La silencieuse
Ce n’est pas qu’elle leur tournait le dos. Elle voulait juste être dans la même pièce qu’eux, les sentir près d’elle, mais ne pas parler. Parce que ça lui était impossible. Parce qu’il y avait trop de douleur contenue en elle. Qu’elle n’arrivait pas à dire, à exprimer, qu’il lui fallait la vivre seule. Mais en sachant que quand la douleur serait moins forte, moins omniprésente, la lectrice de Hans Makart, plongée dans les livres et l’écriture depuis des semaines, n’aurait qu’à tourner sa chaise vers eux, qu’ils seraient tous là, ceux qu’elle aime. Ele a déjà tourné un peu le corps vers la droite; elle ne va plus tarder à sortir de son exil et à entrer dans la vie à nouveau. Ils savent, ils attendent, ils ont les bras ouverts.