Lali

2 mai 2010

En compagnie de Mallarmé 10

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C’est la lectrice peinte par Devushka S. Knigoy (dont hélas on ne trouve plus trace sur la toile) qui partira ce soir avec le recueil de Mallarmé, non sans vous inviter à aller voir ce site et un dernier poème que voici :

Apparition

La lune s’attristait. Des séraphins en pleurs
Rêvant, l’archet aux doigts, dans le calme des fleurs
Vaporeuses, tiraient de mourantes violes
De blancs sanglots glissant sur l’azur des corolles.
-C’était le jour béni de ton premier baiser.
Ma songerie aimant à me martyriser
S’enivrait savamment du parfum de tristesse
Que même sans regret et sans déboire laisse
La cueillaison d’un Rêve au cœur qui l’a cueilli.
J’errais donc, l’œil rivé sur le pavé vieilli
Quand avec du soleil aux cheveux, dans la rue
Et dans le soir, tu m’es en riant apparue
Et j’ai cru voir la fée au chapeau de clarté
Qui jadis sur mes beaux sommeils d’enfant gâté
Passait, laissant toujours de ses mains mal fermées
Neiger de blancs bouquets d’étoiles parfumées.

1 mai 2010

En compagnie de Mallarmé 9

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Pas question que la lectrice peinte par Paul Pierre Gomez lise Mallarmé à toute vitesse. Elle a donc pris ses aises et son temps, puis s’est arrêtée ici :

Tristesse d’été

Le soleil, sur le sable, ô lutteuse endormie,
En l’or de tes cheveux chauffe un bain langoureux
Et, consumant l’encens sur ta joue ennemie,
Il mêle avec les pleurs un breuvage amoureux.

De ce blanc flamboiement l’immuable accalmie
T’a fait dire, attristée, ô mes baisers peureux
« Nous ne serons jamais une seule momie
Sous l’antique désert et les palmiers heureux! »

Mais la chevelure est une rivière tiède,
Où noyer sans frissons l’âme qui nous obsède
Et trouver ce Néant que tu ne connais pas.

Je goûterai le fard pleuré par tes paupières,
Pour voir s’il sait donner au cœur que tu frappas
L’insensibilité de l’azur et des pierres.

30 avril 2010

En compagnie de Mallarmé 8

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Romantique comme elle est, la lectrice peinte par Federica Ravizza ne pouvait qu’aimer les poèmes de Mallarmé. Notamment celui-ci :

Rien au réveil que vous n’ayez

Rien au réveil que vous n’ayez
Envisagé de quelque moue
Pire si le rire secoue
Votre aile sur les oreillers

Indifféremment sommeillez
Sans crainte qu’une haleine avoue
Rien au réveil que vous n’ayez
Envisagé de quelque moue

Tous les rêves émerveillés
Quand cette beauté les déjoue
Ne produisent fleur sur la joue
Dans l’œil diamants impayés
Rien au réveil que vous n’ayez

29 avril 2010

En compagnie de Mallarmé 7

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C’est dans un silence quasi religieux que la lectrice de l’artiste Jules Chéret a lu le recueil de Mallarmé. En prenant bien son temps. Puis, elle m’a prié de copier ce poème :

M’introduire dans ton histoire

C’est en héros effarouché
S’il a du talon nu touché
Quelque gazon de territoire

A des glaciers attentatoire
Je ne sais le naïf péché
Que tu n’auras pas empêché
De rire très haut sa victoire

Dis si je ne suis pas joyeux
Tonnerre et rubis aux moyeux
De voir en l’air que ce feu troue

Avec des royaumes épars
Comme mourir pourpre la roue
Du seul vespéral de mes chars

28 avril 2010

En compagnie de Mallarmé 6

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Une fois de plus, une lectrice a parcouru le recueil de Mallarmé. Celle de l’artiste Michel Delbos, qui a choisi ces vers pour vous après avoir longuement hésité entre quelques textes :

Ô, si chère de loin…

Ô si chère de loin et proche et blanche, si
Délicieusement toi, Mary, que je songe
À quelque baume rare émané par mensonge
Sur aucun bouquetier de cristal obscurci

Le sais-tu, oui! pour moi voici des ans, voici
Toujours que ton sourire éblouissant prolonge
La même rose avec son bel été qui plonge
Dans autrefois et puis dans le futur aussi.

Mon cœur qui dans les nuits parfois cherche à s’entendre
Ou de quel dernier mot t’appeler le plus tendre
S’exalte en celui rien que chuchoté de sœur

N’étant, très grand trésor et tête si petite,
Que tu m’enseignes bien toute une autre douceur
Tout bas par le baiser seul dans tes cheveux dite.

