’aïeule croyait disparu et qu’elle avait peint autrefois refasse surface à l’occasion de la brocante, ce qui incite celle-ci à raconter son passé à la plus jeune. Un passé qu’elle croyait avoir oublié parce qu’elle avait tout fait pour l’oublier, mais qui surgit là où elle ne l’attendait pas et qui va la pousser à marcher sur ses pas afin de savoir ce qui est arrivé aux uns et aux autres.
Jusque-là, ça va. Mais c’est sans compter sur la facilité avec laquelle l’aînée retrouve des commerçants qui lui donnent des nouvelles de sa meilleure amie du temps qu’elle rencontre par hasard dans la demi-heure qui suit, laquelle l’invite chez elle et dénoue tout dans l’heure des éléments manquants à son puzzle, en passant par une lettre dissimulée qui se révèle là où elle avait été cachée et de plus, intacte. C’est sans compter sur d’autres coïncidences un peu trop nombreuses, comme ce jeune homme à moto qui se révèle être le petit-fils de l’amoureux perdu de l’aïeule à l’heure où elle a dû fuir. C’est sans compter aussi sur la vitesse grand V où toute une vie se dénoue en moins de trois jours.
Minute papillon, comme disait mon père, quand l’une ou l’autre de ses filles s’apprêtait à foncer sans avoir pris le temps de réfléchir trente secondes. Oui, minute papillon, ai-je envie de dire à l’auteur qui aurait gagné à étoffer cette histoire qui en valait la peine et à laquelle auraient pu se greffer quelques embûches pour plus de réalité. Ce n’est pas parce qu’on s’adresse aux jeunes qu’il faut faire les coins ronds. Loin de là.
tiens! mon père aussi nous disait: « Minute, papillon! » quand on s’élançait tête première…
merci de m’avoir rappelé ce souvenir 🙂
Comment by Adrienne — 6 octobre 2011 @ 23:53