La blessure 3
J’ai longtemps vécu d’espoir
Embarqué par l’illusion
Un doux mensonge à soi
Une promesse et du vent
Sur les lèvres gercées du temps
Sur le corps meurtri par l’attente
Dans la clarté des évidences
J’ai vu l’aimée
Avancer vers l’horizon où j’ai enfoui mon visage
L’ai-je vue ou imaginée
Je sais qu’elle existe
Je sais son sourire qui affole les regards
Je sais les yeux mouillés de brume
Les mains prêtes à recevoir
Je sais qu’elle viendra un jour
Ramasser ce qui subsistera de mes solitudes
Elle m’emmènera là où on dépose
Les âmes et les armes.
Tahar Ben Jelloun, Que la blessure se ferme
*choix de la lectrice de Françoise Collandre