27 avril 2010

En compagnie de Mallarmé 5

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La lectrice peinte par l’artiste d’origine viennoise Alexander Clarot attendait impatiemment son tour. C’est donc avec un bonheur non feint qu’elle a parcouru le recueil de Mallarmé et retenu cet extrait à votre intention :

Feuillet d’album

Tout à coup et comme par jeu
Mademoiselle qui voulûtes
Ouïr se révéler un peu
Le bois de mes diverses flûtes

Il me semble que cet essai
Tenté devant un paysage
A du bon quand je le cessai
Pour vous regarder au visage

Oui ce vain souffle que j’exclus
Jusqu’à la dernière limite
Selon mes quelques doigts perclus
Manque de moyens s’il imite

Votre très naturel et clair
Rire d’enfant qui charme l’air

26 avril 2010

En compagnie de Mallarmé 4

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C’est avec bonheur que la lectrice peinte par Gary et Suzy Zahradka a découvert Mallarmé, et ces vers, particulièrement, dont elle ne connaissait que le début :

Brise marine

La chair est triste, hélas! et j’ai lu tous les livres.
Fuir! là-bas fuir! Je sens que des oiseaux sont ivres
D’être parmi l’écume inconnue et les cieux!
Rien, ni les vieux jardins reflétés par les yeux
Ne retiendra ce cœur qui dans la mer se trempe
Ô nuits! ni la clarté déserte de ma lampe
Sur le vide papier que la blancheur défend
Et ni la jeune femme allaitant son enfant.
Je partirai! Steamer balançant ta mâture,
Lève l’ancre pour une exotique nature!

Un Ennui, désolé par les cruels espoirs,
Croit encore à l’adieu suprême des mouchoirs!
Et, peut-être, les mâts, invitant les orages,
Sont-ils de ceux qu’un vent penche sur les naufrages
Perdus, sans mâts, sans mâts, ni fertiles îlots…
Mais, ô mon cœur, entends le chant des matelots!

25 avril 2010

En compagnie de Mallarmé 3

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La lectrice peinte par Malcolm T. Liepke s’est longuement attardée sur un poème de Mallarmé. Un seul. Dont elle a voulu retenir chaque mot avant de repartir.

Si tu veux nous nous aimerons

Si tu veux nous nous aimerons
Avec tes lèvres sans le dire
Cette rose ne l’interromps
Qu’à verser un silence pire

Jamais de chants ne lancent prompts
Le scintillement du sourire
Si tu veux nous nous aimerons
Avec tes lèvres sans le dire

Muet muet entre les ronds
Sylphe dans la pourpre d’empire
Un baiser flambant se déchire
Jusqu’aux pointes des ailerons
Si tu veux nous nous aimerons.

24 avril 2010

En compagnie de Mallarmé 2

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La lectrice peinte par Henry Meynell Rheam a dévoré le recueil de Stéphane Mallarmé, rien de moins. Puis, elle a laissé le recueil ouvert sur ces mots :

Soupir

Mon âme vers ton front où rêve, ô calme sœur,
Un automne jonché de taches de rousseur,
Et vers le ciel errant de ton œil angélique
Monte, comme dans un jardin mélancolique,
Fidèle, un blanc jet d’eau soupire vers l’Azur!
-Vers l’Azur attendri d’Octobre pâle et pur
Qui mire aux grands bassins sa langueur infinie
Et laisse, sur l’eau morte où la fauve agonie
Des feuilles erre au vent et creuse un froid sillon,
Se traîner le soleil jaune d’un long rayon.

23 avril 2010

En compagnie de Mallarmé 1

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Il y a longtemps que je n’avais lu Mallarmé et grâce à la lectrice peinte par Gladys Roldan-de-Moras qui a choisi de sortir son recueil de mes rayons, nous pourrons lire ou relire quelques poèmes de lui pendant quelques jours, en commençant par celui-ci :

Une dentelle s’abolit
Dans le doute du Jeu suprême
A n’entrouvrir comme un blasphème
Qu’absence éternelle de lit.

Cet unanime blanc conflit
D’une guirlande avec la même,
Enfui contre la vitre blême
Flotte plus qu’il n’ensevelit.

Mais chez qui du rêve se dore
Tristement dort une mandore
Au creux néant musicien

Telle que vers quelque fenêtre
Selon nul ventre que le sien,
Filial on aurait pu naître.

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